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mardi 26 mars 2024

Plus j’aime la géologie, plus la géologie me prouve qu’elle n’aime pas Dieu.

 


Marion Montaigne, Nos mondes perdus, 2023, Dargaud.

Lettrage par Jean-François Rey.

 

Une histoire en BD de comment en est-on venu à inventer, imaginer, reconstituer ce qu’avaient été les dinosaures ?


Le point de départ est le film Jurassic Park et la fascination de l’autrice pour les films catastrophe mais vaguement scientifiques. Puis on remonte le temps. Depuis l’époque où on essaie de concilier les étranges dents géantes découvertes dans le sol avec la Bible à celle où on s’affranchit totalement du planning divin, avec les trouvailles de Mary Anning, etc. Mais surtout la façon de représenter les dinosaures : des gravures bien sages, des dessins où les animaux sont animés d’une vie féroce, des statues de ciment jusqu’aux films. Au fil des années, les dinos sont de plus en plus vivants, vifs, sociaux, mais aussi sauvages.


J’avais bien aimé Dans la combi de Thomas Pesquet, mais j’avoue être déçue par cet album : les pages où l’autrice raconte sa vie et tente d’expliquer son intérêt pour les dinosaures ne m’intéressent pas tellement. De plus, les gags relatifs à nos grands scientifiques, s’ils sont pertinents (parce que nos héros sont aussi souvent assez miteux), viennent interrompre le récit de façon un peu gratuite.

De façon générale, je trouve que l’album n’est pas structuré et manque de liant : on passe des molaires de mammouth aux reptiles fossiles, sans rien sur la constitution des fossiles. Les passages scientifiques manquent de suivi puisqu’on passe d’une espèce à l’autre ou d’un sujet à un autre. Ce sont des petits bouts de savoir, mais pas une histoire articulée.




C’est d’autant plus dommage que les pages d’explications scientifiques sont très réussies, claires et pédagogiques (la loi de subordination des organes, le bassin des reptiles, la pneumaticité squelettique des oiseaux, etc.). J’aime aussi l’intérêt de Montaigne, non pas tant pour les dinosaures en tant que tels, ou pour l’histoire de la discipline paléontologie, mais pour la représentation de ces êtres : comment on invente un animal à partir de trois os ? Comment on choisit de lui donner telle allure ou telle attitude ? Comment on projette sur lui une psychologie de serial killer ? Les scientifiques arrivent-ils à dialoguer avec les artistes ? Autant de questions passionnantes (la fabrique de nos mentalités), mais l’album me laisse sur ma faim.

 

Le billet de Je lis, Je blogue, nettement plus positif.


Montaigne sur le blog.

Dans la combi de Thomas Pesquet










 

4 commentaires:

  1. Oui, en effet, j'ai adoré cet album. Je l'ai trouvé instructif et drôle. Je n'ai pas lu celui sur Thomas Pesquet et j'avais donc peut-être moins d'attentes que toi. Je crois que Fanja, du blog Lecture sans frontière, partage ton avis. Mais elle a lu aussi l'autre album.

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  2. @JeLis : Je pense que cela tient au sujet. Celui-ci est très vaste et elle n'a pas réussi à limiter, circonscrire et structurer son propos, ça part un peu dans tous les sens. Alors que le premier album est plus resserré et donc plus réussi.

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  3. la paléontologie, c'est mon rayon! je note même si je n'ai toujours pas compris le rangement des BD et romans graphiques à la médiathèque

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  4. @Miriam : je suis comme toi, je comprends jamais les classements !

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