Véronique Ovaldé, Des vies d’oiseaux, Paris, Éditions de l’Olivier, 2011.
Un petit livre bien agréable, pas un chef d’œuvre,
mais une sorte de plat très bien fait, laissant une saveur douce.
L’histoire se passe dans une région non précisée
d’Amérique du Sud, avec ses quartiers très riches et ses villages à la pauvreté
féroce. Ovaldé dit avoir pensé au Mexique, moi c’était plutôt le Chili, à cause
de l’absence notoire de vie publique, comme dans un pays étouffé.
Le prétexte narratif est plutôt simple et sans
suspense : un riche couple de Villanueva, Vida et Gustavo, appelle la
police pour signaler non un cambriolage, mais que l’on a occupé leur maison,
dormi dans leur lit, vidé leur congélateur. Le lieutenant Taïbo se déplace et
rencontre Vida. Il se rend compte ensuite qu’un jeune couple vit ainsi en
alternance dans toutes les villas de la région, Adolfo et Paloma, la fille de
Vida, enfuie de chez elle. Taïbo et Vida se rapprochent alors et partent dans
le village d’Irigoy, d’où provient Vida.
Ce roman m’a plu d’abord par son écriture, à la fois
sobre mais précise. Quelques mots mettent en avant un geste, un détail de la
peau, une couleur de vêtement. Dans un monde désincarné, ces détails saillants
(des yeux beiges, des mains sèches, une rose) prennent toute leur vie.
Elle ouvre au lieutenant Taïbo et il lui sourit. Il a
l’air préoccupé mais il lui sourit ; ils sont maintenant deux vieilles
connaissances – le terme est mal choisi, ils se connaissent depuis très peu de
temps, on ne peut réellement formuler la chose ainsi, disons qu’ils deviennent
les énigmes l’un de l’autre ou plus exactement l’ampleur de ces énigmes sans
pour autant en percer avec précision l’opacité de chagrins qui fait comme une
tumeur grise au milieu de leur corps). Elle s’aperçoit qu’elle n’a jamais
rencontré le lieutenant Taïbo ailleurs que dans sa maison.
Et quand j’ai refermé le livre, je me suis rendu
compte que j’avais été charmée par ces personnages qui savent ce qu’ils
veulent. Étant moi-même une inquiète permanente, j’ai été apaisée par Paloma
qui veut aller à Otawa, Adolfo qui dit répond « pas de problème »,
Taïbo qui sait tout sans rien dire. Mais comment font-ils ? quel est leur
secret ?
J'ai lu Des vies d'oiseaux dans le cadres des matches de la rentrée, opération lancée par Priceminister que je remercie pour m'avoir envoyé ce livre.
Vous pouvez lire également les avis de Clara (qui a aimé l'écriture elle aussi), de Cuné (qui a chronique plusieurs des romans d'Ovaldé), de Leilona qui apprécie l'atmosphère onirique et d'Amanda qui parle de "mots qui flottent dans l'espace"...
Je note le livre, s'il est agréable c'est déjà beaucoup :)
RépondreSupprimerJe vais finir par m'intéresser à cet auteur..
RépondreSupprimerC'est vrai qu'il y a des comptes rendus un peu partout, des fois trop de critiques tue l'envie. Mais c'est plutôt un bon livre, laissez-lui sa chance (attendez qu'il soit en poche).
RépondreSupprimerTu me fais envie même si ce n'est pas une auteure qui m'attire (va savoir pourquoi ?) mais je le note, il ne fait pas partie de ceux qui doivent encore arriver de PM, là, j'ai assez de Freedom pour l'instant, bouh... Mais plus tard, je ne dis pas...
RépondreSupprimerC'est le premier que je lis d'elle mais Cuné en a chroniqué plusieurs si tu veux regarder. Il se lit vite (plus que le Freedom par exemple)
RépondreSupprimerje devrai le lire prochainement
RépondreSupprimerpour moi rosa candida (son précédent) était un bon pastiche de garcia marquez : en plein réalisme merveilleux, c'est bien ça? LE COURANT LITTERAIRE D'AMERIQUE LATINE
RépondreSupprimerLà on n'est pas vraiment dans le réalisme magique. Je crois que l'éloignement géographique lui permet d'installer une atmosphère un peu onirique, où une richesse froide cotoie une forêt avec des chiens sauvages et une chasse au bison improbable. Elle n'a pas à se préoccuper de la question du vraisemblable.
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