Fédor Dostoïevski, Les Frères
Karamazov, 1880, traduit du russe par Henri
Mongault en 1952 pour Gallimard.
Une plongée dans un bon gros
roman russe sur le destin des trois fils de Fiodor Karamazov.
Le père pense à ses plaisirs et à
sa richesse avant de se préoccuper de ses enfants, élevés par d’autres que lui.
Ils sont trois, issus de deux mariages : Dmitri, passionné, un peu tête
brûlée mais noble ; Ivan qui veut être libéral ; le doux Aliocha qui
n’est qu’amour et hésite entre le monde et le monastère. Tout cela se croise
dans une petite ville russe, avec ses fonctionnaires, ses moines, ses veuves,
ses marchands de bois, ses propriétaires terriens, ses militaires et ses
pauvres. Toutes ces figures donnent son ampleur au roman, sa vivacité et sa
couleur car leurs portraits sont très réussis et sonnent juste.
Le récit s’attache aux passions d’amour et d’argent de la famille, avec un entrecroisement subtil des intrigues. Les Karamazov incarnent les déchirements de la Russie en cette fin de siècle : tiraillée entre une histoire ancienne, des castes nobiliaires et des commerçants enrichis, d’anciens serfs devenus libres alors que les hiérarchies demeurent dans les têtes, des tentatives de réformes sociales, l’attrait des idées modernes (françaises, occidentales) qui déstabilisent les fondements de la société, la force de la religion orthodoxe… Chacun des personnages a ainsi quelque chose qui le dépasse et le transcende, tout en restant ancré dans sa réalité et son humanité.
J’avoue pourtant humblement avoir passé quelques pages consacrées à ces longs développements théoriques.
1e page de la 1e édition image WIkipedia |
Comme dans Crime et châtiment, on trouve cet intérêt pour le processus judiciaire
et de nombreuses réflexions sur le pardon et la rédemption, réflexions qui
peuvent demeurer sans réponse.
Encore deux mots : ce roman
est très masculin. Même si plusieurs femmes sont présentes dans le roman et
qu’elles ont un vrai rôle actif, elles sont vues à travers le regard des hommes
– ce qui leur laisse quelque chose d’incompréhensible. Et le roman possède un
narrateur, à la 1e personne, omniscient, qui en sait plus qu’il n’en
dit et semble manipuler son récit… on ne saura rien de lui !
À sept heures du soir, Ivan monta
dans le train de Moscou. « Arrière tout le passé ! C’est fini pour
toujours. Que je n’en entende plus parler ! Vers un nouveau monde, vers de
nouvelles terres, sans regarder en arrière ! » Mais soudain son âme
s’assombrit et une tristesse telle qu’il n’en avait jamais ressenti lui
étreignit le cœur. Il médita toute la nuit. Le matin seulement, en arrivant à
Moscou, il se ressaisit.
« Je suis un misérable ! »
se dit-il.
Et il me semble fort que ce roman est longuement cité dans Les Détectives sauvages de Bolaño. Lecture (presque) commune avec Miss Bouquinaix et Metaphore : la plupart des billets sortiront le 31 mais j'ai une autre lecture russe pour cette date. Les billets de L'écho des écuries, Denis, Ingannmic. Participation à l'Hiver en Russie de Cryssilda et au challenge Histoire de famille de Sharon.
Cela à l'air bien je n'ai pas dans ma PAL ce titre mais j'ai en revanche l'Idiot. Il faudrait que je le lise dans une LC cela me motiverait.
RépondreSupprimerL'un de mes rares livres préféré. Lu et relu....
RépondreSupprimerC'est vrai que vu la taille du livre, la LC aide beaucoup.
RépondreSupprimerAlex : comme je te comprends.
Je ne me suis jamais encore attaqué à ses "gros" romans, sans doute un peu par appréhension... Je crois que je vais commencer par Tolstoï et pour Dosto, je verrai plus tard !
RépondreSupprimerTu sais qu'il existe de gros Tolstoï aussi ? mais j'ai l'impression que cela se "dévore" plus.
RépondreSupprimerje viens de lire ton article et je vais mettre un lien vers mon article d'hier
RépondreSupprimerIl faut que j'actualise tous mes liens aussi...
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