Joaquim Maria Machado de Assis, L’Aliéniste, traduit du brésilien par
Maryvonne Lapouge-Pettorelli, parution originale 1881, édité en France chez
Métailié.
Une fable sur la folie.
Nous sommes dans une petite ville
du Brésil à la fin du XIXe siècle. C’est le début de la médecine
psychiatrique. Le héros, le docteur Simon Bacamarte, a étudié au Portugal et
décide d’implanter à Itaguaï un asile, car il n’est pas concevable qu’une ville
soit dépourvue de déments et qu’elle ne les soigne pas. Donc le docteur ouvre
un magnifique et bel asile et y met une personne, puis une, dix, cinquante et
un peu tout le monde, suscitant la révolte des habitants. Comment cela va-t-il
évoluer ?
C’est une fable très ironique sur la folie, qui
est la chose du monde la mieux partagée, mais aussi sur la normalité et surtout
sur le pouvoir. Qui décide dans cette ville ? La science n’est-elle pas un
pouvoir légitime, à côté du roi et de l’Église ? Que deviennent les
lâches, ceux qui se contredisent, les hypocrites, les imbéciles, les
menteurs ? Ils ont certainement un problème de connexion interne… Tout en
étant bien brésilienne par tous ses aspects, l’histoire n’est pas sans rappeler
des épisodes dictatoriaux historiques, comme celui de la Terreur française, où
un mot, un bijou, une habitude suffisent à vous faire disparaître. On n’est également
pas si loin du Rhinocéros d’Eugène
Ionesco, notamment cette atmosphère digne de l'absurde.
W. Zacharias II, La Maison de J. Maurits van Nassau-Siegen, 17e siècle, Drese, Kunstslammlungen, RMN. |
Et comme l’apothicaire s’étonnait de pareille promiscuité, l’aliéniste lui dit que tout cela était du pareil au même, jusqu’à conclure d’un air entendu :
- Sont féroces, monsieur Soares,
les grotesques qui se prennent au sérieux.
- Plaisant, très plaisant,
s’exclama Crispim Soares en levant les bras au ciel.
Le long billet de Brumes sur ce roman bon pour le défi Amérique du Sud d’Eimelle.
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