Virginia Pésémapéo Bordeleau, Ourse bleue, 2007.
Un livre qui m’a véritablement
bouleversée.
La narratrice, Victoria, est métisse,
à moitié Amérindienne Crie. Avec son mari, Daniel, elle se rend sur les lieux
de son enfance et de sa famille, pour se plonger dans le passé, se souvenir et
découvrir. En parallèle, elle découvre ses propres pouvoirs de chamane.
Le livre tresse plusieurs
fils :
Tout d’abord, celui des Indiens
Cris et de leur destin brisé. Des notions inconnues apparaissent :
territoire de trappe, objets de rituel, un rythme de vie lié aux saisons. C’est
surtout un peuple détruit par l’alcool, par la désintégration des liens
familiaux (les enfants envoyés au pensionnat), par l’aménagement du territoire…
Et pourtant tous les personnages du roman sont bien vivants et la culture crie
est loin d’être factice !
Il y a aussi le fil de la
famille. Je n’ai pas vraiment retenu tous les liens entre grand-tante et
cousins trop compliqués pour moi. Beaucoup des personnages sont métis et vivent
entre deux mondes : la narratrice est attentive à leur teinte de cheveux,
à la langue parlée… Commencé comme un classique roman de souvenirs d’enfance,
le roman m’a flanqué une série de coups de poing par la violence des événements
rappelés dans une bouffée de chagrin et de douleur. Mais je dois dire que le
père qui traque le castor et initie ses enfants à Bach m’a plu !
Il y a enfin le fil du
deuil : on meurt jeune dans cette famille détruite et le fil de la vie est
fragile. Par la puissance du rêve et de la compassion, la narratrice peut
éloigner la douleur. Bien sûr, j’ai été extrêmement touchée par cela.
Le roman entrecroise les
souvenirs d’enfance et une quête contemporaine. Il porte quelque chose de
poétique et de dynamique à la fois.
En haut de la page, le premier
ancêtre inscrit portait le nom de Judah Ntayumin. Je crois que cela signifie N’daï min, fruit du cœur, pour désigner
la fraise en cri, nom déformé en Domind par les missionnaires et les
commerçants écossais ou anglais. Stanley corrige mon erreur d’interprétation.
De ses lèvres charnues, il prononce le nom de façon à ce que je puisse le lire
tout en l’entendant. Nèdé ni yu min
ou C’est ainsi que je parle… Je mets quelques secondes à réaliser qu’il s’agit
là de notre nom de famille : « C’est Ainsi Que Je Parle » ou en
d’autres termes : « Je Marche Ma Parole ».
Pendant un court instant,
j’entends confusément battre mon cœur, le tambour. J’intègre dans toutes les
fibres de mon être le nom que portait réellement ma grand-mère.
Oh !! Je le veux lui, je note soigneusement le titre !!
RépondreSupprimerJ'ai eu du mal à le trouver (commande Amazon je crois), je pourrai te le prêter si tu as du mal aussi.
SupprimerUne auteure que je veux absolument découvrir. Depuis un petit moment déjà.
RépondreSupprimerJe l'ai découvert grâce à ton Québec en septembre, une précédente participante l'avait lu.
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