Jean Genet, L’Atelier d’Alberto Giacometti, 1e édition à L’Arbalète, 1963,
photographies d’Ernest Scheidegger, Paris, Gallimard, 2007.
Un tout petit livre, avec de magnifiques photographies, à lire après une visite au musée.
Une rêverie de Jean Genet au milieu des sculptures de l’atelier, ses réflexions, un écho de ses conversations avec l’artiste. Hommage à l’homme à la peau ridée, créateurs de ces objets mystérieux.
Il sourit. Et toute la peau plissée de son visage se
met à rire. D’une drôle de façon. Les yeux rient, bien sûr, mais le front aussi
(toute sa personne a la couleur grise de son atelier). Par sympathie peut-être
il a pris la couleur de la poussière. Ses dents rient – écartées et grises
aussi – le vent passe à travers.
Il regarde une de ses statues :
LUI. – C’est plutôt biscornu, non ?
Ce mot il le dit souvent. Lui aussi est assez
biscornu. Il gratte sa tête grise, ébouriffée. C’est Annette qui a taillé ses
cheveux. Il remonte son pantalon gris qui tombait sur ses souliers. Il riait il
y a six secondes, mais il vient de toucher à une statue ébauchée : pendant
une demi-minute, il sera tout entier dans le passage de ses doigts à la masse
de terre. Je ne l’intéresse pas du tout.
De petits paragraphes qui se suivent, sans
chronologie. Genet perçoit du sacré, des divinités lointaines dans les
sculptures qui l’impressionnent. Quelque chose de plus profond de l’humain
semble s’être réfugié dans ces têtes minuscules, ces silhouettes longilignes,
ces surfaces crevassées, ces lignes superposées.
Gisèle Freund, Alberto Giacometti, 1964, Paris, musée national d'Art moderne, image RMN.
J'avais visité une expo de ses oeuvres avec un guide, c'est un artiste que j'aime beaucoup.
RépondreSupprimerAlors je te conseille vraiment ce livre. Il est très court et Genet y tient un propos sensible et intelligent. Et les photos sont magnifiques.
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