Jules Mary, Le Boucher de Meudon, 1893, édité chez Publienet.
Un très bon roman policier de la fin du XIXe siècle.
Charlotte, caissière à la boucherie de Meudon, est retrouvée assassinée
dans un champ. On suit d’abord l’enquêteur, qui fait connaissance avec Jacques
XX le boucher, sa mère et sa sœur infirme. Il ne tarde pas à arrêter… quelqu’un !
Puis, rupture brutale du récit et l’auteur nous fait l’histoire de la famille,
cœur du drame. Enfin, reprise de l’histoire policière.
(vous avez vu cette structure de la narration ?)
C’est un très bon roman, feuilletonnesque à souhait, avec
rebondissement et suspense tenu jusqu’aux dernières pages. Le coupable
sera-t-il identifié ? L’innocent sera-t-il sauvé ? Est-ce que le
fiacre va arriver à temps ? Ahhhh… Le choix de l’alternance des points de
vue enrichit le récit et permet de révéler progressivement le caractère des
personnages, en les complexifiant au fil du récit. Plus qu’un strict récit
policier, c’est un drame familial. J’aime à penser que Simenon a eu
connaissance de ce roman, remarquable pour ses analyses psychologiques
resserrées.
J. Adler, La Soupe des pauvres, 1906, Paris, Petit Palais, M&M |
Par ailleurs, sans connaître Mary, on peut noter deux choses :
une critique des grands notables rendant la justice sûrs d’eux et paternalistes
et une peinture terrifiante de la peine de mort et de la guillotine. Une petite
veine sociale donc.
Autour des deux hommes essayant de démêler l’intrigue de ce lugubre
drame, le paysage était gracieux, plein de la poésie un peu triste des bois. Une
sorte d’intimité harmonieuse les entourait, faite du bruissement des feuilles
sèches et des branchettes qu’ils écartaient en passant ; du susurrement
des sauterelles, à la lisière ; des cris des oiseaux en haut des arbres.
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