La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



mercredi 31 août 2011

Hop, encore un

Mazel - dont le blog est toujours très documenté - combien de temps pour mettre en page toutes ses images ? - organise un challenge Littérature juive. En temps normal, ce n'est pas trop mon truc : littérature juive, littérature protestante, littérature athée - et où met-on les agnostiques, hein ? Sauf que...  D'abord je suis en pleine Kertész-mania (billet ici et ) (encore trois autres à venir) et il me reste entre 1000 et 1500 pages d'Isaac Singer (il a presque débuté sur ce blog, regardez). Mazel ne fixe aucune règle, ni limite de temps ni nombre d'ouvrages, donc...

Mazel a un logo que moi j'aime bien, parce qu'il renvoie à la langue. Mais elle n'en est pas satisfaite. Donc en cadeau, deux propositions (réalisées grâce à la RMN) : un vieux sage juif par Rembrandt et... un moins sage, très franchouillard.


Inscriptions ici.

mardi 30 août 2011

Jeune homme de grand avenir, employable à n'importe quoi.

André Gide, Les Faux-monnayeurs, 1e éd. 1925.

Un roman bien étrange et j’éprouve une difficulté à expliquer l’intérêt que je lui porte. Je l’ai lu sans doute d’abord parce qu’il se trouvait dans la bibliothèque familiale mais pourquoi l’ai-je relu deux fois déjà ? Ce roman est la preuve vivante que ce n’est pas le sujet qui importe parce que les élans du cœur de ces jeunes gens issus de la riche bourgeoisie parisienne, a priori, ce n’est guère attirant. C’est donc la langue de Gide et la construction de la narration qui fait toute la tenue de ce livre.
   Le roman fait alterner les points de vue, d’abord celui de Bernard, jeune homme qui claque la porte de chez lui parce qu’il vient d’apprendre qu’il est en réalité un bâtard (on est dans un milieu et une époque où ce mot a un sens – quand je vous dis que c’est désuet et ridicule). Il se sent des aspirations élevées dans l’âme mais n’en sait guère plus. Il y a Olivier, son meilleur ami, fragile et timide, attiré par l’éclat du comte de Passavant et une promesse de direction de revue littéraire (une revue d’avant-garde !). Et surtout Édouard, qui fait le lien entre tout le monde. Écrivain peu connu, il prépare son prochain roman dont le titre sera Les Faux-monnayeurs, il cherche surtout à pouvoir vivre au plus près d’Olivier, qu’il aime avec constance. Édouard tient un journal intime, un journal d’écrivain où il apparaît comme un observateur, presque un expérimentateur de la nature humaine. Autour de tout cela, il y a de la vraie fausse monnaie, parce que ces jeunes gens sont à l’orée de la vie et mesurent mal les dangers de la vie qui les attend. C’est aussi un roman d’apprentissage…

Le voyageur, parvenu au haut de la colline, s’assied, et regarde avant de reprendre sa marche, à présent déclinante ; il cherche à distinguer où le conduit enfin ce chemin sinueux qu’il a pris, qui lui semble se perdre dans l’ombre et, car le soir tombe, dans la nuit. Ainsi l’auteur imprévoyant s’arrête un instant, reprend souffle, et se demande avec inquiétude où va le mener son récit.
Je crains qu’en confiant le petit Boris aux Azaïs, Édouard ne commette une imprudence. Comment l’en empêcher ?

Alors ? Les points de vue alternent savamment et le lecteur en sait toujours beaucoup plus que les personnages (Vincent, le frère d’Olivier, connaît ainsi un sort tragique que seul le lecteur comprend) qui naviguent dans l’obscurité. Le narrateur, double d’André Gide, choisit explicitement d’explorer telle ou telle voie narrative, agitant ironiquement ses marionnettes. Avec les Faux-monnayeurs, Gide met à bas le roman hérité du XIXe siècle mais construit un édifice de langue, édifice précis et choisi qui se lit lentement. Les maximes et les réflexions truffent les phrases, notamment le journal d’Édouard qui semble construire le roman que l’on est en train de lire. J’ai été intéressée par le décalage constant entre les émotions ressenties par les personnages et l’impression qu’ils donnent à leurs proches : incommunicabilité, isolement, demi mensonge, erreur de jugement, tout ce qui semble très contemporain.
Le relirais-je une 4e fois ?

Antonio de La Gandara (1862-1917), Le Luxembourg, la statue de Minerve, Beauvais, musée départemental de l'Oise, image RMN.

Une lecture commune avec George et Asphodèle... qui me rejoindront quand elles le pourront ou voudront. Quand je vois comment d'autres jonglent avec leurs agendas et les petits soucis de la vie, je mesure quelle est ma chance : avoir eu un vrai été de vacances comme j'en avais besoin (ce n'était pas arrivé depuis 7 ou 8 ans). C'est simple, j'ai bonne mine et cela veut tout dire.

dimanche 28 août 2011

Il est des gens dont la vie n’est qu’un rond dans l’eau.


