L’Artiste selon Balzac. Entre
la toise du savant et le vertige du fou,
catalogue de l’exposition tenue à la Maison de Balzac, Paris musées, 1999.
Cet ouvrage est le catalogue
d’une exposition tenue il y a quelques années à la Maison de Balzac à Paris. Je
n’ai pas vu l’exposition et avais parcouru le livre rapidement il y a quelques
années. Je l’ai relu cette semaine.
Rodin, Buste de Balzac, 1893
bronze, Paris, musée Rodin, RMN
|
Il y a peu de reproductions des
objets alors exposés mais les essais sont très intéressants. L’ouvrage s’ouvre
avec l’article « Des artistes » que Balzac avait fait paraître dans
le journal La Silhouette en 1830. Il y
dresse le portrait de l’artiste romantique comme archétype de tout artiste – en
tordant l’histoire de l’art au passage. Il y montre l’artiste (c’est-à-dire le
génie, c’est-à-dire aussi Napoléon, Galilée et lui-même) inspiré par une force
qui le dépasse, en butte à l’hostilité des médiocres, contraint de se retirer
de la société pour accomplir ses projets de création – en des accents très
proustiens, c’est étonnant.
David d'Angers, les bustes de Bazlac et de Lamartine, Angers, galerie David d'Angers, M&M |
Les essais étudient les figures des différents artistes dans La Comédie humaine, peu d’entre eux sont vraiment grands, ils sont tous incomplets, laissant la place au seul écrivain. On apprend aussi les liens que Balzac entretenait avec les artistes de son temps, en particulier Théophile Bra et le sculpteur David d’Angers.
J’ai appris avec intérêt que, de 1821 à 1824, Balzac tente une première carrière littéraire, sans succès. Face aux échecs répétés, il décide de cesser d’écrire et pendant trois années, il exerce différents métiers du livre : publiciste, éditeur, imprimeur… Tout cela mène à un fiasco financier mais Balzac découvre le rôle du public, les activités de la presse et de l’édition, le grand écrivain doit se faire écrivain populaire. On trouve toutes ces connaissances dans Les Illusions perdues et éparpillées dans son œuvre. Balzac revient au métier de romancier en 1828 et ne tarde pas à concevoir son grand projet de Comédie humaine. J’ignorais l’existence de cette période, mais je trouve ça très intéressant pour comprendre la haine que Balzac entretient vis-à-vis de la critique et des libraires qui asservissent les écrivains. Le Chef d’œuvre inconnu traduit une véritable hantise du génie isolé, en butte à l’incompréhension de ses contemporains. S’explique aussi le combat de Balzac pour la reconnaissance du droit d’auteur et la création d’une Société des gens de lettres, en un siècle où la propriété fait la citoyenneté. Balzac est fasciné par la figure du génie (artistique, scientifique ou politique) à la fois incompris et inapte à la vie en société. Son rêve était ainsi d’écrire la biographie du céramiste Bernard Palissy (qui, selon une légende, aurait brûlé ses propres meubles pour nourrir le feu permettant la création de ses céramiques). Il n’y parvient pas mais le titre de cet ouvrage projeté, Les Souffrances de l’inventeur, est aussi le titre de la partie des Illusions perdues consacrée à David Séchard, imprimeur, inventeur d’une nouvelle pâte à papier et volé par un entrepreneur plus habile.
Picasso, Balzac, 1952, Paris, musée Picasso, M&M |
D’autres essais de l’ouvrage étudient le goût de Balzac pour le magnétisme, les liens qu’il entretenait avec divers musiciens dont Berlioz, les figures des musiciens dans ses romans et enfin, les portraits de Balzac par Picasso. Comme le rappelle Catherine Meurisse, l’atelier de Picasso est à l’adresse de l’atelier de Frenhofer, rue des grands augustins.
Ai-je besoin de dire combien ce livre est intéressant ? Sa lecture constitue une énième participation au challenge Balzac de Marie.
Effectivement, ça a l'air passionnant. Tu l'avais trouvé où?
RépondreSupprimerLa multitude de casquettes que Balzac a endossées, sa curiosité et sa formidable puissance de travail me fascinent toujours.
Pour ce qui est de ses oeuvres de jeunesse, il me semble qu'on peut trouver Annette et le criminel en poche.
Balzac est un auteur vraiment fascinant ! J'ai beaucoup aimé "Le chef-d'oeuvre inconnu" que tu évoques.
RépondreSupprimerJe ne sais plus où j'ai eu le livre. Sans doute en soldes à la Bibliothèque nationale mais rien de sûr.
RépondreSupprimerC'est vrai qu'il a beaucoup produit en quelques années, des romans très différents.
J'ai relu le Chef d'oeuvre inconnu peu de temps avant d'ouvrir le blog, c'est pour cela qu'il n'y a pas de billet dessus.