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dimanche 12 mai 2024

Je le sais, ma voix se perd.

 

Louis Brauquier, « La nuit dans la rue », Et l’au-delà de Suez, 1923

 


La nuit luttait contre les globes électriques

Brutaux,

Le garçon me sourit d’un air mélancolique :

Porto.

 

Des femmes dont les seins tendus offrent l’amour,

S’avèrent,

D’autres veulent tenter un triste retour pour

Cythère.

 

Un officier anglais que le gin désespère,

Lascif,

Pressent un ami sûr dans tous les réverbères

Pensifs.

 

Un orchestre qui mène une danse invisible,

S’émeut,

Le violon avoue au soir un impossible

Aveu.

 

Des gens passent, saluent d’autres gens aux terrasses

Assis,

Et puis ces gens assis se lèvent et repassent

Aussi.

 

L’odeur moite des chairs nues aux étoffes claires

D’été,

Fait rêver les vieillards et les enfants pubères

Brûlés

 

D’une volupté sourde où le cerveau s’effare

D’alcool.

Des matelots braillards chantent un air bizarre,

Sans col.

 

Le restaurant du Transbordeur fixe la ville

D’un œil,

Cyclopéen, obtus, glauque, riche, tranquille

D’orgueil.

 

Cette nuit implacable, aux effluves lubriques,

M’étreint,

Que deviendra mon cœur dans la fête tragique,

Demain ?

 

Le poète qui voit sa maîtresse infidèle,

S’en va,

Triste et désabusé en s’accusant pour elle,

Tout bas.



Je suis en vacances. Je vous laisse en poésie. Retour le 15 mai.


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