Borislav Pekić, L’Homme qui mangeait la mort, traduit du serbo-croate par Mireille Robin, 1e éd. 1988, Marseille, Agone, 2005.

Un court récit, oscillant entre l’histoire et le roman, qui prend place dans les interstices de la Révolution française. L’homme qui occupe les pensées de l’auteur s’appelle Jean-Louis Poppier, greffier du Tribunal révolutionnaire, un des rouages de la machine qui emmène à la guillotine quelques dizaines d’individus chaque jour. Il ne fait rien d’autre que porter les sentences de condamnation à mort sur le registre et de les transmettre à un autre fonctionnaire qui n’a plus qu’à se rendre à la Conciergerie faire l’appel. Quelqu’un d’insignifiant qui n’a rien de remarquable. Mais qui un jour, sans le faire exprès, fait quelque chose de complètement inattendu et mange la mort… mange une condamnation à mort, sauvant par là même une femme inconnue. Les dilemmes moraux commencent ensuite.

Il était, semble-t-il, de taille moyene, ni grand ni petit au point d’attirer sur lui d’attention ; il devait être plutôt maigre que gros, sans doute pas davantage que les gens autour de lui en ces temps de disette. Il était certainement pâle aussi, mais c’était le teint habituel en cette période de terreur, et sans doute taciturne, mais qui se montrait alors volubile, hormis les puissants et les naïfs ?
Ne cherchons pas chez lui de signes particuliers. S’il en avait eu, il aurait été sur la paille de la Conciergerie et non assis derrière un bureau du greffe du Tribunal révolutionnaire.

Anonyme, Les Girondins devant le tribunal révolutionnaire, octobre 1793,
dessin, Paris, musée image RMN

Le narrateur, Borislav Pekić, proclame à plusieurs reprises son désir de retrouver la vérité des faits sous la légende, mais il le fait de telle façon que l’on est plutôt tenter de croire qu’il a tout inventé : les archives ont disparu et seule la « tradition orale » peut être suivie. Il se moque des hagiographes contre-révolutionnaires et des historiens qui ignorent superbement les sans grades mais son écriture ironique fait porter le doute sur son récit. Il s’intéresse surtout à la tempête sous le crâne de Popier, incapable de repérer les lignes claires du bien et du mal, baignant dans la sueur et l’urine. 

Depuis lors, Jean-Louis Popier soustrayait chaque jour une tête à la guillotine. Il ne réfléchissait plus que pour écarter les condamnés qu'il ne pouvait pas prendre en considération, soit parce qu'ils étaient trop connus, soit parce que ce qu'on leur reprochait était trop grave. Pour le reste il se fiait à sa clairvoyance et mangeait la condamnation que son inspiration du moment lui désignait.

Si j’en crois cet article de Philippe Zard, le modèle de Popier est La Buissière, comédien ayant réellement existé, qui a d'abord inspiré le dramaturge Victorien Sardou avec sa pièce Thermidor (1891) et plus tard un personnage du Napoléon d'Abel Gance. 
ADDENDUM : pas "La Buissière" mais "Labussière".

vendredi 26 août 2011

… putain de ta néandertalienne d’aïeule barbue sur son arbre perchée !

Imre Kertész, Le Refus, traduit du hongrois par Natalia Zaremba-Huzsvai, en collaboration avec Charles Zaremba (1988), Arles, Actes sud, 2001.

Dans ce roman faisant suite à Être sans destin, Kertész revient sur le moment où il est devenu écrivain dans un récit sinueux et complexe.
   Une première partie, d’une centaine de pages, met en scène un vieux, écrivain, vivant de traductions de l’allemand (métier exercé par Kertész), cherchant une nouvelle idée de roman.
Le plus simple serait probablement de dire son âge (si nous n’avions pas horreur de certitudes aussi douteuses qui changent d’une année à l’autre, d’un jour à l’autre, voire d’une heure à l’autre) (qui sait sur combien d’années, de jours, d’heures s’étend notre histoire) (et dans quel sens) (par conséquent nous nous retrouverions dans une situation où nous ne pourrions plus assumer la responsabilité de nos affirmations hâtives).
Imre Kertész en 2002 (Wikipedia)

Il ressort de vieux papiers, notamment l’extrait d’un journal intime et revient sur son passé. Un jour, alors qu’il était auteur de comédies musicales, il avait tout délaissé pour écrire un roman. Dix ans de travail avant d’avoir un manuscrit définitif qu’il présente à une maison d’édition. C’est le manuscrit d’Être sans destin qui est refusé.
 Nous pensons que vous n’avez pas réussi à donner une expression artistique à votre expérience vécue, bien que le sujet soit terrible et bouleversant… les phrases de mauvais goût se succèdent.
 En analysant ses réactions à la lumière de ce refus, il comprend qu’il est désormais un écrivain, un écrivain dont le roman a été refusé.


Qu’est-ce que les lecteurs de la maison d’édition entendaient par « expression artistique de l’expérience vécue » ? Oui : qu’était-il arrivé à mon « expérience vécue », comment avait-elle pu s’estomper sur mon papier et en moi-même ? Pourtant, je l’avais : je l’avais vécue deux fois, une première fois – de façon invraisemblable – dans la réalité, une seconde fois – d’une façon beaucoup plus réelle – plus tard, quand je m’en suis souvenu. Entre ces deux moments, elle a hiberné.


