Grâce à Delphine, j’ai lu un livre-voyageur… un livre qui voyage de lecteur en lectrice et qui repart… peut-être chez vous ?
On est dans un village perdu au bout du monde, dans un désert rocheux. Il n’y a rien, rien qu’une décharge, des camions qui déversent leurs déchets et qui repartent le plus vite possible, interdiction pour les chauffeurs de s’arrêter. Rien qu’un bar où la bière coule à flots tous les soirs, il n’y a rien d’autre à faire. Et quelques individus, arrivés là, il y a tellement longtemps - 20 ans. Personne n’a jamais réussi à repartir, personne. Ils sont une vingtaine, tous venus d’ailleurs, sauf le narrateur, Willie, et Douggie, un simplet. Ce sont les deux seuls à être nés ici, à ne rien connaître d’autre que cet endroit qui n’a pas de nom, qui a juste un bar. Cela pourrait se poursuivre éternellement mais un jour Willie commence à poser des questions. Et un jour, les camions n’arrivent plus, la nourriture non plus, la bière non plus…
Et de nouveau tous ils s’esclaffent tandis que je me perds dans la contemplation d’une mouche sur le verre, qui lave ses ailes en haut en bas et frotte ses pattes consciencieusement et ça prend le temps que ça prend et moi j’attends pour boire ma bière qu’elle ait fini sa toilette. Elle s’envole enfin pour se poser sur le bois craquelé et noir de poisse du comptoir et Dan, en train de resservir une Steini de la main gauche, balance sa droite comme un crotale et écrase la mouche tout occupée à lamper une goutte de bibine, et ça me fait soupirer et penser qu’il est des destins pires que le nôtre ou le mien.
Un roman fascinant, autant le dire. Glaçant tout d’abord en dépit de la chaleur, à cause de la violence des rapports humains, à cause de la décrépitude qui atteint le lecteur lui-même. De la pitié pour ces personnages miteux et lamentables. Un peu d’optimisme quand même pour Willie qui fait son apprentissage.
La lune est basse et la lumière pâle de son croissant joue à peine avec le relief qui dort pour de bon sans le moindre souffle de vent pour caresser les herbes et câliner les roches qui ferment leurs yeux fatigués de caillasse.
On est dans un immense désert (américain ou australien ou nulle part), une langue imagée, orale, mais dure, sans fioriture. Le trouble mal défini suinte de partout mais Willie apprend à réfléchir sur le pardon que l’on peut s’accorder à soi-même. Un livre très fort que j'ai dévoré avec hâte.
Je vous conseille l’avis de Delphine. Si vous voulez le lire aussi, je peux vous l’envoyer mais il faut vous inscrire auprès de Delphine.
Je vais faire voyager son deuxième roman, Le Bon, La Brute, etc", j'ai adoré comme j'avais adoré les rats-kangourous ! Si ça t'intéresse tu me le dis, j'attends que Delphine me donne des dates où elle sera plus dispo, mais je peux te l'envoyer en premier, je l'ai dévoré en 3 après-midi (2 heures par après-midi)... Tu me réponds par mail si ça t'intéresse ! Bises :)
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