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samedi 15 juin 2024

La Crucifixion

 


Petit récit de la Passion sur le blog, aujourd’hui images de la Crucifixion. En 2020, les peintures allaient de Quentin Metsys à Alonso Cano, en passant par l’extraordinaire toile de Rogier Van der Weyden ou celle de Grünewald ou encore celle de Gérôme, si étrange.

Cette année…



Crucifixion (Brabant, bois polychrome, 1500 Lille BA). Encore un bel exemple de sculpture du Nord avec ces trois figures. Rares aujourd'hui sont les ensembles en bois entièrement conservés, mais les fragments qui nous restent laissent présager des installations complexes, avec de nombreuses et grandes sculptures, alliant spiritualité et réalisme. Il nous reste en général seulement des fragments, mais le chemin de Croix de Vence, que je vous ai montré la semaine dernière, constitue une exception remarquable.

 En l'occurrence les figures des deux larrons me semblent particulièrement réussies.




Nous retrouvons le retable de Jean Poyer (Retable du Liget, XVe siècle, galerie attenante à l'église Saint-Antoine de Loches, visible en entier ici).
Il y a deux semaines je vous ai montré le volet avec le portement de croix, aujourd'hui c'est le panneau central. Nous voyons Jésus et les deux larrons crucifiés, mais également au premier plan, une croix brisée, ce qui en fait une crucifixion à quatre croix. Une foule dense assiste à l'événement. On retrouve Saint Jean, des soldats, des curieux, des prêtres et le traditionnel cheval vu de dos avec sa grosse croupe. Un soldat est agenouillé en prière : c'est Longin. Au pied de La Croix, un os et un crâne rappellent que nous nous trouvons au Golgotha. Au premier plan, Marie est évanouie, entourée par les Saintes femmes.
Bien sûr, cette peinture est remarquable par ses couleurs, fraîches comme si elle avait été réalisée hier.


À quelques kilomètres de Loches... Christ en croix et Marie-Madeleine (sculpture de bois, XVIIe ou XVIIIe siècle, Musée d'Issoudun). À nouveau, un souvenir de ces sculptures qui ornaient vraisemblablement de nombreuses églises. Il est fréquent de représenter Marie-Madeleine en pleurs au pied de la croix, mais les représentations en bois sont plus rares. Cette femme est particulièrement expressive, avec ses grandes mains nouées, son visage tourné vers le haut, enserrant la croix au plus près.


Joos Van Cleve, Crucifixion (XVIe siècle, peinture sur bois, collection privée, en dépôt à Cassel, au Musée de Flandres). Un tableau qui n'est pas sans faire écho à celui de Quentin Metsys que je vous montrais en 2020, mais ce dernier, a priori de la même taille, propose un traitement bien plus monumental des figures. Ici les vêtements de Marie-Madeleine sont excessivement élégants : le voile de perles sur les cheveux, les manches exubérantes, le petit mouchoir délicat et la ceinture... Jean montre un visage tordu de douleur. Le reste du paysage est d'une grande sérénité.



À gauche, un détail de la Crucifixion de Gentile da Fabriano (1408, Milan Brera) avec le sang qui jaillit, un très joli petit ange et le visage en larmes de Marie-Madeleine.
À droite, détail d'une Crucifixion anonyme allemande (1350-1400, Courtauld) avec les soldats endormis au pied de la croix qui annoncent les soldats endormis de la Résurrection.


Détail de la Crucifixion du Maître de la Madone de Strauss (1440, Bruges musée Groeninge) : ne pas oublier de rappeler que le Golgotha est un lieu effrayant. On y trouve des os qui attirent ou effraient les chiens errants...



Enfin, un tableau qui ne représente pas la Crucifixion mais La Trinité, par Tintoret (1561, Palais royal Turin). Dieu, l'Esprit saint et Jésus s'alignent au centre, dans une composition spectaculaire. Jésus est vu par en-dessous, yeux fermés, et Dieu s'étend au-dessus de lui, dans une position parallèle. De chaque côté, il y a deux petits anges en prière et deux grands anges, un aux ailes bleues et un au vêtement rose. Les couleurs sont audacieuses, tout comme le point de vue. Le visage de Jésus est plein de douceur, emporté non par la mort, mais par les anges.




Jésus est mort, mais l'histoire continue. La semaine, il faudra l'enterrer.






2 commentaires:

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