La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



samedi 1 juin 2024

Montée au Calvaire

 


Série iconographique, le petit récit de la Passion. Un certain nombre d’événements prend place entre l’Ecce homo et la Crucifixion.


Le billet de 2020 était particulièrement hétéroclite entre un vitrail de 1500 (superbe), une peinture de Maurice Denis et le portail de la Sagrada Familia, une immense composition de Pieter Brueghel le jeune, une extraordinaire peinture de Greco, une peinture très inattendue de Rubens montrant la croix en train d’être dressée et un tableau de Signorelli montrant un des ouvriers descendant de l’échelle.

Cette année, le panel est nettement plus resserré… mais il y aura une surprise la semaine prochaine.



Ceci est un panneau du retable de Jean Poyet (que vous pouvez contempler en entier ici) (1485, conservé à Loches, dans la galerie derrière l'église Saint-Antoine).
C'est le début de l'ascension : nous voyons un homme placer la croix sur l'épaule de Jésus qui regarde le spectateur, comme pour le prendre à témoin. On aperçoit à l'arrière-plan les croix des deux larrons qui l'accompagnent. Au premier plan à droite, un soldat magnifiquement habillé de jaune et de vert (ah les couleurs du mal !), d'un truc en mailles de métal sur la tête et d'un turban, mène Jésus en laisse - la corde est passée autour de sa taille. Le cortège sort de la ville.


À plusieurs siècles de distance, deux représentations de deux moments consécutifs.

À gauche : Gréco, Partage de la tunique du Christ (1577, Sacristie de la cathédrale de Tolède). Jésus a été dépouillé et revêtu par dérision d'une tunique pourpre. Il apparaît ainsi comme une figure de gloire au milieu de la foule. À côté de lui se tient un soldat à la cuirasse rutilante, dans laquelle le reflet de la tunique laisse d'inquiétantes trainées rougeâtres. À l'arrière-plan se mêle une foule de soldats (on voit les piques qui dépassent), de badauds, de curieux, d'ouvriers recrutés pour le sale travail. Au premier plan à gauche, deux femmes soutiennent Marie, tandis qu'à droite un homme prépare la croix.

(oui, je sais, toile déjà montrée en 2020, mais Greco, c'est chouchou)


À droite : Matisse, Dixième station du chemin de croix, le Christ dépouillé de ses vêtements (fusain, Vence, chapelle du Rosaire). Il s'agit d'un dessin préparatoire pour le grand chemin de croix qui orne le mur du fond de la chapelle. Les silhouettes sont esquissées ou évoquées à grands traits. Jésus au centre et deux soldats qui l'empoignent de chaque côté. Très expressif n'est-ce pas ?



Maître d'Elsloo, Bourreau du portement de croix (XVIe siècle, chêne, Lille BA). Un sculpteur qui a laissé plusieurs belles oeuvres. Ce fragment de ce qui devait être un grand retable sculpté est très expressif et la corde semble monstrueuse.



Cornelis de Vos, Érection de la Croix (XVIIe siècle, Valenciennes BA, en dépôt à Cassel au Musée de Flandres). C'est le moment choisi par Rubens dans la peinture que je vous avais montrée en 2020, mais sous un angle moins original. Un ciel d'orage, l'éclipse en cours, Jésus qui regarde le ciel, une seule croix et non trois. Là encore, une troupe bigarrée de soldats (qui soutiennent eux-mêmes la croix), d'ouvriers et de curieux, et les amis de Jésus à l'arrière-plan.

C'est bientôt l'heure...
Mais la semaine prochaine... nous parcourrons encore le chemin de croix.


3 commentaires:

keisha a dit…

La Matisse est superbe.
Oui, tu as raison de faire de la publicité pour le retable.

Dominique a dit…

J'aime beaucoup la sculpture
Je t'invite à lire ma chronique d'il y a déjà quelques mois sur un tableau magnifiquement commenté et détaillé :
Le Moulin et la croix - Michael Francis Gibson - Editions The University Levant Press
C'est vraiment un livre extraordinaire que l'on doit trouver d'occasion ou en bibliothèque

nathalie a dit…

@Keisha : les autres volets seront dévoilés progressivement.

@Dominique : merci pour la référence. Je suis allée lire ton billet. Un tableau monde !