Et puis, une idée lui vient, et il se met à écrire.
C’est la seconde partie, de deux cents pages. Köves revient de l’étranger dans son pays. Il arrive dans une ville qui ressemble beaucoup à celle qu’il a connue (Budapest n’est jamais nommé) mais qui est ruinée. C’est un monde étrange, une police inconnue règne en maître, les ordres sont donnés mais personne ne sait d’où ils viennent, on travaille dans une usine parce que c’est obligatoire, la question de la compétence fait éclater de rire, les logements sont attribués.
« Donc, vous avez été viré. » Elle reprit donc la parole et, sur le ton de la confidence, comme s’ils n’avaient plus rien à se cacher, et en même temps tout bas pour ne pas être entendue par quelqu’un d’autre, alors qu’ils étaient seuls dans la chambre, elle lui demanda :
« Et pourquoi ?... »
Köves répondit :
« Peut-on le savoir ? », et manifestement, cette réponse fit à nouveau son effet :
« Non », dit-elle, en s’asseyant lentement sur la chaise qu’il lui avait déjà proposée mais qu’elle avait refusée.


Aucune question ne trouve de réponse, il vaut mieux continuer à tout ignorer. Il manque quelque chose dans ce monde : la vie. Dans ce qui ressemble fort à un régime communiste (mais aucune indication n’est jamais donnée), Köves se déplace comme un étranger (pas pour rien que Kertész cite toujours en modèle Camus), se laissant faire, ni héros, ni résistant, ni victime. Il rencontre Berg, qui veut écrire une autobiographie, celle d’un bourreau, responsable de dizaines de milliers de morts. Quand finalement (au bout de plusieurs années) l’opportunité se présente de filer à l’étranger, n’importe où ailleurs, Köves choisit de rester pour écrire un roman…


Köves avait seulement l’espoir que si lui était perdu, au moins son histoire pouvait-elle encore être sauvée. Comment avait-il pu s’imaginer pouvoir se cacher, pouvoir échapper au poids de sa vie, comme un animal errant à sa chaîne ? Non, non : il devrait vivre ainsi, le regard fixé sur cette existence, et la regarder longuement, attentivement, émerveillé et incrédule, simplement la regarder jusqu’à y déceler quelque chose qui n’appartiendrait déjà plus à cette vie ; quelque chose qui serait palpable, limité à l’essentiel, indiscutable et accompli comme une catastrophe…


Ce roman se lit lentement, plus lentement qu’Être sans destin, la langue en est plus lourde, plus complexe et le récit pesant. Mais c’est passionnant, ouvre de vraies réflexions. Kertész revient sur les raisons qui l’ont fait écrire, son absence de talent et de vocation. Il raconte le choc éprouvé par le premier refus essuyé par son roman, la Hongrie communiste le rejetant. Il évoque indirectement la vie (ou plutôt l’absence de vie) sous ce régime menaçant et absurde.
Challenge littérature juive de Mazel

dimanche 21 août 2011

Je reviens bientôt...


mais j'emporte des livres à lire.

vendredi 19 août 2011

Le péplum authentique


Je viens de lire le catalogue de l’exposition consacrée à Jean-Léon Gérôme (1824-1904), qui a eu lieu au Musée d’Orsay, au musée Thyssen de Madrid et J. Paul Getty Museum de Los Angeles en 2010-2011.

Gérôme, Oedipe, 1863-66, California, San Simon, Hearst Castle image Wikipedia.

Un peintre mal connu, des sujets orientalistes, de la grande peinture d’histoire… c’est totalement désuet, d’une technique parfaite. 

Gérôme, Charmeur de serpents, 1880, Williamstown,
The Sterling and Francine Clark Art Institute,  image Wikipedia.

J’ai aussi découvert ces tableaux qui ont visiblement inspiré les réalisateurs des premiers péplums. Il y a déjà tout, la pseudo reconstitution archéologique, l’érotisme, la cruauté, de la couleur qui claque…

Gérôme, Ave Caesar, morituri te salutant, 1859, New Haven,
Yale University Art Gallery, image Wikipedia.

Tout cela pour dire que j’ai très envie de relire Les derniers jours de Pompéi d’Edward Bulwer-Lytton (1834) et Quo Vadis d’Henryk Sienkiewicz (1895). Quelqu’un veut-il se joindre à moi ?

Gérôme, Pollice verso, 1872, Phoenix, Phoenix Art Museum

jeudi 18 août 2011

Il boira l’air frais en route et reniflera les odeurs salubres.

Jules Renard, Histoires naturelles, 1e édition 1896, Paris, Flammarion, 1967.

