La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



samedi 30 décembre 2017

Vous eussiez dit d’un nuage gris, là où naguère pétillait le soleil.

Pour finir l'année, un point sur plusieurs "petits" Honoré de Balzac lus pendant mes voyages en train.

Honoré de Balzac, Adieu, 1830.
Au cours d’une promenade, deux hommes tombent par hasard sur une maison isolée où se tient une folle. C’est alors que l’on apprend ce qui s’est passé plusieurs années auparavant entre l’un des hommes et cette femme.
J’ai eu l’attention attiré par cette très belle nouvelle par Dominique. Le récit au cadre champêtre et charmant a pour toile de fond le passage de la Bérézina et la désastreuse retraite de Russie où se sont détruits plusieurs personnages de la Comédie humaine. Le récit est terrible et effrayant (et malheureusement réaliste) et le destin de la jeune femme est tragique. On est ici dans une veine très romantique, là où Balzac est le meilleur, où les sentiments prennent le contrôle des personnages.

Chacun des individus réunis par le hasard autour de ce feu gardait un silence qui avait quelque chose d’horrible, et ne faisait que ce qu’il jugeait nécessaire à son bien-être. Cette misère était grotesque. Les figures, décomposées par le froid, étaient enduites d’une couche de boue sur laquelle les larmes traçaient, à partir des yeux jusqu’au bas des joues, un sillon qui attestaient l’épaisseur de ce masque.

Honoré de Balzac, Le Message, 1832.
Un jeune homme est chargé d’annoncer la mort de son jeune amant à une épouse. Une nouvelle avec de très belles pages qui prend place dans un cadre champêtre et qui n’est pas sans évoquer Le Lys dans la vallée, dans une version plus tragique.

J’ai toujours eu le désir de raconter une histoire simple et vraie, au récit de laquelle un jeune homme et sa maîtresse fussent saisis de frayeur et se réfugiassent au cœur l’un de l’autre, comme deux enfants qui se serrent en rencontrant un serpent sur le bord d’un bois.
Sisley, La Station de Sèvres, 1879, privé.

Et deux romans que j'ai abandonnés (vous êtes prévenus !).

Honoré de Balzac, Une ténébreuse affaire, 1841.

Un petit roman que j’ai laissé tomber au bout d’une trentaine de pages à cause d’un travers courant chez Balzac. Il aime dresser une intrigue complexe dès le début afin de lancer son roman, mais le lecteur se retrouve noyé dans un truc incompréhensible où il y a des enjeux financiers, des règlements de compte post révolutionnaires et un complot pro/contre bonapartiste. Mais enfin !
Pourtant je dois dire que la page Wikipedia du roman donne plutôt envie, surtout si Napoléon lui-même apparaît, mais cela a l’air bien compliqué.

Honoré de Balzac, Le contrat de mariage, 1835.
Encore un échec pour moi : on se prend un long laïus de de Marsay contre le mariage et on sent gros comme une maison que ça va mal finir. Je n’aime pas du tout cet aspect prévisible, où l’on sent que les personnages doivent ployer sous la volonté du romancier de faire une thèse.



2 commentaires:

Dominique a dit…

Echange de bon procédé, tu as lu les Adieux et je vais m'empresser de lire Le message
je suis un peu comme toi je bloque sur certains des romans

nathalie a dit…

Balzac met trop d'ambition dans ses romans, alors que les nouvelles ont un ton souvent plus irréel. Je te conseille également Sarrasine, très belle nouvelle.