La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



jeudi 17 juillet 2025

Le monde qui m'entoure ne serait-il pas pure hallucination ?

 

Stanislas Lem, Le Congrès de futurologie, première publication 1971, traduit du polonais par Anna Labedzka et Dominique Sila, édité en France par Actes Sud.

Le narrateur (astronome américain) se rend au huitième congrès de futurologie, qui se déroule dans un pays qui n'est pas exactement le Costa Rica et qui portera sur les enjeux de la surpopulation. Il est à la fois confiant et sur la défensive, un peu sceptique, et évolue dans un monde un peu loufoque et différent. Cela reste toutefois un monde où les pays d'Amérique latine sont soumis à des coups d'état et à l'intervention de l'armée et de Washington. Alors qu'une révolution éclate et détruit l'hôtel où il se trouve et alors que l'eau du robinet a été empoisonnée par une substance qui rend tout le monde plein de bonté, le voici enlevé, tué, sauvé, BIS, TER et le narrateur se réveille en 2039 dans un monde où tout est régi par la chimie. Un monde où les mots ont changé de sens et où des molécules de ceci et de cela conditionnent notre perception.

Je tentait d'attaquer le journal de front, mais mon élan fut brisé au beau milieu de l'éditorial traitant des esquivards et des soustractaires. Je n'eus guère plus de chance avec les nouvelles de l'étranger. En Turquie, on observe d'importantes fuiltres de désimules, ainsi que de nombreux natalots clandestins que le centre local de démopression est impuissant à combattre.

Ai-je dit que c'était loufoque ? Oui, mais c'est drôle et malin et habile aussi. J'aurais du mal à en parler longuement, mais j'ai passé un bon moment de lecture, appréciant les différentes trouvailles de la narration et du langage.

Picasso, Tête d'homme, 1971 Madrid fondation Ruiz Picasso


Il est vrai que plus d'une fois, surtout au retour de mes premiers voyages, il m'est arrivé de jeter un regard plein d'anxiété sur la Terre : n'allais-je pas trouver à sa place un objet en forme de pomme de terre sautée ? C'est pourquoi je ne fis guère de difficultés et me contentai de signaler que la futurologie n'était pas ma spécialité. Tarantoga répliqua que le pompage n'était en général la spécialité de personne, ce qui ne nous empêchait nullement d'accourir à nos postes au cri de : « Tous aux pompes ! »

(c'est presque le début)
(j'ai vérifié et les Shadoks datent de 1968)

Comme on le sait, les savants se divisent aujourd'hui en deux catégories : les stationnaires et les ambulants. Les savants stationnaires s'adonnent comme autrefois à diverses recherches, tandis que les ambulants participent à toutes sortes de conférences et congrès internationaux.
(c'est doucement irrévérencieux)

Mais c'est la langue qui a subi le plus grand nombre de changements. On dit : moureur (de « mourir », comme coureur de « courir ». On peut mourir et revivre plusieurs fois, d'où l'usage de ce substantif. Mais il y a aussi : teigner, teignoire (comme baigner, baignoire) et craindre, craignoire. Je n'ai aucune idée de ce que cela signifie. (…)


C'est une nouvelle participation à l'objectif SF de Sandrine (et je crois que je commence à arriver au bout de mes possibilités).




2 commentaires:

  1. Visiblement le traducteur a eu du travail!!!
    Loufoque ça me va.
    (oui, les Shadocks pompaient..)

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