La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



mardi 14 janvier 2014

Une libraire, je vous le demande ! qui achète des livres ? on les emprunte !


Gustav Wied, La Méchanceté de la vie, traduit du danois par Nils Ahl, 1e publication en 1899, édité en France chez Ginkgo en 2004.

Un roman étrange, nous installant au sein de la bourgeoisie d’une petite ville du Danemark à la fin du XIXe siècle. Il y a les notables, gros mangeurs et gros buveurs, et leurs épouses pincées, un consul, un professeur et le douanier Knagsted. Aux mains velues, ce dernier est d’abord surnommé Esaü et puis une des bonnes dames l’appelle « la méchanceté de la vie ». Il est peut-être plus méchant, plus cynique, moins soumis aux bonnes manières, aux conventions, plus lucide, il parle plus crûment et met les autres mal à l’aise. Il y a aussi Thomsen, petit homme bizarre dont toute l’existence est tendue vers un seul but : racheter la ferme familiale perdue par son père ruiné. Nous suivons principalement son parcours, entre les visions qu’il a, ses stratégies d’avare et l’avancement de ses affaires.
Livre curieux qui tout d’abord ne m’a guère plu, à cause de son aspect un peu décousu, puis parce que la compagnie de Thomsen tape vite sur les nerfs. Et pourtant, le portrait des différents personnages est plutôt réussi, ainsi que celui de cette communauté étriquée, imbue d’elle-même et passablement hypocrite. Les instants de grâce font vite place à une réalité plus brutale dans cette petite communauté.

C’était un soir de réunion pour la confrérie du « Glouton Danois ».

Si l’on considère la date d’écriture, je trouve que l’écriture de cette réalité fragmentée est plutôt moderne. Grâce aux notes, on comprend que la langue repose sur de nombreux jeux de mots et que l’auteur se moque de ses personnages.

Buste de Wied par Elise Brandes à Roskilde, 1908, image Wiki.
-       Les virgules, oui ! Quand je lis un livre, je les compte et je les recense.
Le pédagogue resta stupide :
-       Ouit, tenta-t-il – oui, … mais je ne crois pas… que tu puisses alors t’intéresser au contenu des livres.
-       Non, concéda le troll des bois. – mais tant qu’il y a des virgules, ça va.
 (...)
Puis il retourna dans son salon. Au milieu de la pièce, il resta immobile un instant et passa pensivement ses doigts dans ses cheveux. Puis il fit un grand pas vers la bibliothèque et prit un livre sur la deuxième étagère en partant du bas. Il sourit, pour moitié plein d’espérance, pour moitié gêné, et s’assit avec son livre à sa table de travail.
Il avait ressenti un irrépressible besoin de vérifier combien de points d’exclamations comptait le Richard III de Shakespeare…

2 commentaires:

Alex Mot-à-Mots a dit…

Bon sang, je suis une adepte des points d'exclamations, comme Shakespear !

nathalie a dit…

Mais de là à les compter...