La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



jeudi 17 octobre 2013

Une tristesse presque portative qui ne durait pas plus de cinq minutes.


Roberto Bolaño, Un petit roman lumpen, paru au Chili en 2002, traduit par Robert Amutio, édité chez Christian Bourgois.

Un petit roman au titre intrigant. Une virée internet m’apprend que lumpen en allemand signifie loque, chiffon…

Les parents de la narratrice et de son frère (des jeunes gens) meurent au début du livre. Nous savons tout de suite que ça ne se passe pas très bien, la jeune femme parle de « délinquance ». En réalité, ce n’est pas tant cela qu’un vide qui s’installe peu à peu dans sa vie et de son frère et qui défait les habitudes et les repères. L’abandon du lycée, le besoin d’argent, l’importance de la télé, la sexualité, la narratrice perd sa volonté et part un peu à vau l’eau. C’est plus une déliquescence.
Le frère et ses amis ont idée d’un « coup » pour rafler de l’argent mais c’est là où la narratrice commence à changer.
Cette vie désaccordée s’inscrit dans une ville (Rome) qui semble vide comme une sous-préfecture un dimanche après-midi, simplement traversée à deux reprises par des jeunes en voiture, hurlant, vitres ouvertes, « fascisme ou barbarie ».

Image Wiki

C’est donc un tout petit livre, à la narration réglée comme du papier à musique ce qui m’a paradoxalement déçue puisque je m’attendais à quelque chose ayant la folie des Détectives sauvages.
Une petite tranche de vie qui s’émiette et se remiette.

C’était comme si, en sortant du travail, je pénétrais brusquement dans un tunnel de vent qui me faisait pleurer sans raison. Un tunnel qui au début agissait de manière naturelle, provoquant mes pleurs sans plus, mais qui, au cours des derniers jours, loin de créer une habitude en moi, suscitait une énorme tristesse, une tristesse à laquelle je ne pouvais faire face qu’en pleurant.


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