La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



mercredi 29 février 2012

C’est moi qui ai écrit ce papier. Qu’il soit mes yeux.


N’Fassory Bangoura et Philippe Geslin, L’Oiseau qui avait enterré sa mère dans sa tête. Carnets d’un paysan Soussou, Paris, Gingko, 2011.

Le livre dont il est question est un objet curieux. Philippe Geslin est ethnologue, son terrain est le pays Soussou en Guinée. Un de ses guides est N’Fassory Bangoura, cultivateur de riz et de sel. Celui-ci, à l’imitation de l’ethnologue, prend l’habitude de lui aussi rédiger des notes sur un cahier, le soir, à la lumière de la fin de journée. Il écrit en soussou… ce sont ces cahiers, traduits et retranscrits par Geslin que nous avons là.
Il est question de la récolte du sel, de l’adaptation de nouvelles techniques en fonction du mode de vie, du niveau des eaux. Jour après jour, on voit le fonctionnement d’une petite société, un village, au sein du pays et du monde, avec la répartition des tâches, les travaux collectifs, dans un univers toujours mobile. Le narrateur parle de « son blanc », Geslin, celui qui s’installe parmi eux, et de « nos blancs », ceux qui vont, qui partent, dans des projets coopératifs qui se succèdent.


C’est un objet étrange, proche d’un matériau brut ethnographique, même s’il ne s’agit pas exactement de ça. Ce n’est pas un texte littéraire même si une poésie se dégage de ces règles de vie scandées comme des proverbes. Le livre est illustré par de très belles photographies noir et blanc de Geslin, montrant les divers travaux auxquels sont occupés les habitants du village.
  
Yabasory a quitté son village.
Certains sortent pour chercher de la nourriture.
D’autres vont se promener.
D’autres partent à l’aventure.
D’autres ont une âme de missionnaire.
D’autres recherchent la difficulté.
D’autres recherchent du travail.
D’autres recherchent des femmes.
D’autres récoltent le miel.
D’autres sortent pour te saluer.
C’est cela un village.

Livre chroniqué dans le cadre de l'opération "Masse critique" de Babelio. Merci à Babelio et l'éditeur, Ginkgo.


 

Lili Galipette a été charmée par ce livre.

2 commentaires:

Lili Galipette a dit…

J'ai beaucoup aimé cet ouvrage ! A la fois très éclairant sur une société, mais aussi très poétique.

nathalie a dit…

ah oui j'ai vu que tu en avais parlé. Mon avis est plus mitigé j'avoue.