Catulle Mendès, Médée, 1e représentation 1898, avec Sarah
Bernhardt, édité en 1903.
Et, pour moi une dernière version
du mythe de Médée. Qu’y apporte Mendès ?
Le texte contient des didascalies
longues et détaillées, précisant avec soin l’intensité de la lumière. La pièce
se déroule à partir d’une après-midi jusqu’à l’aube suivante et la lune et le
soleil jouent leur rôle dans l’expression du drame.
Mendès reprend les chœurs comme
dans les pièces antiques. Il y a trois chœurs, un de jeunes filles, un de
jeunes femmes et de vieilles femmes, ce qui permet des morceaux très poétiques
lors de la célébration des noces de Créuse, des plaintes de Médée ou de la mort
des enfants. Les sentiments et les violences subies par les femmes se déclinent
ainsi selon les âges de la vie.
Il y a une insistance sur les
modalités concrètes de la magie de Médée : description du temple, des
poisons, des animaux, des spectres. Tout cela renforce sa noirceur et sa
cruauté. Il est certain que cette pièce devait laisser toute liberté à Sarah
Bernhardt pour exprimer son talent dans le portrait d’une femme passionnée,
sensuelle, entière.
Mais Jason est une figure
également plus sombre. Ce n’est pas seulement un lâche un peu minable comme dans
Corneille, mais un homme avide de pouvoir et de puissance, mentant à plusieurs
reprises à Médée, jouant consciemment de sa séduction pour apaiser sa fureur.
Une des scènes entre Médée et Jason est d’ailleurs pleine d’ambiguïté. Pleine
de sensualité, il est difficile de savoir jusqu’où la manipulation intervient
chez les deux personnages.
Je t’aime comme aux jours effrayants où nous primes
Dans nos premiers baisers le prix des premiers crimes,
Et le goût d’en oser d’autres, au même prix !
Oh ! combien pour mon cœur mon cœur a de mépris !
C’est une pièce où la langue est forte,
elle contient beaucoup de termes concrets, ce qui confère une puissance
singulière aux dialogues.
Femme à l’atroce cœur, j’ai su que
tu parlais !
Ta malédiction plane sur le
palais
Comme une grande orfraie aux
battements funèbres
Va-t-en d’ici ! Va-t-en,
femme aux yeux de ténèbres.
Notez que l'on peut voir plusieurs photos de la pièce sur Gallica. Article d'Eimelle avec le bracelet serpent porté par la comédienne.
Demain, je vous parle de la Médée de Pasolini. Et dans quelques jours, je conclus le challenge avec une ou deux curiosités.
que de versions de cette oeuvre...
RépondreSupprimerje vais peut-être bien ressortir mon DVD de Pasolini ce soir, tiens! bonne journée!
Il faut que je trouve cette version impérativement.
RépondreSupprimerEimelle : Pasolini c'est pour demain !
RépondreSupprimerSophie : J'ai trouvé une mauvaise version sur internet à partir duquel j'ai fabriqué un word plein de coquilles... Ce qui est bête, c'est qu'il y a sur Gallica l'affiche, les photos du décor et de Sarah Benhardt, mais le texte n'est pas numérisé.