La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



vendredi 16 décembre 2011

Mais j'en arrive à mon propre cas, lequel ne manquait pas à ce moment de délicatesse.


Daniel Defoe, Moll Flanders, traduit de l’anglais par Marcel Schwob, travail revu par Francis Ledoux, 1e éd. 1722, Paris, Gallimard, 1969.

Disons-le tout net : c’est une déception. Pourtant tout avait bien commencé. Quand j’ai vu, sans doute chez George, qu’il y avait une Lecture Commune autour de Moll Flanders, je n’ai pas hésité. Un roman du XVIIIe siècle, comment dire non ? Surtout aussi connu, avec une de ces héroïnes féminines qu’en connaît alors la littérature, hop !

Le vrai titre est Heurs et malheurs de la célèbre Moll Flanders, qui naquit à Newgate, et, pendant une vie continuellement variée qui dura 60 ans, et plus de son enfance, fut 12 ans une catin, cinq fois une épouse (dont une fois celle de son propre frère), douze ans une voleuse, huit ans déportée pour ses crimes en Virginie, et enfin devint riche, vécut honnête et mourut pénitente. D’après ses propres mémorandums
C’est Moll qui raconte sa vie. Fille de voleuse, née en prison, placée, puis se débrouillant comme elle peut dans la vie. C’est un roman très intéressant sur la vie des femmes au XVIIIe siècle où l’on comprend à quel point elles n’ont aucune existence. En l’absence de revenus personnels (rentes), il est nécessaire de se trouver un mari. L’essentiel de l’intrigue tient là : Moll est seule et doit trouver un époux, si possible bon et travailleur, avec des revenus. Elle détaille toutes les stratégies pour parvenir à ses fins (en mettant à nu les mœurs des femmes et des hommes), mais à chaque fois ou presque le mari trouvé meurt, disparaît ou connaît quelque malheur et tout est à reprendre à zéro. D’où cette succession de mariages, unique possibilité pour une femme d’échapper à la misère. C’est ainsi que s’enchaînent les péripéties et sa vie. On apprend beaucoup aussi sur ce que l’on peut faire d’un enfant à Londres quand on est une femme seule, sur les techniques des voleurs et sur les prisons du royaume. Tout est cela est donc très intéressant.

William Hogarth, Les Quatre Temps du jour : 
Matin, Covent Garden, église Saint-Paul, 1738
 Londres, British Museum. Image RMN.

Mais j’avoue avoir calé sur l’écriture. Elle est rapide mais ne détaille pas les émois intérieures de la narratrice, toute d’efficacité dans sa lutte contre la pauvreté. En lisant le début j’avais pensé à un roman plus ironique mais en réalité ce n’est pas tant le cas. Disons que le roman demeure ambigu, ne se moquant pas réellement des hypocrisies de cette société même si Moll révèle à certains moments une tension entre différents désirs. Je crois en réalité que c’est un peu trop factuel pour moi.
Vous pouvez trouver le texte gratuitement en anglais ici et gratuitement en anglais mais audio .


Une Lecture Commune avec... d'ignobles lâcheuses... pas grave, je vous attends les filles.

14 commentaires:

  1. catherine bibliothècaire16 décembre 2011 à 13:59

    super de mettre un lien pour lire et écouter le texte. merci nat!

    RépondreSupprimer
  2. oui surtout si tu veux réviser ton anglais !

    RépondreSupprimer
  3. Tiens, tiens, j'avais envie de le lire un jour... votre résumé me décourage. Ça me rappelle un roman prétendument traduit par Alexandre Dumas, qui racontait les exploits d'un chasseur en Afrique. La préface de Dumas dans laquelle il décrit sa rencontre avec l'auteur était captivante... puis le livre, une succession de faits manifestement alignés par un écrivain en chambre, m'est tombé des mains! Autant lire Dickens!

    RépondreSupprimer
  4. BLEAK HOUSE en anglais une merveille!

    RépondreSupprimer
  5. Je ne veux pas non plus décourager les volontaires... Je pense que c'est très intéressant et que l'on apprend plein de choses sur le 18e anglais mais d'un point de vue littéraire j'avoue ne pas avoir été conquise.

    RépondreSupprimer
  6. J'en ai tellement lu de livres de ce genre dans l'Angleterre populeuse, affamée, les grandeurs et décadences des courtisanes que ça ne me tente plus vraiment ! Peut-être un jour, je ne ferme pas la porte non plus, mais j'ai plutôt envie d'explorer des terres inconnues jusque là ! Et il y a de quoi faire :) Merci pour le lien ! On a toujours besoin d'improve son anglais...

    RépondreSupprimer
  7. Asphodèle : l'originalité c'est la date (1722), on n'est pas dans Dickens. Et le point de vue féminin, sans aucune sentimentalité, mais totalement efficace et décomplexé.

    RépondreSupprimer
  8. complètement perdue dans les lectures communes ! Je manque d'organisation.
    bisous

    RépondreSupprimer
  9. Je suis un poil spécial niveau organisation il faut reconnaître, ça peut être un peu effrayant.

    RépondreSupprimer
  10. Mince, je manque de temps, ce Bleak House a l'air vachement tentant!
    Je vous recommande un livre excellent : L'Escalier de Riceyman d'Arnold Bennett (balzacien et cruel dans le genre étude de caractère, en l'occurrence le radin maladif).

    RépondreSupprimer
  11. Je ne connais pas du tout ce Bennett-là, c'est fou tout ce qu'il y a lire décidément !

    RépondreSupprimer
  12. J'ai cité ce livre en espérant que quelqu'un l'aurait lu...
    Personne? Ohé!
    J'ai entendu dire plusieurs fois que Marseille était un désert culturel particulièrement pauvre en librairies. C'est vrai?
    Vous achetez vos livres par Internet?

    RépondreSupprimer
  13. Mais on peut lancer un appel pour voir si ça dit quelque chose à quelqu'un.
    Je proteste contre la réputation de Marseille (un désert culturel du point de vue des musées mais pas des librairies). En plus des Fnac et Virgin où je ne vais jamais, il y a des librairies indépendantes (les liens sont en bas du blog, rubrique "lieux de perdition") où j'achète les livres récents et neufs, un Gibert où je revends et où j'achète les poches d'occasion et Internet pour tout et n'importe quoi. En matière de livres, je mange à tous les râteliers.

    RépondreSupprimer
  14. A la bonne heure! Je ne sais plus quoi penser de l'avenir des librairies. Certains libraires se plaignent, ce qui est barbant, et Internet est une mine. En tout cas, votre réponse est épatante : prendre les nouveautés chez le libraire du coin, c'est en quelque sorte un geste écolo!
    Je vais peut-être me lancer dans Vie et Destin. Merci pour votre réponse.

    RépondreSupprimer

N’hésitez pas à me raconter vos galères de commentaire (enfin, si vous réussissez à les poster !).