La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



dimanche 2 octobre 2011

Nous, on sait ce que C’est que la pulse, et on a conscience du TEMPS, on a conscience que tout est bien.

Jack Kerouac, Sur la route, traduit de l’américain par Josée Kamoun, rédigé en 1951, première publication 1957, Paris, Gallimard, 2010.
Deuxième épisode.


 Quand j’ai commencé ce roman, je n’avais guère la musique en tête. Pourtant l’évidence s’est fait jour très vite, elle est omniprésente. Les héros respirent le mouvement, la route vibre de leur énergie folle et leur corps vit la musique.

Et moi, assis-là à écouter ce son qui est devenu le son de la nuit pour nous tous, je pensais à tous mes copains, d’un bout du pays à l’autre, et je me disais qu’ils étaient tous dans la même cour immense, dans un trop tellement frénétique, tellement viscéral.

Le fameux beat, la pulse, le rythme du be-bop, les instruments du jazz et les musiciens dans les bars miteux… il y a de fantastiques descriptions durant des pages et des pages… Kerouac parvient à rendre la musique elle-même, plus que son timbre, son rythme, les corps des musiciens, leur façon de se mouvoir en étant habités par la musique et comment la transe peut s'emparer des auditeurs-spectateurs. Les descriptions sont longues, très longues, ne pourraient jamais s'arrêter. Il ne s'agit pas, comme souvent, d'épisodes annexes, mais des moments à part entière de la route :

Un gros bondit sur l’estrade, qui s’enfonce en gémissant sous son poids. « Yoo ! » À présent le pianiste bastonne les touches, doigts écartés en éventail, il plaque des accords par intervalles, quand le grand sax reprend son souffle, des accords chinois, qui ébranlent le piano dans toutes ses fibres de bois et d’acier – boing ! Le sax ténor saute à bas de l’estrade, il se met à jouer au milieu du public ; son chapeau lui tombe sur les yeux, on le lui redresse. Il se renverse en arrière, il tape du pied, il crache une phrase comme un rire rauque, il reprend son souffle, il souffle haut et fort, son cri déchire l’air. Neal est juste devant lui, le nez sur l’embouchure du sax, il frappe dans ses mains et il inonce de sa sueur les clefs du sax ; (…) ça balance, ça balance.

Du coup, si Anne l'accepte, je l'ajouterais bien à son défi musical... ??


8 commentaires:

  1. Ce livre, c'est exactement cela, ce rythme dont tu parles, ces ambiances,ces amitiés!

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  2. Oui, il me semble. Cela dégage quelque chose de très énergique.

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  3. Il fait combien de pages, ce bouquin (qustion triviale, oui, j'en suis bien consciente)

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  4. Le livre fait en tout 504 pages, mais cette édition comporte plusieurs essais introductifs. Le roman lui-même n'occupe que 380 pages, écrites assez gros.

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  5. Je suis de plus en plus tentée, arrgh ! Ma médiathèque l'aura-telle ? J'aime quand il y a un tempo, une musique pas discordante entre les mots...

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  6. Je te l'enverrai Asphodèle sinon ! Suffit de réclamer.

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  7. Un roman que j'avais bien aimé lire, même si je n'avais pas particulièrement noté qu'il parlait beaucoup de musique.

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  8. Je ne peux pas dire que quantitativement les pages consacrées à la musique soient importantes mais elles sont extrêmement réussies. Et le rythme du jazz habite en permanence les personnages.

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N’hésitez pas à me raconter vos galères de commentaire (enfin, si vous réussissez à les poster !).