Deuxième épisode.
Quand j’ai commencé ce roman, je n’avais guère la
musique en tête. Pourtant l’évidence s’est fait jour très vite, elle est
omniprésente. Les héros respirent le mouvement, la route vibre de leur énergie folle et leur corps vit la musique.
Et moi, assis-là à écouter ce son qui est devenu le
son de la nuit pour nous tous, je pensais à tous mes copains, d’un bout du pays
à l’autre, et je me disais qu’ils étaient tous dans la même cour immense, dans
un trop tellement frénétique, tellement viscéral.
Le fameux beat, la pulse, le rythme du be-bop, les instruments du jazz et les musiciens dans les bars miteux… il y a de fantastiques descriptions durant des pages et des pages… Kerouac parvient à rendre la musique elle-même, plus que son timbre, son rythme, les corps des musiciens, leur façon de se mouvoir en étant habités par la musique et comment la transe peut s'emparer des auditeurs-spectateurs. Les descriptions sont longues, très longues, ne pourraient jamais s'arrêter. Il ne s'agit pas, comme souvent, d'épisodes annexes, mais des moments à part entière de la route :
Un gros bondit sur l’estrade, qui s’enfonce en
gémissant sous son poids. « Yoo ! » À présent le pianiste
bastonne les touches, doigts écartés en éventail, il plaque des accords par
intervalles, quand le grand sax reprend son souffle, des accords chinois, qui
ébranlent le piano dans toutes ses fibres de bois et d’acier – boing ! Le
sax ténor saute à bas de l’estrade, il se met à jouer au milieu du
public ; son chapeau lui tombe sur les yeux, on le lui redresse. Il se
renverse en arrière, il tape du pied, il crache une phrase comme un rire
rauque, il reprend son souffle, il souffle haut et fort, son cri déchire l’air.
Neal est juste devant lui, le nez sur l’embouchure du sax, il frappe dans ses
mains et il inonce de sa sueur les clefs du sax ; (…) ça balance, ça
balance.
Du coup, si Anne l'accepte, je l'ajouterais bien à son défi musical... ??
Ce livre, c'est exactement cela, ce rythme dont tu parles, ces ambiances,ces amitiés!
RépondreSupprimerOui, il me semble. Cela dégage quelque chose de très énergique.
RépondreSupprimerIl fait combien de pages, ce bouquin (qustion triviale, oui, j'en suis bien consciente)
RépondreSupprimerLe livre fait en tout 504 pages, mais cette édition comporte plusieurs essais introductifs. Le roman lui-même n'occupe que 380 pages, écrites assez gros.
RépondreSupprimerJe suis de plus en plus tentée, arrgh ! Ma médiathèque l'aura-telle ? J'aime quand il y a un tempo, une musique pas discordante entre les mots...
RépondreSupprimerJe te l'enverrai Asphodèle sinon ! Suffit de réclamer.
RépondreSupprimerUn roman que j'avais bien aimé lire, même si je n'avais pas particulièrement noté qu'il parlait beaucoup de musique.
RépondreSupprimerJe ne peux pas dire que quantitativement les pages consacrées à la musique soient importantes mais elles sont extrêmement réussies. Et le rythme du jazz habite en permanence les personnages.
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