La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



lundi 6 février 2012

Il était plein de ce bon sens qui confine à la bêtise.


Guy de Maupassant, Les Dimanches d’un bourgeois de Paris, 1880.

Un petit roman de Maupassant... Le héros, Patissot, est employé d’un ministère et convaincu de devoir faire de la marche à pied pour sa santé. Le voilà qui s’équipe de pied en cap (les marchands savent l’encombrer de souliers, gilet, canne, sac à dos…) pour partir en expédition. Se succèdent une promenade dans les bois de la région parisienne où l’on se perd très facilement, une partie de pêche à Bezons, des régates à Argenteuil… et aussi une réunion de femmes revendiquant l’égalité (Maupassant n’est pas hypocrite, il est franchement et grossièrement misogyne, ça passe presque). 
L’ensemble de ces courts chapitres (parus d’abord en nouvelles isolées) forment 120 pages, le récit est conduit rapidement.
Vous l’avez compris, Patissot est un personnage à la fois sérieux et ridicule, un de ces bourgeois dont Maupassant aime à se moquer. Il peut être attachant dans sa quête sans succès de l'âme soeur et sa bonne volonté pour tout bien faire. Mais il reste pathétique et content de lui.

(la fête du 14 juillet organisée par la République)
Ce sera une fête ; ce que M. Patissot, bourgeois de Paris, appelle une fête : une de ces innombrables cohues qui, pendant quinze heures, roulent d’un bout à l’autre de la cité toutes les laideurs physiques chamarrées d’oripeaux, une houle de corps en transpiration où ballotteront, à côté de la lourde commère à rubans tricolores, engraissée derrière son comptoir et geignant d’essoufflement, l’employé rachitique remorquant sa femme et son mioche, l’ouvrier portant le sien à califourchon sur la tête, le provincial ahuri, à la physionomie de crétin stupéfait, le palefrenier rasé légèrement, encore parfumé d’écurie.

Bon, bourgeois ou pas, personne n'en sort indemne. Première vraie participation au défi Maupassant de Margotte (La Moustache n'était qu'une mise en appétit).


Paru bien avant l'ouverture du challenge, un billet sur Bel-Ami.

Georg Eisler, Guy de Maupassant, 1988-89, pastel sur papier gris, Paris, musée national d'Art moderne, image RMN.


2 commentaires:

  1. Voilà un texte peu connu de l'auteur, que je n'ai jamais lu et que j'ai bien envie de découvrir ! Bonne soirée !

    RépondreSupprimer
  2. Je ne sais pas si c'est son meilleur franchement, je suis tombée dessus par hasard.

    RépondreSupprimer

N’hésitez pas à me raconter vos galères de commentaire (enfin, si vous réussissez à les poster !).