Maria Dzielska, Hypathie
d’Alexandrie, traduit de l’anglais par
Marion Koeltz, 1e éd. 1995, Paris, Des femmes, 2010.
Hypathie rode dans la pensée
occidentale depuis le XVIIIe siècle comme étant une jeune et
brillante philosophe d’Alexandrie, païenne, tuée et mise en pièce par des
chrétiens. L’histoire est racontée depuis avec des variantes : elle
incarne l’intolérance du christianisme, ou le fanatisme inhérent à toute
religion. Elle incarne la fin de la brillante philosophie de l’Antiquité (avec
sa douceur de mœurs) et le début d’une longue période d’obscurantisme qui ne
s’achèverait qu’avec le siècle des Lumières. Elle symbolise tout à la fois la
fin de la liberté intellectuelle due au christianisme et la disparition des
dieux grecs, placés du côté de la tolérance. C’est la victime d’une foule
bestiale, c’est la victime du sexisme chrétien, les interprétations
psychanalytiques n’ont pas manqué non plus.
Maria Dzielska, en historienne,
reconstitue ce qu’il est possible de savoir avec exactitude de l’enseignement
philosophique qu’Hypathie tenait dans l’Alexandrie du IVe siècle
(néoplatonisme, philosophie, mathématiques, pratiques occultes, enseignement
privé ou public ? qui sont les disciples ?), de sa vie et des
circonstances de sa mort. Elle précise les identités de tout le monde, sans
fantasme. Elle aborde ainsi le climat religieux, politique et philosophie
d’Alexandrie, remet en question la notion de fin d’Antiquité et mentionne de
nombreuses femmes maîtres de philosophie.
Portrait funéraire, provenant de l'Égypte romaine. Londres, British museum, image RMN. |
C’est un livre d’histoire, avec des mots grecs, ce n’est pas pour les enfants, c’est très intéressant et enrichissant, en nous faisant connaître une personnalité et surtout un climat intellectuel très particulier. Une respiration, une pause parmi les gros romans pleins de passions que j’ai lus cet été. Merci Sylvie qui me l’a prêté !
Début :
La vie d’Hypatie, marquée par les
circonstances dramatiques de sa mort, était imprégnée de légende bien avant que
des universitaires ne tentent d’en reconstruire une image exacte. Embellie dans
les arts, déformée par les affects et les partis pris idéologiques, la légende
d’Hypathie est extrêmement populaire depuis des siècles, mais jusqu’à ce jour
toutes les tentatives pour présenter la vie de cette femme de manière impartiale
ont échouée.
Un livre qui entre dans le pari Hellène et qui, à mon sens, pourrait dans le challenge Destins de femmes auquel certaines participent.
Ce livre m'intéresse beaucoup, ajouté à ma wish ! Merci pour cette découverte :)
RépondreSupprimerC'est exactement ce que je cherchais : un livre qui parle de ce personnage fascinant en se reposant sur les informations qu'on peut avoir et pas le folklore qu'il y a autour d'elle. Je note!
RépondreSupprimerDe rien Myrtille, pour moi aussi c'était une découverte passionnante.
RépondreSupprimerMarie : heureuse de te voir satisfaite.
je serais ravie d'en savoir davantage sur cette philosophe, je note ce livre :)
RépondreSupprimerOui Aymeline, je t'encourage !
RépondreSupprimerMoi aussi elle m'intéresse beaucoup mais est-ce facile à lire, enfin pas trop "scolaire" j'entends ? Je note...
RépondreSupprimerCe n'est pas facile à lire, ce n'est pas un roman. Ce n'est pas scolaire, c'est universitaire, un peu aride mais assez court.
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