Pages

lundi 15 juillet 2024

Salut, charmantes petites civilités de la vie, car c’est vous qui en aplanissez la route !

 

 

Laurence Sterne, Voyage sentimental en France et en Italie par M. Yorick, parution originale 1768, traduit de l’anglais par Léon de Wailly.

 

Quand Sterne entreprend la rédaction d’un récit de voyage, évidemment il ne rédige pas un récit de voyage. Seconde moitié du XVIIIe siècle et le genre est déjà éculé, particulièrement chez nos amis d’Outre-Manche qui ont créé le Grand Tour et le tourisme. Donc…


Ainsi la totalité des voyageurs peut-elle se réduire aux divisions suivantes :

Voyageurs désœuvrés,

Voyageurs inquisiteurs,

Voyageurs menteurs,

Voyageurs orgueilleux,

Voyageurs vains,

Voyageurs splénétiques.


Donc, nous le suivons, entre Calais et Turin, mais il s’agit pour lui de raconter ses rencontres, de bâtir des scénettes, d’entrelacer les réflexions. La préface est écrite dans une chaise de poste posée au sol dans une écurie de Calais, s’ensuit la rencontre avec une dame, face à la porte d’une remise, puis l’embauche du domestique français La Fleur d’une perpétuelle bonne humeur et l’observation d’un mendiant doté d’une technique infaillible pour obtenir de l’argent. Il faut ajouter la tentation charmante offerte par deux jeunes dames, et le récit d’une aventure en Italie. Le volume se clôt dans une auberge, sur la route de Milan, à un moment fatidique.


Je ne saurais trouver une occasion plus favorable de faire observer une fois pour toutes, que tant pis et tant mieux étant les deux grands pivots de la conversation française, un étranger ferait bien de se mettre au fait de leur emploi, avant d’arriver à Paris.


Évidemment, c’est décousu et sautillant et le propos peut être déconcertant ou laisser le lecteur sur sa faim. Le narrateur, le pasteur Yorick, double de l’auteur, ne répugne pas à l’idée de laisser les Français profiter de sa fausse naïveté pour gagner quelque argent. Il prend le pli de voyager sans se soucier d’en avoir pour ses sous, pour le plaisir sentimental de la rencontre.

Cela n’empêche pas un beau morceau critique contre la tyrannie et la prison de la Bastille, et un hymne à la liberté.

Sablet, Portraits, fin 18e siècle, Nantes BA
 


Le souper donc arrivant, et ayant d’un côté de ma chaise un frétillant épagneul anglais, et de l’autre un valet français avec autant d’hilarité dans sa contenance que jamais la nature n’en peignit – j’étais pleinement satisfait de mon empire ; et si les monarques savaient ce qu’ils voulaient, ils pourraient être aussi satisfaits que je l’étais.


Sterne sur le blog :

 La Vie et les opinions de Tristram Shandy - un second billet



 

6 commentaires:

  1. Bien évidemment je me dois de le découvrir (bon, j'ai déjà Tristram Shandy, hum) Je suis friande de cette littérature là (et s'il n'y avait que ça. ^_^

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Un peu décousu mais tu apprécierais peut-être.

      Supprimer
  2. Moi aussi je suis friande de cette littérature!

    RépondreSupprimer
  3. Le côté "décousu" me refroidie un peu. Je pense plutôt lire le chef d'œuvre de Sterne: La Vie et les opinions de Tristram Shandy

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. @JeLis : ce n'est pas vraiment davantage cousu mais en effet c'est un chef d'oeuvre !

      Supprimer

N’hésitez pas à me raconter vos galères de commentaire (enfin, si vous réussissez à les poster !).