Raoul Dufy (1877-1953) est très connu. Qu’en dire ?
Je suis partagée concernant ses peintures. Certaines me paraissent un peu vides, mais je suis fascinée par l’apparente facilité de son dessin et par l'éclat de la couleur.
Il a aussi beaucoup produit pour des publicitaires (mais je n'en aucune photo).
Il y a quelques années j’ai vu (où ça ?) une exposition sur Dufy et les arts décoratifs et c’est peut-être ce que je préfère de son travail. Il a collaboré avec le couturier Paul Poiret et a conçu des motifs pour des tissus. Mais là encore, aucune photo de ses fauteuils, robes et tentures. Il faudra aujourd'hui se contenter des peintures.
Il est l’auteur de l’immense Fée électricité qui se trouve au Musée d’Art moderne de Paris et de plusieurs peintures et dessins représentants des musiciens et des orchestres. Bon, mais le stock de l'ordinateur est un peu différent.
Fin de journée au Havre (1901 Le Havre, musée Malraux). On commence par Dufy en peintre du paysage ouvrier ! Le musée Malraux conserve plusieurs peintures sur cette thématique et avec cette vue des quais pleins de boue du port, avec les silhouettes élégantes, dressées vers le ciel, des installations industrielles, contrastant avec les silhouettes sombres et tassés des ouvriers. N'empêche que l'eau dans les flaques de boue est parfaitement rendue et que les couleurs du soir, qui rendent les silhouettes difficiles à distinguer, très belles. Un grand coloriste.
Théâtre aux Martigues (1903 Martigues, musée Ziem). Avec cette scène d'intérieur où l'intérêt de l'artiste se porte sur les spectateurs et non sur la scène, on n'est pas loin de Daumier. Ce sont plus des trognes que les personnages de Vuillard. Les figures, le détail des attitudes, tous ces chapeaux... Et la couleur, majoritairement brune, mais tirée par le rose, le jaune, le vert...
Le Vieux port de Marseille (1908 Le Havre, musée Malraux). La ville est bien reconnaissable avec la ligne schématique de la Bonne mère qui domine le tableau. Mais ce qui importe, c'est ce quadrillage de voiles et mats qui dessine de grandes lignes et des carrés colorés. La manière a bien changé par rapport aux tableaux précédents. Il y a plein de vide, le dessin s'est simplifié et les couleurs jouent de leurs contrastes.
La Tuilerie de Saint-Henri à Marseille (1908, Musée Pompidou, déposé à Cantini). Un trait courbe pour le rivage, 2 ou 3 courbes supplémentaires et les verticales des cheminées. Du bleu, du rouge. Et voilà, pourrait-on dire. C'est le Dufy que l'on connaît. Des toiles presque vides, mais où tout est bien campé. Avec des contrastes un peu brutaux et une couleur intense.
Les barques aux Martigues (1908, Martigues, musée Ziem) - Dufy aurait-il passé l'année 1908 en Provence ? À nouveau cette sobriété de ligne et de couleur, du bleu-vert et de l'ocre. Fini la pâte épaisse, place aux aplats rapides et nerveux. C'est le mouvement du pinceau qui va donner sa profondeur à l'oeuvre.
La Frontière (1909 Fondation Bemberg). Un sujet inattendu. Devant un alignement de maisons, entre deux arbres, deux silhouettes cubistes se font face. Une verte et une bleue.
C'est une peinture très dynamique. Les lignes droites et cassées produisent une impression de mouvement, qu'il s'agisse du décor ou des personnages, mais aussi une certaine inquiétude, comme si un vent soufflait sur tout cela, alors même que les couleurs sont vives.
Promeneurs au bord de mer (1925 dépôt du centre Pompidou au musée Malraux du Havre). J'aime bien... la vaste étendue bleue qui, si l'on regarde bien, se décompose en deux surfaces d'un bleu légèrement différent. Un bleu bleu, sans variation ou gradation. Il faut oser. En bas, le front de mer, comme une longue tablée grise, et les petites silhouettes.
La plage et l'estacade au Havre (1926, Le Havre, musée Malraux). On a l'impression que le soleil s'est levé sur la toile précédente. Le ciel s'éclaircit, d'ailleurs il y a une trouée blanche. C'est le Dufy le plus connu : couleur intense, contours noirs, silhouettes esquissées, taches de blanc.
La Véranda de Villerville (1930, Le Havre, musée Malraux). De fermes lignes noires pour bâtir la toile, des couleurs vives pour mettre en place la végétation, la nappe à rayures, les personnages. Des lignes plus floues pour ces trois femmes, dont l'une est à peine présente. Et ça tricote.
La Console jaune aux deux fenêtres (1948 Nice BA). J'aime bien parce que c'est seulement un décor. Les tomettes, la console ancienne avec ses dorures qui colonisent tout le mur et font exploser le jaune, entre deux porte-fenêtres ouvrant sur la ville. Là encore, c'est très construit. Les lignes des maisons, de la balustrade et de ce mur sont bien fermes et nettes. Entre les lignes, la couleur danse.
La Grande baigneuse (1950 Nice BA). La tradition des baigneuses en peinture. Ici on a l'impression d'une géante, qui va s'asseoir sur la ville. (j'aime bien)
La semaine prochaine, un autre artiste, de Nice, beaucoup moins connu.
J'avoue ne pas trop connaître ses peintures, mais j'aime beaucoup quand tu expliques. Je suis allée récemment au musée du havre, mais évidemment je n'ai pas tout vu!
RépondreSupprimerLe musée du Havre en conserve plusieurs, c'est un plaisir à regarder.
SupprimerL'œuvre de Dufy me parait très contrastée. Parfois fourmillant de détails, parfois très schématique. Les visages sont souvent flous. Merci pour cette présentation
RépondreSupprimerOui tu as raison, le dessin peut être très précis ou esquissé. Avec la couleur qui campe également les figures et les lieux.
SupprimerJe l'ai découvert avec la Fée électricité justement. Splendide ! Je reconnais bien son style dans les peintures que tu proposes, même si les couleurs sont moins vives et éclatantes. Sur le grand format de la Fée, ça fait un effet "boeuf".
RépondreSupprimerTu me donnes l'idée de retourner au musée d'art moderne de la ville de Paris, tiens, ça fait des siècles que je n'y suis pas allée.
SupprimerChaque fois que je croise Dufy cela me plait bien et puis j'oublie...Sauf la Fée Electricité parce que c'est vraiment une peinture spectaculaire.
RépondreSupprimerOn le voit beaucoup et celui lui nuit un peu. On a l'impression d'une jolie oeuvre facile, ce qui est dommage.
SupprimerCertaines toiles si je me souviens bien sont au musée Cantini .Marseille.
RépondreSupprimerToi à fait, c'est d'ailleurs le cas de la tuilerie de Saint-Henri.
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