Il glisse sur le bassin, comme un traîneau blanc, de nuage en nuage. Car il n’a faim que des nuages floconneux qu’il voit naître, bouger, et se perdre dans l’eau. C’est l’un d’eux qu’il désire. Il le vise du bec, et il plonge tout à coup son col vêtu de neige.
Puis, tel un bras de femme sort d’une manche, il retire.
Il n’a rien.
Il regarde : les nuages effarouchés ont disparu.
Il ne reste qu’un instant désabusé, car les nuages tardent peu à revenir, et, là-bas, où meurent les ondulations de l’eau, en voici qui se reforme.
Doucement, sur son léger coussin de plumes, le cygne rame et s’approche…
Il s’épuise à pêcher de vains reflets, et peut-être qu’il mourra, victime de cette illusion, avant d’attraper un seul morceau de nuage.
Mais qu’est-ce que je dis ?
Chaque fois qu’il plonge, il fouille du bec la vase nourrissante et ramène un ver.
Il engraisse comme une oie.

Second et dernier extrait des Histoires naturelles de Renard, recueils de petits récits sur les animaux de la ferme, des champs et des bois. Le premier parlait de la vache. Et je connais des blogueuses inscrites à un challenge animalier...


Denise Colomb, Deux cygnes sur la Seine, 1981, Paris, Médiathèque de l'Architecture et du Patrimoine, image RMN.

mardi 16 août 2011

Il ne pouvait rien lui dire, rien qui serve à quelque chose en tout cas.


P. D. James, La salle des meurtres (une enquête d’Adam Dalgliesh), traduit de l’anglais par Odile Demange (2003), Paris, Fayard, 2004.

J’aime bien les romans policiers de Phyllis D. James et leur facture classique. Je suis sensible au soin avec lequel elle campe un lieu, une atmosphère, des personnages par de nombreux détails. Deux aspects notamment sont constamment présents dans ce Londres contemporain : les embouteillages, les difficultés de circulation avec les péages divers installés contre les voitures et surtout le logement. De nombreux personnages (policiers, victimes ou suspects) font le choix d’avoir un logement bien particulier même si cela impose un sacrifice financier, ou subissent une brutale dévaluation de leur logement et doivent vivre dans un quartier presque abandonné par les pouvoirs politiques. Quelques volumes plus tard, le quartier est réhabilité, de nouvelles populations s’installent et les anciennes sont obligées de partir. Ces considérations donnent quelque chose de très humain à ceux qui recherchent simplement comment vivre le moins mal possible.
Plus curieux pour moi est la touche de culture locale : Dalgliesh est un poète, et ce prétexte permet de nombreuses évocations de la poésie, des églises et des peintres britanniques, toutes choses qui me sont relativement inconnues et qui me procurent un agréable climat de rêverie.

John Nash, Le Champ de blé, 1918, HT, image Wikipedia.
Passant lentement devant des paysages de Paul et John Nash, il songea que le cataclysme de sang et de mort de 1914-1918 avant engendré une aspiration nostalgique à une Angleterre baignée de calme bucolique. Il contemplait une campagne d’avant le désastre, recréée dans la tranquillité et peinte dans un style qui, malgré toute sa diversité et son originalité, trahissait un traditionalisme accusé. C’était un paysage sans personnages ; les bûches soigneusement empilées contre les murs des fermes, les champs cultivés sous des cieux cléments, la bande de plage déserte, étaient autant de rappels poignants d’une génération perdue. (…) Dans les Flandres, la nature avait été éventrée, violée et corrompue. Ici, tout avait été rendu à une placidité imaginaire et éternelle. Il n’aurait jamais cru qu’une peinture aussi conventionnelle pût être aussi troublante.


lundi 15 août 2011

Entrefilet

Petit rappel : à partir d'aujourd'hui, lundi, et jusqu'à vendredi, France Culture consacre une grande traversée à Hemingway. De 9h à midi documents, archives, débats, lectures. Et en bonus, de midi à midi et demi, une émission consacrée à la cuisine... miam !
Une heure plus tard : le vrai début sera demain mardi car France Cul a l'obligation d'assurer la retransmission d'émissions religieuses ce matin.

dimanche 14 août 2011

Je voudrais vivre encore un peu dans ce beau camp de concentration.

Imre Kertész, Être sans destin, traduit du hongrois par Natalia et Charles Zaremba (1975), Arles, Actes Sud, 1998.

Un très grand livre à propos duquel il est difficile d’employer le verbe « aimer » tant il est déstabilisant. Lors de ma relecture pour ce blog, je n’ai cessé de me demander comment j’allais bien pouvoir vous en parler. Et donc, il y aura plein d’extraits.
  Une fois n’est pas coutume, quelques mots sur l’auteur. Imre Kertész est né dans une famille juive à Budapest en 1929. Il a été déporté à Auschwitz puis à Buchenwald puis à vécu dans la Hongrie communiste. Il a reçu le prix Nobel de Littérature en 2002.
  Ce roman (car ce n’est pas un livre de témoignages) relate l’expérience des camps. Mais d’une façon incroyable. Le narrateur, un jeune homme de 15 ans, ignore tout de l’histoire, ne sait que son histoire personnelle et semble ne jamais comprendre et toujours chercher à comprendre et à justifier.

