Marie-Anne Legault, Le Museum, 2013.
En voilà un curieux livre !
Il se lit plutôt avec plaisir, mais laisse un sentiment d’inachevé.
La narratrice se présente comme
une spécialiste de l’ancien, de l’antique, des vieilles archives désuètes. Un
brouillard mystérieux et de plus en plus opaque a recouvert et envahi les rues
de sa ville, au point d’obliger à marcher avec une canne. Flotte un parfum du
monde, mais voilà que des personnages mystérieux lui disent de se mettre en
route pour le Museum, endroit où serait conservée toute la mémoire du monde
avant la destruction, l’engloutissement, à moins que ce ne soit l’incendie ou
l’arrivée des barbares.
Elle se met en route et passe
d’un désert à une forêt tropicale en passant par des égouts ou une île. Elle
rencontre des personnages guides, qui se ressemblent un peu tous, qui lui
remettent des objets étranges destinés à être conservés au Museum. Et l’errance
se poursuit ainsi sans aucune réalité. La narratrice dort, mais ne mange pas,
le compte des jours et des nuits est arrêté et tout finit par se ressembler,
les phrases à prononcer et les réponses reçues. La structure est un peu celle
d’un roman médiéval avec ses personnages adjuvants, son but qui se dérobe et
ses objets codés, mais j’avoue avoir pensé à Philémon pour l’abondance de sable, l’absurdité des rails sans train,
l’importance de la musique et une certaine vacuité.
- Et vous ?
- M... Moi, les étoiles me guideront, je les connais bien, elles sont tout mon p… pécule.
Tout bien pesé et tout compte fait, il était milliardaire. Et ce genre de fortune n’abandonne jamais personne, du moins, dans la nuit du désert.
Le (British) Museum |
Le roman joue à décevoir le
lecteur et à le balader dans sa mémoire. L’écriture à la première personne est
hachée, il manque des pronoms, comme si l’urgence de la quête prévalait sur les
lois du langage. Le sens se dérobe, non sans une belle poésie lors de plusieurs
passages. Le « je » manque devant les verbes, tout comme
l’individualité de la narratrice, qui semble n’être qu’un réceptacle à une
longue fable dont le sens est encore et toujours incertain.
Le scénario mal ficelé de ma
destiné était jonché d’itérations. Fouillai les tiroirs de mes archives pour
trouver le visage se rattachant au Souffleur. Mais l’esprit était saturé, oui,
saturé de personnages, d’événements impossibles. Même les photographies prises
sur la route, toutes floues, ne furent d’aucun secours.
L’avis de Karine qui en parle très bien.
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