Cet été, j’ai eu une soif de
biographies. En plus de celles de Malaparte et de George Sand dont je vous ai parlé,
place à deux autres ouvrages, consacrés l’un à Virginia Woolf et
l’autre à Thomas Pynchon.
Mary Ann Caws, Virginia Woolf, The Overlook Press, 2004.
Si je n’ai pas tout compris à
cette biographie en anglais, j’ai apprécié les abondantes illustrations et
notamment les peintures de la sœur de l’écrivain. Je suis impressionnée par
toutes les relations qu’entretenait Woolf : des peintres, élèves de
Matisse, des écrivains, Dorothy Bussy traductrice de Gide en anglais,
l’économiste Keynes, Vita Sackeville-West, Robert Fry et son insatiable
curiosité et goût du savoir, Freud, T. S. Eliot, etc. Mais l’ouvrage est très
centré sur la vie et néglige l’analyse des œuvres. Il n’y a pas grand-chose sur
le travail de l’écrivain (les éditions Hogarth press par exemple).
V. Woolf, dessin de R. Kennedy, image scannée du livre |
À propos de Proust
« Oh, if I could write like
that ! I cry. And at the moment such is the astonishing vibration and
saturation and intensification that he procures – theres something sexual in it
– that I feel I can write like that, and
seize my pen and then I can’t
write like that. »
« And so I go on to suppose
that the shock-receiving capacity is what makes me a writer… I make it real by
putting it into words. It is only by putting it into words that I make it
whole ; this wholeness means that it has lost its power to hurt me ;
it gives me, perhaps because by doing so I take away the pain, a great delight
to put the severed parts together. Perhaps this is the strongest pleasure know
to me… making a scene come right ; making a character come
together. »
Face à Pynchon, livre collectif, édité par Le Cherche midi, 2008.
J’aime beaucoup le romancier
américain Pynchon même s’il m’embarrasse souvent. Ici j’ai parlé de V. et de Vice caché mais il m’est arrivé de reposer ses
livres en ayant plutôt aimé mais en étant incapable d’en parler. C’est un
auteur fascinant dont les romans sont foisonnants, déroutants, plaçant en
permanence le lecteur en une position instable et glissante. J’ai donc lu en
diagonale intéressée ce livre qui lui est consacré.
Il y a d’abord une longue
introduction pour essayer de faire le point sur la biographie de Pynchon,
c’est-à-dire presque rien, puisqu’il vit à l’écart du monde depuis des années,
publiant simplement des romans, des articles de science et de musique. Parmi
les textes intéressants, celui du traducteur de Pynchon, Claro. Parmi les
informations étonnantes, le projet d’Orson Wells d’adapter Vente à la criée
du lot 49. Il y a surtout beaucoup de
choses sur la littérature américaine et sur la place que Pynchon y occupe. Je n’ai
pas tout lu mais cela m’a bien intéressée et je compte continuer à lire cet
auteur.
Laird Hunt (écrivain) :
J’avais lu des choses élégantes,
des choses d’une fluidité parfaite, des choses écrites une tasse de thé ou un
verre d’alcool exquis à la main ou à l’esprit. Ne vous méprenez pas, j’apprécie
encore énormément la plupart de ces tours de force des belles lettres (que je
nommerai pas), mais j’avais 23 ans et j’attendais désespérément de trouver un
moyen de laisser de côté ma pipe et mon monocle imaginaires et de me mettre
enfin au travail, nom d’un chien. J’étais insensible à Bukowski, j’avais déjà
fait une overdose du puissant Faulkner, je savais pertinemment qu’il n’y avait
aucun avenir à imiter Hemingway (et qu’il n’y en avait jamais eu aucun), et
j’adorais Gertrude Stein mais n’avais encore aucune idée de ce que je pourrais
en faire. Je fréquentais la jack Kerouac School of Disembodied Poetics à
l’Université Naropa de Boulder (Colorado) où l’on m’avait bourré des écrits des
auteurs de la Beat Generation (ce qui ne fut d’ailleurs pas entièrement
improductif). Kerouac et Ginsberg m’avaient fait réfléchir longuement et
attentivement à la nécessité de se soucier de la façon dont même la plus
modeste des proses devait pouvoir être scandée, mais mes camarades de classe et
un bon nombre de professeurs invités frisaient la mièvrerie en s’extasiant sur
les envolées verbales (« howl », « holy »,
« cosmic », « starry »)
de ces grands voyageurs. Si bien que ce qui devait venir devait nécessairement
venir d’ailleurs.
Et c’est à ce moment que Mr Pynchon entra en scène.
Et c’est à ce moment que Mr Pynchon entra en scène.
Tom Robbins
Mark Twain est d’accord avec le
fait que la différence entre le mot parfait et celui qui est, seulement
adéquat, est la même qu’entre un coup de foudre et une coupure d’électricité.
OK, bon vent, Zeus ! Envoie les péquins moyens aux confins de
l’orage ! Pynchon a déjà le doigt sur la gâchette de la foudre.
Pierre Senges (excellent !)
Le grand roman américain, entre
autres choses, c’est infini + pâte dentifrice, ou angoisse de la mort + boîte
aux lettres déglinguée (et ainsi de suite : Idées + bagels ;
ontologie + base ball) – déjà Steinbeck confiait à des agriculteurs
empoussiérés des amorces de discours sur la providence, en des termes agricoles
ponctués de coups de pied donnés dans des pneus, et de rappels à la modestie.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
N’hésitez pas à me raconter vos galères de commentaire (enfin, si vous réussissez à les poster !).