La vieille dame – comme on disait dans mon wagon – était malade, et on supposait qu’elle était devenue folle, sans aucun doute à cause de la soif. L’explication semblait plausible. J’ai compris à cet instant seulement combien ils avaient raison, ceux qui disaient encore au début du voyage : quelle heureuse circonstance qu’il n’y ait dans notre wagon ni de tout-petits ni de très vieux, ni, espérons-le, de malades. L’après-midi du troisième jour, la vieille dame a fini par se taire. Alors on s’est dit : Elle est morte, parce qu’elle n’a pas eu d’eau. Mais bon, on le savait bien : elle était vieille et malade, et de cette manière tout le monde, y compris moi, trouvait la chose compréhensible, en définitive.

Les expressions les plus fréquentes : « naturellement », « en somme », « il faut bien comprendre », « pour ainsi dire ». Par exemple, il est naturel qu’un soldat éprouve de la répugnance pour les prisonniers, sinon comment les battre et les éliminer ? Si on se met à sa place, c’est bien compréhensible... d’autant que tous ces hommes pleins de gale, de vermine et de maladie sont bien écœurants… tout est décrit ainsi.

Je ne sais qui commandait ni comment cela s’est passé – je me rappelle seulement qu’une sorte de pression pesait sur moi, qu’une espèce d’élan m’emportait, me poussait, me faisant un peu trébucher dans mes nouvelles chaussures, dans un nuage de poussière et avec d’étranges bruits sourds derrière moi, comme si on frappait le dos de quelqu’un, en avant vers de nouvelles cours, de nouvelles grilles, des barbelés, des clôtures qui s’ouvraient, se fermaient et se confondaient finalement à mes yeux en un fouillis flou et embrouillé.

Kertész tient à ne pas être une simple victime, son titre et la fin du livre insiste sur quelque chose d’important à ses yeux : tout le monde a fait de petits pas dans la direction des événements, même lui, même ceux qui sont morts. Les choses « n’arrivent » pas simplement, il faut pour cela que les humaines les fassent. L’expérience du camp est précisément l’expérience de l’absence de destin pour les humains.

Zoran Music, Dachau, Corps emporté par trois hommes1945
Paris, musée national d'Art moderne, image RMN

Le froid, l’humidité, le vent ou la pluie ne me gênaient plus : ils n’arrivaient pas jusqu’à moi, je ne les ressentais pas. Même ma faim avait passé ; je continuais à porter à la bouche tout ce que je trouvais, tout ce qui était mangeable, mais plutôt distraitement, machinalement, par habitude pour ainsi dire. Le travail ? Je ne tâchais même plus de faire semblant. Si cela ne leur plaisait pas, eh bien, tout au plus ils me battaient, ils ne pouvaient pas vraiment me faire de mal, de toute façon, je gagnais du temps : dès le premier coup, je me jetais à terre et ne sentais plus les autres, car je m’endormais aussitôt.

Ici, un entretien de l'auteur. 
Un des livres les plus impressionnants sur le sujet en ce qui me concerne.


Challenge littérature juive de Mazel

vendredi 12 août 2011

Il laisse ses armes à la maison et se contente d'ouvrir les yeux.


Lire ou écrire sur les livres, il faut choisir… et quand on aime lire de gros livres, il faut vraiment choisir. Donc, en guise d’entracte, un extrait des délicieuses Histoires naturelles de Jules Renard (une merveille) :

La vache
Las de chercher, on a fini par ne pas lui donner de nom. Elle s’appelle simplement « la vache » et c’est le nom qui lui va le mieux.
D’ailleurs, qu’importe, pourvu qu’elle mange !
Or, l’herbe fraîche, le foin sec, les légumes, le grain et même le pain et le sel, elle a tout à discrétion, et elle mange de tout, tout le temps, deux fois, puisqu’elle rumine.
Dès qu’elle m’a vu, elle accourt d’un petit pas léger, en sabots fendus, la peau bien tirée sur ses pattes comme un bas blanc, elle arrive certaine que j’apporte quelque chose qui se mange. Et l’admirant chaque fois, je ne peux que lui dire : Tiens, mange !
(…) Quoiqu’elle vive seule, l’appétit l’empêche de s’ennuyer. Il est rare qu’elle beugle de regret au souvenir vague de son dernier veau. Mais elle aime les visites, accueillante avec ses cornes relevées sur le front, et ses lèvres affriandées d’où pendent un fil d’eau et un brin d’herbe.
Les hommes, qui ne craignent rien, flattent son ventre débordant ; les femmes, étonnées qu’une si grosse bête soit si douce, ne se défient plus que de ses caresses et font des rêves de bonheur.
Elle aime que je la gratte entre les cornes. Je recule un peu, parce qu’elle s’approche de plaisir, et la bonne grosse bête se laisse faire, jusqu’à ce que j’aie mis le pied dans sa bouse.

Victor Westerholm, Troupeau dans un bois de bouleaux, 1886, Turku, Taidemuseo

Jules Renard, Histoires naturelles, 1e édition 1896, Paris, Flammarion, 1967.

mercredi 10 août 2011

Présente, je vous fuis, absente, je vous trouve.

