Robert Louis Stevenson, En
canoë sur les rivières du Nord, traduit de
l’anglais par Léon Bocquet, publié en 1878.
C’est reparti avec Stevenson,
cette fois-ci en canoë, sur les rivières de la Belgique et du Nord de la
France. Quelle drôle d’idée ! Il y a peu de tourisme de randonneurs à
cette époque (1876) en France et tout le monde se demande ce que veulent ces Anglais
bizarres qui pagaient sur une zone de frontière. On les prend pour des
colporteurs, des artistes, des espions allemands… Dans le livre, les voyageurs
sont désignés par le nom des bateaux, la Cigarette et l’Aréthuse, et on n’en
saura pas plus. L’essentiel du récit est occupé par des considérations sur les
aubergistes, les repas, l’accueil reçu, la pluie, le vent, le froid. Quand il
fait beau, il n’y a plus rien à raconter.
Elle abonde en détours comme ces flots, votre sinueuse rivière de l’Oise, elle s’attarde et serpente dans d’agrestes sites délicieux et, cependant, à y bien réfléchir, elle ne revient en arrière jamais… Revisiterait-elle, en effet, le même arpent de pré dans la même heure, elle aura décrit une ample courbe entre-temps ; beaucoup de petits ruisseaux s’y seront jetés ; elle aura, souventes fois, fait monter la brume de ses eaux vers le soleil et quand même ce serait le même arpent de pré, ce ne serait plus tout à fait la même rivière de l’Oise.
J’ai pris conscience à quel point
Stevenson aimait et connaissait la France. Son voyage dans les Cévennes est
plus connu, mais il prend place dans un ensemble de pérégrinations. Par
ailleurs, comme pour Flaubert et Descamps en Bretagne, les voyageurs se
heurtent à la curiosité et à l’incompréhension des indigènes qui ne
reconnaissent pas toujours la langue anglaise.
Frontispice original. Image Wiki. |
Les gens les moins nerveux se lassent à la fin d’être continuellement trempés par la pluie, sauf, bien entendu, dans les Highlands d’Écosse où il n’y a pas assez de moments de beau temps pour s’apercevoir de la différence.
C’est un livre avec beaucoup
d’humour sarcastique et froid, sans notes historiques. Le narrateur raconte ses
rêveries au fil de l’eau sur les hommes, les caractères, les pays. On ressent
de sa part un véritable amour de la rivière, des arbres et des humains qui habitent
le paysage, notamment des pêcheurs à la ligne.
Je n’ai d’estime que pour le
poisson cuisiné à la sauce, tandis qu’un pêcheur à la ligne fait
essentiellement partie du décor d’une rivière et, par conséquent, mérite bien
quelque reconnaissance de la part des canotiers.
À la fin, Stevenson ne peut s'empêcher de revenir sur sa rupture avec son père - il n'a pas suivi le chemin tout tracé :
« Nous ne sommes pas tous
des filateurs de coton », ou du moins, pas exclusivement. L’humanité
compte encore des hommes qui entendent vivre et la jeunesse trouvera en maintes
circonstances un mot hardi pour renoncer à un opulent bien-être et à une
situation toute faite afin de courir les routes sac au dos.
Challenge victorien. L'avis de Keisha.
Un auteur avec lequel je n'ai jamais accroché.
RépondreSupprimerj'ai dans ma bibli un gros pavé de Stevenson avec tous ses récits de voyage mais le livre est tellement lourd que j'ai toujours renoncé à le lire
RépondreSupprimertu me donnes un remord là
J'ai malheureusement l'impression qu'on ne lit pas toujours Stevenson pour de bonnes raisons ou que ses meilleurs écrits ne sont pas les plus connus. Il faut reconnaître que son talent peut être assez inégal. Ce texte-ci est vraiment très plaisant.
RépondreSupprimerJ'ai toujours beaucoup aimé ces récits de voyage anciens mais j'apprécie que ton billet me rappelle qu'il m'en reste encore beaucoup à lire dont ceux de Stevenson en particulier.
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