Guy de Maupassant, Fort comme
la mort, 1e publication 1889.
J’avais envie de lire ce roman
depuis un moment car je savais que le héros était un peintre, ce livre
s’inscrit donc dans le programme du Pont des arts. Mais l’intérêt du livre me
semble ailleurs finalement.
Le héros est Olivier Bertin,
peintre consacré, qui voit émerger avec énervement ceux que l’on n’appelle pas
encore les impressionnistes :
« quatre ou cinq jeunes
peintres qui, doués de réelles qualités de coloristes, et les exagérant pour
l’effet, avaient la prétention d’être des révolutionnaires et des rénovateurs
de génie. »
Olivier a une vie tranquille de célibataire,
entre son travail, ses activités au Cercle et sa maîtresse, l’adorable comtesse
de Guilleroy. L’entrée dans le monde d’Annette, fille de la comtesse, son
double rajeuni, perturbe tout ce bel équilibre. Le livre constitue une
réflexion douce-amère sur la vieillesse et le passage du temps. Le peintre et
la comtesse assistent tous deux à la flétrissure de leurs traits, à la perte
d’éclat de leur teint, à la montée en puissance de nouvelles beautés et de
nouveaux artistes. Olivier, pré-proustien, s’émerveille de constater que des
parfums subtils lui évoquent quelquefois des pans entiers de son passé enfoui.
En plus de cette amertume et de cette douleur, Olivier, célibataire endurci –
comme Maupassant – souffre de sa solitude. Il aime et est aimé, connaît la
complicité d’un couple forgé au fil des jours et des ans, ces deux-là vivent à
l’unisson l’un de l’autre mais il n’est pas l’époux. Pas question pour lui de
partager les doux moments d’intimité quotidienne et doit passer ses soirées
seul. Ces réflexions se font sur un mode sensible et humain, comme toujours
Maupassant est un observateur tendre et attentif de ses contemporains.
Degas, Portraits à la Bourse, vers 1878/79.
Paris, musée d'Orsay, image RMN.
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Le roman se déroule
essentiellement à Paris, dans les salons mondains dont l’hypocrisie est
dénoncée et à l’Opéra. Les descriptions de la ville sont très réussies :
parc Monceau la nuit, arbres des boulevards qui perdent leurs feuilles, rues
chauffées par le soleil, l’écriture de Maupassant marie avec élégance et
concision les notes impressionnistes et réalistes.
Mon exemplaire est tout corné et
je n’ai cessé de relever des citations…
À travers la buée de lait qui
baignait les champs, l’horizon s’illimitait, et le silence léger, le silence
vivant de ce grand espace lumineux et tiède était plein de l’inexprimable
espoir, de l’indéfinissable attente qui rendent si douces les nuits d’été. Très
haut dans le ciel, quelques petits nuages longs et minces semblaient faits
d’écailles d’argent. En demeurant quelques secondes immobile, on entendait dans
cette paix nocturne un confus et continu murmure de vie, mille bruits frêles
dont l’harmonie ressemblait d’abord à du silence.
Avec ce roman je clos le challenge Maupassant de Margotte mais pas mon programme de lecture sur Maupassant.
vu le tableau il y a peu lors de l'expo à l'Orsay, du coup, cela me donne envie de me plonger dans la lecture, je note!
RépondreSupprimerJ'ai choisi le tableau pour ces grandes silhouettes noires, caractéristiques de ces hommes de la bonne société. J'espère que le livre te plaira.
RépondreSupprimerTu me donnes aussi envie de le relire.
RépondreSupprimerUn roman que j'ai lu il y a de trèèèèèèèèèèèèèèès nombreuses années dans ma période Maupassant ! J'avais beaucoup aimé et je me rends compte que le temps a fait son oeuvre, il faudrait donc que je le relise comme tous les romans de Maupassant d'ailleurs que j'ai vu dans mon adolescence (oh là là je fais ma vieille ;) )
RépondreSupprimerEt bien voilà, un de plus sur ma liste ! Ton billet me donne une folle envie de lire ce roman de Maupassant... je ne savais pas qu'il se déroule dans le milieu des arts, un bon point de plus pour lui...
RépondreSupprimerEt bravo pour ta participation au challenge !!!
George : mais c'est tellement délicieux de relire... moi je n'en ai pas encore lu beaucoup de lui, je suis encore dans l'émerveillement.
RépondreSupprimerMargotte : oui, je n'en parle guère, mais le portrait de la maîtresse du peintre a son petit rôle. Et on a droit à un portrait haut en couleurs comme il se doit du Salon.
Il fait partie des rares oeuvres de Maupassant que je n'ai pas encore lu : j'ai hâte de le lire, j'aime beaucoup les romans sur les peintres
RépondreSupprimerJe ne connaissais pas mais il est vraiment très réussi !
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