Jean Racine, Phèdre, 1677.

Bon, vous connaissez la trame de cette pièce (inspirée des textes d’Euripide et Sénèque) : Phèdre aime de passion Hippolyte, le fils que son mari, Thésée, a eu avec la reine des Amazones. Les fils de la tragédie se nouent alors inextricablement.
J’aime revenir au théâtre ancien, classique et baroque, et surtout aux pièces de Racine. Je suis séduite en tout premier par la mécanique à l’œuvre, mécanique du destin, de l’écriture et de la dramaturgie. Tout avance et le mot « inexorablement » prend tout son sens. Sa lecture me captive et m’attache, j’en lis les cinq actes au fil de la journée et je lève enfin le nez, un peu effarée, pour un peu essoufflée moi aussi de la force de ses vers. Encore une fois (voir le billet sur Andromaque ), comment aussi peu de mots peuvent donc dépeindre avec autant de force des passions aussi brûlantes ?

Pierre-Narcisse Guérin, Phèdre et Hippolyte (esquisse), 1815,
encre, Paris, musée du Louvre, image RMN
 J’aime. Ne pense pas qu’au moment que je t’aime,
Innocente à mes yeux, je m’approuve moi-même,
Ni que du fol amour qui trouble ma raison,
Ma lâche complaisance ait nourri le poison.
Objet infortuné des vengeances célestes,
Je m’abhorre encor plus que tu ne me détestes.
Les dieux m’en sont témoins, ces dieux qui dans mon flanc
Ont allumé le feu fatal à tout mon sang :
Ces dieux qui se sont fait une gloire cruelle
De séduire le cœur d’une faible mortelle.
Toi-même en ton esprit rappelle le passé.
C’est peu de t’avoir fui, cruel, je t’ai chassé :
J’ai voulu te paraître odieuse, inhumaine,
Pour mieux te résister, j’ai recherché ta haine.
De quoi m’on profité mes inutiles soins ?
Tu me haïssais plus, je ne t’aimais pas moins.
Tes malheurs te prêtaient encor de nouveaux charmes.
J’ai langui, j’ai séché, dans les deux, dans les larmes.
Il suffit de tes yeux pour t’en persuader,
Si tes yeux un moment pouvaient me regarder.
Que dis-je ? Cet aveu que je te viens de faire,
Cet aveu si honteux, le crois-tu volontaire ?
(…) Hélas ! je ne t’ai pu parler que de toi-même !
Venge-toi, punis-moi d’un odieux amour ;
Digne fils du héros qui t’a donné le jour,
Délivre l’univers d’un monstre qui t’irrite.

mardi 9 août 2011

Avis de lectures communes


À peine revenu(e)s de vacances, les blogs littéraires prennent de bonnes résolutions pour l'automne et l'hiver. Nous, on risque pas de tomber en panne de lecture ! Donc :
- pour le 15 octobre César Birotteau de Balzac avec Marie
- pour le 25 novembre Thérèse Desqueyroux de François Mauriac avec George et Lili Galipettes
- pour le 16 décembre Moll Flanders de Daniel Defoe avec George et Mango
Ça va être bien... vous voulez pas en être aussi ?

lundi 8 août 2011

« Dallas revient à la TV. Oui, bon, nous non plus, on n’en a rien à faire. »


Aujourd’hui je ne vous parle pas d’un livre mais d’une revue toute nouvelle, le numéro 1 étant sorti en août : Horizons fantastiques, le mensuel de la SF et du Fantastique.
À mon goût je ne lis pas assez de SF, pourtant j’aime bien ça, c’est un peu regret personnel, j’étais donc ravie de pouvoir en apprendre plus. Petite présentation du contenu du journal : la science-fiction sous toutes ses formes (sorciers, vampires, extraterrestres, robots, chevaliers, hobbits et autres créatures) et sur tous supports (films, séries, BD, manga, romans, jeux videos). Dans le numéro 1 :
- des critiques des nouveaux films (cinéma et DVD) menés sur un ton ironique très rafraîchissant. Je vous recommande celle de Green Lantern : « Vous l’aurez deviné, voici un film sur un nouveau super-héros qui tente de sauver famille/ville/monde/planète/univers/chat/machine à laver. »
- des « bonnes pages » : de bandes dessinées prêtes à sortir (Sherlock Holmes et le Necronomicon), dessins de Vyrhelle, romans et interviews de quelques créateurs.
- présentation d’un nouveau jeu video Wasterland, Les Terres Gâchées.
- critiques de mangas et de bandes dessinées, menées très sérieusement, qui donnent aux gens comme moi quelques repères historiques (« Mais qui c’est, Stan Lee ? ») et qui parvient à évoquer l’ambiance des dessins.
- l’incontournable du moment : le Trône de fer en livres et en série télé pour tout qui veulent savoir ce qu’est ce truc dont on entend tellement parler.
- critiques de romans (me suis repéré un petit roman sud-africain « arrosé de soleil, d’odeur des ghettos, d’Afrique, de sorcellerie, d’incarnations animales, le tout rallongé d’un trait de show-business et servi flambé » - Zoo city de Lauren Beukes) 
Et quelques articles : un glossaire (c’est quoi la hard SF ? le Steam Punk ? le bidule ?) avec bibliographie à la clé, biographie d’auteur, le mythe du chevalier décortiqué et une promenade photographique et poétique dans les catacombes parisiennes.


