J. R. R. Tolkien, Le Seigneur des anneaux, parution originale 1955, traduit de l'anglais par Francis Ledoux pour l'édition de Christian Bourgois.
Vous connaissez l'histoire : celle d'une quête, qui est aussi un roman de découverte, d'apprentissage et d'aventure, où différentes espèces humaines s'unissent (ou pas) pour lutter contre un mal noir. Frodon le Hobbit doit détruire l'anneau de pouvoir synonyme d'asservissement et de destruction, dans une terre dévastée par la guerre, mais où les alliés surgissent – on est il y a très longtemps.
Nous allons effectuer une chasse qui fera l'étonnement des Trois Races apparentées : Elfes, Nains et Hommes. Sus, les Trois Chasseurs !
C'était une relecture, que j'envisageais depuis longtemps. Les longues heures de train jusqu'à Venise ont constitué la bonne occasion (un roman de voyage et de découverte, après tout). La visite de l'exposition Tolkien à la BNF en 2019 et la lecture du catalogue d'exposition m'en avaient donné envie. Mieux que la première fois, j'ai pu mesuré certains aspects que j'avais un peu négligés.
Tolkien raconte une histoire tout en présentant un monde, une double contrainte à laquelle font face d'inégale façon les auteurs de SF et de fantasy. Raconter une histoire, c'est-à-dire des péripéties, des personnages, des retournements de situation. Il y parvient notamment par l'alternance des points de vue, entre celui de la guerre contre Sauron et celui des Hobbits gravissant la montagne. Présenter un monde, c'est-à-dire les légendes et généalogies des uns et des autres, avec une abondance de noms propres, que l'on aura tendance à passer ou survoler comme non nécessaires à l'action. Le double défi est plus ou moins réussi selon les passages (coucou, ma grande sœur, qui n'a jamais réussi à sortir de la forêt, je crois). Il faut accepter de se prendre au jeu de ce qui mime une épopée à l'ancienne.
Quelque chose d'étrange est à l'oeuvre dans ce pays. Je me méfie du silence. Je me méfie même de la Lune pâle. Les étoiles sont faibles, et je suis fatigué comme je l'ai rarement été, fatigué comme aucun Rôdeur ne devrait l'être avec une piste claire à suivre.
Le début, consacré aux us et coutumes des Hobbits, ainsi qu'à une présentation des archives ayant servi à l'élaboration du roman, peut être particulièrement déroutant – mais Tolkien s'inspire de son travail d'érudit et d'éditeur de manuscrits anciens. C'est en tout cas une originalité et une audace, qui suggère combien l'auteur en a encore sous le coude.
- Toujours après une défaite et un répit, l'Ombre prend une autre forme et croît de nouveau.
Il y a aussi les poèmes et les chansons que récitent les personnages, qu'ils soient transmis par la tradition ou improvisés. Je me souviens les avoir passés en soupirant à ma première lecture, mais là, j'y ai été plus attentive. Je suis frappée par le thème de la nostalgie qui est omniprésent : regret du passé, de ceux qui sont partis en exil, de ceux qui savent qu'un jour ils partiront en exil... De fait, les héros sont destinés à se séparer et à ne plus se revoir. De même, après la disparition du mal, ils ne retrouveront pas leur terre telle qu'ils l'avaient laissée ; elle aura, elle aussi, souffert et subi les épreuves du temps. Cette nostalgie omniprésente donne à cette grande aventure toute sa poésie.
Où sont maintenant le cheval et le cavalier ? Où est le cor qui sonnait ?
Cela reste un roman viril. Les hommes chevauchent, se battent, gouvernent et se retrouvent dans les auberges – il faut vraiment être une femme exceptionnelle pour y avoir droit.
J'ai évidemment relu le catalogue de l'exposition.
Tolkien, J. R. R. sur le blog :
J'en suis désolée et un peu frustrée mais j'ai beaucoup de mal avec Tolkien. Il faut entrer dans son univers complexe et je n'y arrive pas. Cela passe mieux au cinéma.
RépondreSupprimerTu n'es pas la seule. Ceci dit... même les contes de Noël ?
Supprimerah tiens, je n'ai pas essayé
SupprimerC'est LE roman de mes 14/15 ans, qu'il faudra que je relise un jour sans doute. Je me rappelle qu'à l'époque l'alternance des points de vue et l'enchaînement des récits m'avait tout particulièrement séduit. Et ce sentiment justement d'un bonheur menacé par les circonstances extérieures qui ne saurait durer et rend l'engagement inévitable. Les chansons et poemes m'avaient bien plu aussi. Par contre, je n'ai pas du tout accroché aux films.
RépondreSupprimerÀ ma 1e lecture, tout cela m'était un peu passé par-dessus la tête, j'avoue. Mais cela m'a frappé lors de cette relecture (ça se trouve, j'ai vieilli aussi).
SupprimerJ'ai seulement vu des bouts de film, jamais en entier, mais je n'en attendais pas grand-chose.
enfer et damnation voilà les livres que je n'ai jamais réussi à lire. pendant quelques années j'ai fait lire cette saga comme celle d'Harry Potter à des ados car j'étais convaincue de la qualité mais ce type de récit je n'ai jamais réussi à y adhérer, le livre me tombe des mains dans la première heure de lecture et j'ai plusieurs fois abandonné
RépondreSupprimerSans parler du positionnement idéologique de Rowling, Harry Potter est beaucoup plus faible sur le plan de l'imaginaire.
SupprimerJe comprends très bien que tout le monde n'entre pas dans l'univers de Tolkien.
J'ai adoré la trilogie dans son ensemble, mais je me souviens avoir eu parfois du mal avec les longueurs du premier volume, où la progression des héros m'a semblé interminable... Sauron est selon moi l'un des plus terrifiants "méchants" de la littérature, et je te rejoins sur le fait que sa nature insaisissable crée une atmosphère particulièrement prégnante et oppressante.
RépondreSupprimerQuant à l'adaptation ciné, je l'ai trouvée pas mal, et assez cohérente avec ce que j'avais imaginé pendant ma lecture.
Le début avec les pages de description de la Comté là, et les mythes attachées à chaque forêt ou montagne, tout cela peut un peu rebuter en effet.
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