Gustav Wied, La Méchanceté de
la vie, traduit du danois par Nils Ahl, 1e
publication en 1899, édité en France chez Ginkgo en 2004.
Un roman étrange, nous installant
au sein de la bourgeoisie d’une petite ville du Danemark à la fin du XIXe
siècle. Il y a les notables, gros mangeurs et gros buveurs, et leurs épouses
pincées, un consul, un professeur et le douanier Knagsted. Aux mains velues, ce
dernier est d’abord surnommé Esaü et puis une des bonnes dames l’appelle
« la méchanceté de la vie ». Il est peut-être plus méchant, plus
cynique, moins soumis aux bonnes manières, aux conventions, plus lucide, il
parle plus crûment et met les autres mal à l’aise. Il y a aussi Thomsen, petit
homme bizarre dont toute l’existence est tendue vers un seul but :
racheter la ferme familiale perdue par son père ruiné. Nous suivons
principalement son parcours, entre les visions qu’il a, ses stratégies d’avare
et l’avancement de ses affaires.
Livre curieux qui tout d’abord ne
m’a guère plu, à cause de son aspect un peu décousu, puis parce que la
compagnie de Thomsen tape vite sur les nerfs. Et pourtant, le portrait des
différents personnages est plutôt réussi, ainsi que celui de cette communauté
étriquée, imbue d’elle-même et passablement hypocrite. Les instants de grâce
font vite place à une réalité plus brutale dans cette petite communauté.
C’était un soir de réunion pour la confrérie du « Glouton Danois ».
Si l’on considère la date d’écriture,
je trouve que l’écriture de cette réalité fragmentée est plutôt moderne. Grâce
aux notes, on comprend que la langue repose sur de nombreux jeux de mots et que
l’auteur se moque de ses personnages.
Buste de Wied par Elise Brandes à Roskilde, 1908, image Wiki. |
-
Les virgules,
oui ! Quand je lis un livre, je les compte et je les recense.
Le pédagogue resta stupide :
-
Ouit, tenta-t-il – oui, … mais je ne crois pas… que tu
puisses alors t’intéresser au contenu des livres.
-
Non, concéda le troll des bois. – mais tant qu’il y a
des virgules, ça va.
(...)
Puis il retourna dans son salon.
Au milieu de la pièce, il resta immobile un instant et passa pensivement ses
doigts dans ses cheveux. Puis il fit un grand pas vers la bibliothèque et prit
un livre sur la deuxième étagère en partant du bas. Il sourit, pour moitié
plein d’espérance, pour moitié gêné, et s’assit avec son livre à sa table de
travail.
Il avait ressenti un
irrépressible besoin de vérifier combien de points d’exclamations comptait le Richard
III de Shakespeare…
Bon sang, je suis une adepte des points d'exclamations, comme Shakespear !
RépondreSupprimerMais de là à les compter...
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