José Luís Peixoto, Le
Cimetière de pianos, traduit du portugais
par François Rosso, paru en 2006, Paris, Grasset, 2008.
Le 15 janvier dernier, je laissais le micro à
Ysabel pour nous parler de ce livre, elle me l’a prêté, je l’ai lu, je suis à
mon tour charmée et j’aimerais vous convaincre
de le lire.
C’est l’histoire d’une petite
famille de Lisbonne, une famille ordinaire, dans ses joies et ses malheurs.
Mais tout tient dans la langue, si le livre m’avait appartenu, il aurait été
corné de partout.
Il y a deux narrateurs qui se
relaient, chacun à la première personne, le père, qui prend la parole juste
après sa mort, à l’hôpital. Et Francisco, un de ses fils, juste avant sa mort,
lors du marathon de Stockholm.
Chacun d’entre eux raconte sa
vie, allant, venant, repartant dans leur mémoire et nous découvrons ainsi
l’histoire d’une famille sur plusieurs décennies. Le père travaille dans un
atelier de menuiserie, il répare quelquefois les pianos et quand il raconte sa
rencontre avec sa future femme, tout semble si heureux. De même Francisco. Et
puis il y a les verres à la taverne, les colères, les coups, les trahisons, les
incompréhensions, l’impossibilité de prononcer les mots qui pardonnent, les
accidents aussi. Cette famille est comme toutes les autres, heureuse et
malheureuse, unie et divisée. Mais la langue de ce roman est unique. Très
poétique, avançant lentement dans la narration, s’arrêtant sur les bruits, les
objets, les couleurs, les sensations, presque prudente dans sa façon délicate
de dire les souffrances et les bonheurs.
Je choisissais un piano, je l’ouvrais et je regardais son mécanisme immobile. Et toutes les fois, je ne pouvais m’empêcher de penser que ma vie, diluée dans l’immensité des après-midi, était exactement comme le mécanisme immobile d’un piano : le silence fragile de ses cordes alignées, la perfection géométrique de sa presque mort, sa possible résurrection à un moment qui n’arrivait jamais, un moment simple comme tant d’autres aurait été suffisant, un moment qui pouvait arriver mais qui n’arrivait jamais.
Arman, Chopin's Waterloo, 1961,
Paris, Centre Georges Pompidou, image RMN
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Tu m'as au moins convaincue de le noter ;-)
RépondreSupprimerBonjour Nymphette ! Je préférerais t'avoir convaincue de le lire mais bon... c'est un début !
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