Le tout, vous l’aurez compris, est bien écrit et bien documenté. Ceux qui écrivent sur le sujet s’y connaissent véritablement et en sont des spécialistes mais expliquent simplement le plaisir (ou non) ressenti par le spectateur/lecteur/joueur. Donc… que les horizons soient fantastiques pendant longtemps !
Et ils ont un site : Horizons fantastiques

samedi 6 août 2011

Reconnaissons encore de bonne foi qu’il y a des points inexplicables dans les histoires.

Cardinal de Retz, La Fronde, extraits des Mémoires (1e éd. 1717), Paris, édition 10/18, 1962.
Un livre bien curieux.

Tout d’abord un rappel historique :
La Fronde se déroule pendant la minorité de Louis XIV, sous la régence d’Anne d’Autriche, et en pleine guerre avec l’Espagne. En gros, c’est une période de grand mécontentement populaire (beaucoup d’impôts et de pauvreté), de montée en puissance de la monarchie absolue alors que les Grands vivent mal cette exclusion du pouvoir et que l’État est affaibli par la Régence sachant que Mazarin est détesté et que certains ne manquent pas d’ambition, comme Paul de Gondi, cardinal de Retz (1613-1679), qui se verrait bien dans le conseil du roi. La Fronde dure plusieurs années et oppose le Roi, plusieurs Parlements, notamment celui de Paris, qui défend bec et ongles ses privilèges, plusieurs membres de la famille royale, notamment le Grand Condé. Ce sera un fiasco.
Retz est, au moment des événements, le très populaire archevêque de Paris et n’a pas encore son « chapeau » (de cardinal). Il écrit ses Mémoires à la fin de sa vie, réduit à peu de choses, mais le texte ne paraît que plusieurs années après, en 1717. Louis XIV est mort, c’est une nouvelle Régence, on n’en peut plus du pouvoir absolu et c’est un grand succès de librairie.

Ce livre ne doit pas se lire pour en apprendre plus sur les événements. Le cardinal n’a pas le souci pédagogique. Les noms propres se multiplient avec leur rang à la cour ou leur fonction au Parlement et c’est un peu incompréhensible. En dehors de Mazarin, de la Reine, de Condé ou du président Molé, on ne connaît plus grand monde. En plus, je l’ai lu en édition raccourcie d’un tiers, ce qui explique aussi que la trame des événements m’ait un peu échappé.

Et pourtant, une vraie fascination se dégage de ce livre. Il faut dire que si on trouvait la moitié de ce qui y est raconté dans un roman du XIXe siècle ou dans un film d’aujourd’hui, on trouverait cela hautement invraisemblable. Retz tente d’abord d’éviter la carrière ecclésiastique qui ne le tente guère en multipliant les duels et les aventures galantes. Cela échouant, il s’y lance sérieusement. Son goût de l’intrigue, son envie de quelque coup d’éclat le fait se jeter dans la Fronde. Les rues de Paris sont truffées d’hommes en armes, les représentants de chaque parti n’ont aucune peine à trouver dix, vingt, cinquante gaillards pour être escorté, pour les poster dans les rues, aux points stratégiques, avec des mots de passe. Il faut imaginer la ville pleine de ces petites armées faisant le coup de main. Retz explique comment il manque d’être assassiné entre deux portes, comment il échappe à l’enlèvement en se glissant dans le carrosse d’un autre, comment le lendemain il bénit tout le monde lors des processions du Saint-Sacrement. La Grande Mademoiselle prend la Bastille, Turenne et Condé se font la guerre dans tout le royame et les Grands s'échangent des insultes polies. La Fronde échoue, Retz est arrêté, soigne des pigeons et des lapins dans sa prison à Vincennes, se sauve par la fenêtre, se rend à Rome, participe à l’élection du pape, finit quand même par être ruiné et exilé. 

Il n’y a rien de si grande conséquence dans les peuples que de leur faire paraître, même quand on l’attaque, que l’on ne songe qu’à se défendre. Nous exécutâmes notre projet en ne posant que des manteaux noirs sans armes, c’est-à-dire des bourgeois considérables, dans les lieux où nous avions appris que l’on se disposait de mettre des gens de guerre, parce que ainsi l’on se pouvait assurer que l’on ne prendrait les armes que quand on l’ordonnerait. Miron s’acquitta si sagement et si heureusement de cette commission, qu’il y eut plus de quatre cents gros bourgeois assemblés par pelotons, avec aussi peu de bruit et aussi peu d’émotion qu’il y en eût pu avoir si les novices des chartreux y fussent venus pour y faire leur méditation.

