Daniel Defoe, Moll Flanders, traduit de l’anglais par Marcel Schwob, travail
revu par Francis Ledoux, 1e éd. 1722, Paris, Gallimard, 1969.
Disons-le tout net : c’est
une déception. Pourtant tout avait bien commencé. Quand j’ai vu, sans doute
chez George, qu’il y avait une Lecture Commune autour de Moll Flanders, je n’ai pas hésité. Un roman du XVIIIe
siècle, comment dire non ? Surtout aussi connu, avec une de ces héroïnes
féminines qu’en connaît alors la littérature, hop !
Le vrai titre est Heurs et
malheurs de la célèbre Moll Flanders, qui naquit à Newgate, et, pendant une vie
continuellement variée qui dura 60 ans, et plus de son enfance, fut 12 ans une
catin, cinq fois une épouse (dont une fois celle de son propre frère), douze
ans une voleuse, huit ans déportée pour ses crimes en Virginie, et enfin devint
riche, vécut honnête et mourut pénitente. D’après ses propres mémorandums.
C’est Moll qui raconte sa vie. Fille de
voleuse, née en prison, placée, puis se débrouillant comme elle peut dans la vie.
C’est un roman très intéressant sur la vie des femmes au XVIIIe
siècle où l’on comprend à quel point elles n’ont aucune existence. En l’absence
de revenus personnels (rentes), il est nécessaire de se trouver un mari.
L’essentiel de l’intrigue tient là : Moll est seule et doit trouver un
époux, si possible bon et travailleur, avec des revenus. Elle détaille toutes
les stratégies pour parvenir à ses fins (en mettant à nu les mœurs des femmes
et des hommes), mais à chaque fois ou presque le mari trouvé meurt, disparaît
ou connaît quelque malheur et tout est à reprendre à zéro. D’où cette
succession de mariages, unique possibilité pour une femme d’échapper à la
misère. C’est ainsi que s’enchaînent les péripéties et sa vie. On apprend
beaucoup aussi sur ce que l’on peut faire d’un enfant à Londres quand on est
une femme seule, sur les techniques des voleurs et sur les prisons du royaume.
Tout est cela est donc très intéressant.
William Hogarth, Les Quatre Temps du jour :
Matin, Covent Garden, église
Saint-Paul, 1738
Londres, British
Museum. Image RMN.
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Mais j’avoue avoir calé sur
l’écriture. Elle est rapide mais ne détaille pas les émois intérieures de la
narratrice, toute d’efficacité dans sa lutte contre la pauvreté. En lisant le
début j’avais pensé à un roman plus ironique mais en réalité ce n’est pas tant
le cas. Disons que le roman demeure ambigu, ne se moquant pas réellement des hypocrisies
de cette société même si Moll révèle à certains moments une tension entre
différents désirs. Je crois en réalité que c’est un peu trop factuel pour moi.
Une Lecture Commune avec... d'ignobles lâcheuses... pas grave, je vous attends les filles.
super de mettre un lien pour lire et écouter le texte. merci nat!
RépondreSupprimeroui surtout si tu veux réviser ton anglais !
RépondreSupprimerTiens, tiens, j'avais envie de le lire un jour... votre résumé me décourage. Ça me rappelle un roman prétendument traduit par Alexandre Dumas, qui racontait les exploits d'un chasseur en Afrique. La préface de Dumas dans laquelle il décrit sa rencontre avec l'auteur était captivante... puis le livre, une succession de faits manifestement alignés par un écrivain en chambre, m'est tombé des mains! Autant lire Dickens!
RépondreSupprimerBLEAK HOUSE en anglais une merveille!
RépondreSupprimerJe ne veux pas non plus décourager les volontaires... Je pense que c'est très intéressant et que l'on apprend plein de choses sur le 18e anglais mais d'un point de vue littéraire j'avoue ne pas avoir été conquise.
RépondreSupprimerJ'en ai tellement lu de livres de ce genre dans l'Angleterre populeuse, affamée, les grandeurs et décadences des courtisanes que ça ne me tente plus vraiment ! Peut-être un jour, je ne ferme pas la porte non plus, mais j'ai plutôt envie d'explorer des terres inconnues jusque là ! Et il y a de quoi faire :) Merci pour le lien ! On a toujours besoin d'improve son anglais...
RépondreSupprimerAsphodèle : l'originalité c'est la date (1722), on n'est pas dans Dickens. Et le point de vue féminin, sans aucune sentimentalité, mais totalement efficace et décomplexé.
RépondreSupprimercomplètement perdue dans les lectures communes ! Je manque d'organisation.
RépondreSupprimerbisous
Je suis un poil spécial niveau organisation il faut reconnaître, ça peut être un peu effrayant.
RépondreSupprimerMince, je manque de temps, ce Bleak House a l'air vachement tentant!
RépondreSupprimerJe vous recommande un livre excellent : L'Escalier de Riceyman d'Arnold Bennett (balzacien et cruel dans le genre étude de caractère, en l'occurrence le radin maladif).
Je ne connais pas du tout ce Bennett-là, c'est fou tout ce qu'il y a lire décidément !
RépondreSupprimerJ'ai cité ce livre en espérant que quelqu'un l'aurait lu...
RépondreSupprimerPersonne? Ohé!
J'ai entendu dire plusieurs fois que Marseille était un désert culturel particulièrement pauvre en librairies. C'est vrai?
Vous achetez vos livres par Internet?
Mais on peut lancer un appel pour voir si ça dit quelque chose à quelqu'un.
RépondreSupprimerJe proteste contre la réputation de Marseille (un désert culturel du point de vue des musées mais pas des librairies). En plus des Fnac et Virgin où je ne vais jamais, il y a des librairies indépendantes (les liens sont en bas du blog, rubrique "lieux de perdition") où j'achète les livres récents et neufs, un Gibert où je revends et où j'achète les poches d'occasion et Internet pour tout et n'importe quoi. En matière de livres, je mange à tous les râteliers.
A la bonne heure! Je ne sais plus quoi penser de l'avenir des librairies. Certains libraires se plaignent, ce qui est barbant, et Internet est une mine. En tout cas, votre réponse est épatante : prendre les nouveautés chez le libraire du coin, c'est en quelque sorte un geste écolo!
RépondreSupprimerJe vais peut-être me lancer dans Vie et Destin. Merci pour votre réponse.