La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



lundi 30 juillet 2012

Thorkel gagna alors l’autre extrémité du tronc d’arbre et commença à trancher la tête des prisonniers, l’un après l’autre, sans même les faire se lever.


Frans G. Bengtsson, Orm le Rouge, t. 1 : Sur les mers de la route de l’Ouest et t. 1 : Au pays et sur la route de l’Est, traduit du suédois par Philippe Bouquet, 1e parution 1941 et 1945, édité en France par Gaïa et Actes Sud, 1997 et 1998.

À la suite du billet enthousiaste de Marie-Neige, je me suis lancée dans l’aventure viking et c’est un bien bon livre d’aventures. Le héros est Orm, un de ces hommes du Nord, qui sont des brutes et qui, la belle saison venue, partent en expédition comme d’autres font les festivals ou les courses, pour ramener du butin. Les aléas de la mer, les batailles, les défaites, la ruse, la chance mènent le héros du grand Nord  jusqu’à Cordoue en passant par l’Irlande et ses moines, Londres et Westminster. Après quelques années de répit, il repart sur les mers... On suit aussi l’installation d’Orm et de sa famille dans sa ferme, avec les us et coutumes locaux.
Rien ne vaut la bonne viande et la bonne bière mais pour s’adapter aux circonstances, il faut savoir se faire païen, chrétien ou musulman. Le rapport à la religion est très pragmatique : même quand on est chrétien, on sait bien que sur un bateau, sacrifier un bouc est bien plus efficace. "Il en fut donc ainsi et le père Willibald dut se contenter de secouer la tête et de marmonner à voix basse quelques paroles bien senties sur l’impudence du démon dans ce pays."
Beaucoup d’aventures, de coups d’épée (ou d’enclume). Le tout est très bien écrit, dans un style volontairement un peu daté et « faisant ancien », juste assez pour nous dépayser et donner une atmosphère de saga.


Gravure d’Alphonse de Neuville, 
pour illustrer l’Histoire de France de Guizot,
 1883, image Wikipedia.

Le roman ayant 60 ans, j’imagine que les recherches archéologiques et historiques actuelles le contredisent sur certains points mais cela me semble très documenté et on découvre facilement le mode de vie viking. Personnellement je me suis mélangée dans les noms de lieux, je n’ai pas vraiment cherché à distinguer les différentes régions de Scandinavie évoquées.

Le scribe eut l’air navré de cette mésaventure mais ne parut pas inquiet outre mesure. L’essentiel, dit-il, c’était la peau de mouton.* Tant qu’il ne l’avait pas perdue, le reste n’avait pas grande importance. Il ne s’agissait que de neuf têtes, après tout, et il pensait qu’il lui serait possible d’en emprunter à Kiev, auprès de certains amis exerçant des fonctions semblables aux siennes. En général, il n’y manquait pas de malfaiteurs à exécuter.
* Peau de mouton qui sert de parchemin, elle porte la liste des têtes.


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