C’est l’histoire d’un échec mais Retz décortique avec soin les caractères et psychologies de chaque protagoniste, les sources de leurs hésitations, de leurs peurs. C’est également un expert d’analyse des mouvements de la foule et du peuple de Paris. Aucune remise en cause ou regret – à se demander comment il a échoué ? Le récit est rapide et précis, et les événements s'enchaînent comme dans un bon feuilleton, servis par  une écriture efficace, avec quelques préciosités.
Voilà, tout n'est pas compréhensible mais on ne peut qu'être fasciné par la personnalité du narrateur (un livre d'aventures écrit par le méchant lui-même !) et par la qualité de la narration, un modèle pour bien des romanciers.

Rousselet, Le Cardinal de Retz, coadjuteur de l'Archevêque de Paris, gravure du XVIIe siècle conservée au château de Versailles, image RMN et Vincent, Le Président Molé retournant au Palais Royal durant la Fronde et affrontant les factieux, esquisse, image Wikipedia.


mercredi 3 août 2011

Le syndrome "Touche pas à ma tétine"

Alors que plusieurs lecteurs et lectrices sont en pleine relecture du Club des cinqLibération rapporte les conséquences de la nouvelle traduction de cette immortelle série de la Bibliothèque rose. Passage au présent et au tutoiement, actualisation du vocabulaire... à chaque traduction, ce sont les mêmes débats. Ce qui intéressant c'est que je n'avais absolument pas entendu parler de cette polémique, ce qui tendrait à montrer que chacun relit ses vieux exemplaires sans acheter les nouveaux.

Nous étions à l'Étude, quand le Proviseur entra, suivi d'un nouveau habillé en bourgeois...

Marion - dont je vous invite à visiter le blog dont la présentation ne cesse de m'impressionner - et moi nous lançons dans la (re) lecture de Madame Bovary de Gustave Flaubert. Échéance le 5 septembre. Si vous voulez vous joindre à nous, vous êtes les bienvenu(e)s !

lundi 1 août 2011

Bouleau, sapin, bouleau, sapin, bouleau, oh, un lac !

Alors, la Finlande ?
Du soleil, de la chaleur, des soupes avec du saumon et de la bière à la cannelle… le sauna, très apprécié par les muscles du cou et du dos, des fruits rouges délicieux et le jour qui n’en finit pas.

Dans les archipels, on peut se baigner dans la Baltique
En complément de mes billets sur le Kalevala, quelques photos des peintures d’Akseli Gallen-Kallela, qui l’a beaucoup illustré et dont on peut voir les œuvres à Helsinki et à Turku.



Ces deux photos sont celles des trompes de la coupole du musée d'histoire d'Helsinki.
Akseli Gallen-Kallela, La vengeance de Joukahainen, 1897, tempera sur toile, Turku, Taidemuseo
Le Kalevala est une vraie référence de la culture finnoise comme l’explique très bien cet article de Wikipedia. Et il n'y a pas que Sibelius ! On a vu des allumettes Sampo dans les supermarchés et Marie-Neige, à l’initiative de ce voyage, m’a expliqué que plusieurs musiciens de métal s’inspiraient de ce texte pour composer leurs chansons (avez-vous jamais entendu parler d'Amorphis ou d'Ensiferum ?). 


Photos prises par MN au Tuska Open Air (le festival de musique métal d'Helsinki) cette année. Vous y voyez le charmant chanteur d'Amorphis devant un décor visiblement inspiré du chant 1 du Kalevala.

Je vous rappelle qu’en Finlande les groupes de métal peuvent gagner l’Eurovision, ça est familial et bon enfant. Le mythe de la création du fer a ainsi  été mis en musique, ce qui est une révélation surprenante et plaisante ! Heureusement, Marie-Neige me fournit les paroles de la chanson :

Darkness was my light
Muteness was my tongue
Death was my life
Matter was my spirit

I am a brother to the fire
To fire a brother I am
From breasts of maidens three
I drank the black milk
Devoured the white milk
I swallowed the red milk

Brother to the fire I am
Brother to the fire

I've lain in the dark bowels
Bowels of this marshland
Dead beneath the soil
Under the waters
Oblivious to all
Devoid of all knowing


Amorphis, chanson From Earth I Rose, album Skyforger


Le monument à Elias Lönnrot à Helsinki
Autres monuments littéraires :
Aleksis Kivi, grand écrivain finlandais, qui m’est totalement inconnu, je vais essayer de me procurer un de ses titres.
le monument à Kivi à Helsinki
Et les… Moumines… j’avais oublié qu’eux aussi était finlandais ! Du coup, j’ai assez envie de m’en relire un, depuis le temps !
les taies d'oreiller de l'hôtel...
J'avoue ma totale incompétence en matière de musique métal. J'invite donc les connaisseurs à laisser des commentaires roboratifs et je renvoie les néophytes au blog de Marie-Neige qui vous raconte comment se passe un festival de métal en Finlande.

Bientôt, retour à la normal sur ce blog, je me remets à lire ! Et j'ai modifié les paramètres pour laisser des commentaires, j'espère que cela fonctionnera mieux...