Ossian, Fragments de poésie ancienne, édition préparée par François Heurtematte, Paris, José Corti, 1990.
L’auteur qui m’a fait craquer pour ce challenge Kiltissime. Enfin, auteur, c’est un peu compliqué…. Plusieurs épisodes en perspective.
À la fin du XVIIIe siècle, l’Europe s’enthousiasme devant quelques fragments poétiques, d’un mystérieux Ossian, un barde écossais qui aurait vécu avant les clans et avant le christianisme. Un maître d’école, James McPherson, a recueilli des bribes d’anciennes épopées gaéliques, venues du fond des âges.
Le sombre automne règne sur les montagnes, les brouillards grisâtres se reposent sur les collines, les ouragans retentissent sur les bruyères. La rivière roule ses eaux bourbeuses à travers la plaine étroite ; un arbre paraît seul sur la colline, et fait reconnaître la tombe de Connal. Ses feuilles, agitées en tourbillon par les vents, jonchent le tombeau du héros. Souvent les âmes des morts se font voir dans ce lieu, quand le chasseur solitaire et pensif se promène lentement sur la bruyère.
Si la fascination est si grande, c’est parce que ces poésies correspondent exactement à cette veine préromantique, avec ce goût pour les civilisations primitives, qui ne connaissent pas les règles de la poésie moderne, non encore raffinées par le modèle grec. On veut renouveler les traditions poétiques et artistiques issues de l’Europe moderne par un nouveau souffle, plus simple et plus sincère. Les chants d’Ossian, le vieux barde, charme le monde :
Celui que j’aime est fils de la montagne ; il poursuit le chevreuil léger. La corde de son arc a résonné dans l’air, et ses chiens noirs sont haletants autour de lui… Soit que tu reposes à la fontaine du rocher, ou sur les bords du ruisseau de la montagne, lorsque le vent courbe la cime des bruyères et que le nuage passe au-dessus de ta tête, que ne puis-je approcher de toi sans être aperçue ! que ne puis-je voir celui que j’aime, du sommet de la colline !... Que tu me parus beau la première fois que je te vis ! C’était sous le vieux chêne de Branno. Tu revenais de la chasse ; tu étais grand, tu étais plus beau que tous tes amis.
La première publication date de 1760. Les années suivantes, McPherson se livre à des collectes en Écosse et publie d’autres fragments. Mais le doute s’insinue progressivement chez ses lecteurs quant à l’authenticité de ces poèmes. Hum, viennent-ils vraiment du fond des âges ? La supercherie est définitivement établie en 1805 par une longue enquête de la Highland Society à la fin du siècle.
Je m’assoirai sur la mousse qui borde la fontaine, au sommet de la colline des vents. Lorsque le silence du midi se répandra sur tous les environs, viens converser avec moi, mon amante ! viens sur les ailes du vent ! viens sur le souffle de la montagne ! fais-moi entendre ta voix en passant, lorsque le midi répandra le silence autour de moi.
Sauf que… En réalité on ne sait pas vraiment ce qui est de McPherson lui-même, ou ce qu’il a effectivement recueilli, parce que l’on sait que de lointains récits se racontaient effectivement en Écosse, ou ce qu’il a cru authentique mais qui a été forgé par quelque prétendu savant… On a de vraies ballades gaéliques attestées dès le XVe siècle. François Heurtematte, dans l’édition que j’ai lue, parle de « l’art d’accommoder les restes ».
J'ai encore plein de choses à vous dire à propos de ces très belles poésies que j'ai vraiment beaucoup aimé.
L'édition José Corté est bilingue, avec la version anglaises, les traductions sont de Diderot, Turgot, Suard. Les logos magnifiques sont de Cryssilda, l'affiche de théâtre de marionnettes pour La Sorcière ou les brigands d'Écosse, grand drame en combat en 16 actes, vers 1880, Mucem.
L'édition José Corté est bilingue, avec la version anglaises, les traductions sont de Diderot, Turgot, Suard. Les logos magnifiques sont de Cryssilda, l'affiche de théâtre de marionnettes pour La Sorcière ou les brigands d'Écosse, grand drame en combat en 16 actes, vers 1880, Mucem.
Je n'ai jamais lu cet auteur, ça m'intéresserait à petite dose je pense, vu que je ne suis pas très poésie... J'aimerais alors trouver une version gaélique / anglais :)
RépondreSupprimerMerci pour ce premier billet, et bon mois kiltissime à toi ! :)
Je ne connais Ossian que de nom, et j'ai bien envie de le lire. Et surtout d'en savoir plus sur le travail de McPherson. C'est très intéressant :-)
RépondreSupprimerCryssilda : c'est de la poésie élégiaque, les pièces sont courtes, certaines sont en prose, c'est plutôt facile à lire et très beau.
RépondreSupprimerPascale : oui, j'étais dans le même cas. J'ai franchi le pas grâce à ce challenge et j'en suis très contente !
je te souhaite un bon mois Kiltissime ! les Ecossais sont de beaux parleurs... et poètes !
RépondreSupprimerça me tente beaucoup, merci pour ta participation avec ce premier billet que j'ai ajouté aussi sur mon blog :) Bon mois kiltissime !
RépondreSupprimerMerci Sylvie !
RépondreSupprimerLou : Oups ! J'avais complètement zappé que vous étiez deux organisatrices ! Dorénavant, je mettrai vos deux noms, je vais tout corriger. Merci de m'avoir prévenue.
Pas de souci :) C'est gentil d'avoir rajouté le lien... en tout cas merci sur tout pour le billet tentant ;)
RépondreSupprimer