Eduardo Mendoza, Bataille de
chats, traduit de l’espagnol par François
Maspero, 1e éd. 2010, Paris, Seuil, 2012.*
Un livre un peu embrouillé avec
impression mitigée.
Nous sommes en 1936. Anthony
Whitelands, anglais et spécialiste hors pair de la peinture espagnole du siècle
d’or, pas très brillant à part cela, est en mission discrète à Madrid. Une
riche famille aristocratique souhaite se défaire de quelques pièces de sa
collection de peinture afin de pouvoir réunir les capitaux nécessaires à une
fuite à l’étranger – vu la tournure de l’actualité politique espagnole. Elle a
besoin d’un expert honnête – Anthony, notre héros.
Mais à peine débarqué à Madrid,
la situation se complique. Un vol de papiers, une rencontre avec une
prostituée, un charmant membre de la Phalange, des marquises tout aussi
charmantes, l’Ambassade de Grande-Bretagne, la Sûreté d’État et un
Vélasquez inconnu constituent le
quotidien du séjour de l’Anglais. Ainsi que des bolcheviques, meetings
fascistes et j’en oublie.
Au départ, j’étais assez
sceptique sur ce roman. D’abord parce que le personnage principal ne m’a pas
vraiment intéressée. Ensuite parce que l’écriture n’est pas sensationnelle,
loin de là, elle est plate. Mais finalement je me suis plutôt prise au jeu. Il
faut reconnaître que j’ai un goût certain pour les romans à l’intrigue embrouillée
(Pynchon, Bosco, Hammett, DeLillo, Kaddour peuvent en témoigner) même si le roman est faiblard. Mendoza
n’entre jamais dans la réalité d’un roman d’espionnage. Les scènes de
révélations sont des farces et l’essentiel n’est pas de comprendre qui est dans
quel camp. Mais le livre repose sur une ironie tragique : on a la
certitude que la fin littéraire sera joyeuse (difficile de s’inquiéter pour
Anthony) mais que la fin historique sera terrible – car on est à quelques jours
du déclenchement de la guerre civile et on assiste aux hésitations de
quelques-uns des acteurs de l’événement. On les voit faire des erreurs
terribles, en toute impuissance. Finalement j’ai dévoré la fin pour savoir ce
qu’il advenait du Vélasquez, sans espérer non plus de surprise.
Un livre sympathique avec un bon
point : le désordre et la peur du Madrid d’avant la guerre sont très bien
rendus.
Madrid, Gran Vía, image Wikipedia. |
Il fit une pause pour dominer son
émotion, comme si la mention du danger qui planait sur ses êtres chers lui
coupait la respiration. Mais il avait beau lancer des regards furtifs
apparemment chargés de peur, on voyait bien qu’il trouvait un certain plaisir à
cette mise en scène.
Merci à Colette pour le prêt de ce roman !
* Los gatos, les chats, c’est le surnom des Madrilènes.
J'aime bien Mendoza, son humour discret. Il n'est certes pas un grand styliste, mais un bon raconteur d'histoires.
RépondreSupprimerC'est ça oui ! Ce n'est sans doute pas son meilleur ceci dit. Mais j'essaierai d'en lire d'autres.
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