Guy de Maupassant, Pierre et Jean, 1887.
Un petit grand roman, comme
souvent chez Maupassant.
Le livre s’ouvre par une partie
de pêche, au large du Havre. L’histoire se passe au sein de la famille Roland,
un bijoutier en retraite, doté d’une charmante femme et de deux fils, Pierre et
Jean, un brun impulsif et un blond tout doux. Un héritage arrive et vient tout
compliquer, en entraînant la joie, la jalousie, la suspicion. Le tout, avec une
jolie veuve dans les parages.
« Vous avez cependant fait une belle pêche. » Mais son mari remuait la tête pour dire non, tout en jetant un coup d’œil bienveillant sur le panier où le poisson capturé par les trois hommes palpitait vaguement encore, avec un bruit doux d’écailles gluantes et de nageoires soulevées, d’efforts impuissants et mous, et de bâillements dans l’air mortel.
Encore une fois, Maupassant nous
raconte une histoire simple et cruelle. Celle d’une famille ordinaire, où la
femme aime rêvasser tandis que le mari est un balourd, où les enfants s’aiment
en ne se supportant pas. Un mort et l’arrivée de l’argent bouleversent les
projets et les situations, font en sorte que chacun se voit contraint de
réfléchir sur ses liens familiaux et examinent d’un œil neuf ceux qui
l’entourent (sauf le père qui a un bon sens plein d’évidence). L’auteur plonge
dans le huit clos d’une petite famille, sur les moments de tension – les repas
– et sur les lieux de torture et d’apaisement – la chambre. Chacun se révèle
plus complexe que prévu, le doux capable de résolu, l’impulsif en quête
d’affection. Bien sûr, finalement, rien ne se passe comme on aurait pu l’attendre
ou comme un esprit bourgeois aurait pu l’envisager.
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Boudin, La Plage à Trouville, 1865, Princeton University Art Museum, M&M. |
Maupassant se livre à une très
fine analyse des émotions, des sentiments, des personnalités, des
contradictions intimes, des espoirs déçus mais jamais oubliés : c’est un
maître !
Je note l’utilisation des sirènes
des bateaux dans un but résolument expressif – car le paysage des villes
reflète lui aussi l’âme des personnages.
Un plaisir de lecture.
Elle avait un air calme et
raisonnable, un air heureux et bon qui plaisait à voir. Selon le mot de son
fils Pierre, elle savait le prix de l’argent, ce qui ne l’empêchait point de
goûter le charme du rêve. Elle aimait les lectures, les romans et les poésies,
non pour leur valeur d’art, mais pour la songerie mélancolique et tendre qu’ils
éveillaient en elle. Un vers, souvent banal, souvent mauvais, faisait vibrer la
petite corde, comme elle disait, lui donnait la sensation d’un désir mystérieux
presque réalisé. Et elle se complaisait à ces émotions légères qui troublaient
un peu son âme bien tenue comme un livre de comptes.
L’avis d’Alfie.
C'est étrange... Je viens de relire mon avis, et je ne me souviens quasiment pas de moi émotion de lecture... À voir si Maupassant est un auteur qui me convient réellement...
RépondreSupprimerTu avais aimé sur le moment, mais l'histoire est d'une grande simplicité, basée sur la psychologie, c'est peut-être pour ça qu'il n'en reste pas grand-chose.
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