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lundi 22 juillet 2024

Je marche aussi dans forêts et prairies de ma mémoire.

 

Denis Infante, Rousse ou Les Beaux habitants de l’univers, édité par Tristram, 2024.

 

Rousse est une renarde, jeune, vive, curieuse, pleine de vie et c’est l’héroïne de ce court roman. Elle vit dans une forêt où règne une terrible sécheresse, l’eau ne tombant que lors d’orages terriblement violents. Le monde se dessèche. Alors Rousse décide de partir vers les montagnes que l’on aperçoit au loin.

Son voyage durera toute sa vie. Elle traverse une forêt aux arbres tordus, longe un immense fleuve, vit dans la savane, fait des rencontres, mais elle repart.


Rousse courait bois, humait vent, dansait sous lune et étoiles, dormait sur tapis de mousse, chassait proies et buvait leur sang aussi rouge que sa toison, aussi revigorant que puissante joie. Parfois, Rousse se sentait si chargée d’énergie, si vibrante de vie, si forte et si libre qu’elle jappait à en perdre haleine comme enivrée de son propre fulgurant bonheur. Sorte de chant sauvage et pur, qui résonnait au plus profond de vivante forêt.


Une fable ? Oui. Mais pas un livre naïf. Notre renarde sait bien qu’elle doit tuer et manger et qu’elle-même constitue un gibier de choix. Cela n’empêche pas les amitiés avec un très vieux corbeau, avec un petit écureuil ou avec une éléphante.

Les humains là-dedans sont un souvenir, des squelettes étranges que l’on croise, une route, une ruine.

Les paysages se succèdent et la langue présente la particularité d’être dépourvue d’articles (« le », « la », « un »…). Voilà qui lui donne une allure un peu archaïque, un peu poétique.

Une jolie lecture, un hymne à la vie, à l’envie d’avancer et de découvrir.

 

Mais était-ce cela aventure ? Était-ce cela découvrir vaste monde ? Recommencer même vie à quelques jours de marche d’ancienne vie ?

 

Je marche sur dos de rondes collines, dans profonds vallons, à travers larges prairies. Jours passent, lunes passent. Saisons de longues nuits, hiver, saisons de jeunes feuilles, printemps, saisons de courtes nuits, été, saisons de fruits mûrs, automne. Encore et encore.

(…) Je découvre nombreux vivants, mobiles ou immobiles, que je ne connais pas. Bufflebosse, piecouleur, arbre-fougère, lézardéclair, pommesoleil, fleurliane. Je nomme dans ma mémoire.


Pieter Boel, Études d'un renard, XVIIe siècle, Louvre


 

12 commentaires:

  1. Le passage de son auteur à La Grande Librairie m'avait intriguée... je me suis dit qu'il devait s'agir là d'un étrange roman, qui pouvait sot charmer soit rebuter... visiblement c'est la 1e option en ce qui te concerne, je note donc, car je suis très curieuse.

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    1. C'est court et plein de charme, très poétique, on peut le lire par petites touches.

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  2. ça m'a l'air assez singulier mais très beau aussi, non ?

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  3. Bizarre cette absence d'articles, on croirait entendre des Russes parler

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    1. Enfin c'est un effet de style par rapport à la langue française.

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  4. Cet absence d’articles c’est pas trop gênant ? Sinon en effet j’aime bien le thème.

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    1. Non. Je te dis pas que j'en lis des milles et des cents et de fait, comme c'est un petit livre, ce serait dommage de le lire trop vite, il faut mieux faire des petites pauses, mais franchement aucun problème. Une affaire de rythme.

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  5. Miriam a raison, cela me rappelle une bielorusse que je rencontre dans ma ville... ^_^ (avec l'accent qui va avec, j'aime)
    Je viens de lire un autre billet sur ce l ivre, moins positif. C'est bien qu'il n'y ait pas unanimité.

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    1. Mais enfin, c'est moi qui ai raison ! (non ?)

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  6. Une recherche poétique ? car l'auteur est bien français ,

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