N’Fassory Bangoura et Philippe
Geslin, L’Oiseau qui avait enterré sa mère dans sa tête. Carnets d’un paysan
Soussou, Paris, Gingko, 2011.
Le livre dont il est question est
un objet curieux. Philippe Geslin est ethnologue, son terrain est le pays Soussou en Guinée. Un de ses guides est N’Fassory Bangoura, cultivateur de riz
et de sel. Celui-ci, à l’imitation de l’ethnologue, prend l’habitude de lui
aussi rédiger des notes sur un cahier, le soir, à la lumière de la fin de
journée. Il écrit en soussou… ce sont ces cahiers, traduits et retranscrits par
Geslin que nous avons là.
Il est question de la récolte du
sel, de l’adaptation de nouvelles techniques en fonction du mode de vie, du
niveau des eaux. Jour après jour, on voit le fonctionnement d’une petite
société, un village, au sein du pays et du monde, avec la répartition des
tâches, les travaux collectifs, dans un univers toujours mobile. Le narrateur
parle de « son blanc », Geslin, celui qui s’installe parmi eux, et de
« nos blancs », ceux qui vont, qui partent, dans des projets
coopératifs qui se succèdent.
C’est un objet étrange, proche
d’un matériau brut ethnographique, même s’il ne s’agit pas exactement de ça. Ce
n’est pas un texte littéraire même si une poésie se dégage de ces règles de vie
scandées comme des proverbes. Le livre est illustré par de très belles
photographies noir et blanc de Geslin, montrant les divers travaux auxquels
sont occupés les habitants du village.
Yabasory a quitté son village.
Certains sortent pour chercher de
la nourriture.
D’autres vont se promener.
D’autres partent à l’aventure.
D’autres ont une âme de
missionnaire.
D’autres recherchent la
difficulté.
D’autres recherchent du travail.
D’autres recherchent des femmes.
D’autres récoltent le miel.
D’autres sortent pour te saluer.
C’est cela un village.
Livre chroniqué dans le cadre de l'opération "Masse critique" de Babelio. Merci à Babelio et l'éditeur, Ginkgo.
Lili Galipette a été charmée par ce livre.
J'ai beaucoup aimé cet ouvrage ! A la fois très éclairant sur une société, mais aussi très poétique.
RépondreSupprimerah oui j'ai vu que tu en avais parlé. Mon avis est plus mitigé j'avoue.
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