La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



mardi 26 juin 2012

Le reste était de la compétence sculpturale de Phidias.


Takis Théodoropoulos, Le Roman de Xénophon, traduit du grec par Michel Grodent, 1e éd. 2004, Paris, Sabine Wespieser, 2005.

J’avais repéré le nom de Théodoropoulos parmi les écrivains grecs contemporains et quand j’ai vu ce titre sur les étagères d’une amie, j’ai vite tendu le bras.
Le titre dit tout : Théodoropoulos fait le roman, érudit et ironique, affectueux et moqueur de Xénophon ou plutôt de celui qui nous est connu sous ce nom (car il s’agissait sans doute d’un pseudonyme littéraire). Pour cela il retrace sans complaisance l’Athènes de la fin du Ve siècle : le cercle philosophique autour de Socrate, la rivalité entre Platon et Xénophon, la fin de la démocratie. Xénophon est un aristocrate, a été l’un des commandants armés de la tyrannie des Trente, il s’exile d’Athènes et choisit le camp de Cyrus le Grand… Avec son armée de mercenaires, il est contraint de traverser la Mésopotamie à pied, un exploit sans nom, qui le place parmi l’histoire de la guerre. Et c’est un écrivain.
Ce roman nous rend vivante une période ancienne et étrangère, complexe par bien des aspects. L’architecture du Parthénon, les marbres de Phidias et de Praxitèle font des apparitions comme des curiosités. Son passé millénaire n’écrase pas encore la Grèce. Socrate est un homme insaisissable, non conformiste, dont les amis s’approprient la mémoire et l’image. Platon n’est pas vraiment à l’honneur mais Xénophon lui-même semble hésiter entre gloire militaire, complot politique, goût pour les tyrans, soutien de Sparte, Athénien éternel, discoureur.
Théodoropoulos se déploie entre les auteurs grecs avec familiarité comme d’autres slalomeraient parmi les souvenirs d’une famille pour écrire une saga. Il montre les grandeurs et les hypocrisies, le génie et la parcelle inconnue de chaque individu. Il est savant sans être pédant, taquine son héros avec affection.

On dit que Diodora, la mère de Xénophon, avant de le mettre au monde, n’avait pas eu l’un de ces rêves qui renseignent les femmes enceintes sur la personnalité exceptionnelle du fruit de leurs entrailles. Elle ne rêva point qu’elle avait engendré un lion, ni que le soleil brillait entre ses cuisses. Elle se borna à faire son devoir. Sur le point d’accoucher, elle avait déposé sur l’autel d’Artémis, dans l’Acropole, l’image au moyen de laquelle elle obligerait la déesse à l’aider à procréer le mâle bien proportionné qu’elle lui consacrerait, cela allait de soi.


6 commentaires:

miriam a dit…

Celui-là, il me le faut! mais j'en ai tant à lire!

Marie a dit…

Il m'inspire bien, celui-là! Je le note!

nathalie a dit…

Miriam : je compte bien en lire d'autres de cet auteur en plus.
Marie : mais oui, c'est vrai que tu aimes les livres touchant à l'histoire, toi ! Ça devrait te plaire alors.

Les Femmes du Panier a dit…

Dommage que tu aies raté l'auteur lors de sa conférence aux mardis du MuCEM. C'était très intéressant aussi en ce qui concerne l'histoire actuelle de la Grèce...

Dominique a dit…

Bonjour Nathalie,
Je souhaite m' inscrire au pari hellène et sans doute, les vapeurs d' ouzo aidant, je choisis la catégorie "ouzo" .

nathalie a dit…

Je t'inscris Dominique. Tu pourras ajouter les liens vers tes billets dans les commentaires de la page du pari hellène.
Eva-femme du Panier : oui je te crois !