Antônio Xerxenesky, Avaler du sable, traduit du brésilien
par Mélanie Fusaro, parution originale en 2010, édité en France chez Asphalte.
Un drôle de western qui se dévore
(euh… c’est le mot).
Il y a tout d’abord Mavrak,
petite ville du Far-West, perdue dans le sable, déchirée entre deux familles
rivales et une vendetta. Juan Ramírez doit venger le meurtre de son frère, même
s’il ne s’en sent pas vraiment capable, lui, l’universitaire. Mais Miguel, le
père de Juan, décide de prendre les choses en main en demandant à un chaman de
l’aider. Il y a de l’autre côté le narrateur, descendant de Juan, qui prétend
écrire l’histoire de sa famille. Ou l’histoire de sa relation à son père ou de sa
relation à son fils, ce n’est pas très net.
Ce roman joue sur l’imagerie
western véhiculée par les films de Sergio Leone, de Sam Peckinpah (yeah !)
et Clint Eastwood. La ville semble un peu fausse, décor pour les cauchemars de
Juan et les rêves de vengeance de Miguel. Ça n’empêche pas que les personnages
soient plutôt réussis, notamment ceux du shérif et de la belle Maria. Les
réflexions du narrateur sur l’utilité des mots et des histoires est un hymne
aux pouvoirs illimités du roman et du cinéma, tout en apportant la touche
d’humour qui empêche un écrivain de se prendre au sérieux (L’Homme qui tua Liberty Valance n’est pas très loin).
Enfin, la fin… est tout simplement
terrifiante ! À ne pas lire avant de dormir. Mais il ne restera rien de
Mavrak.
J'avoue avoir été très sceptique à l'arrivée du narrateur donnant son avis sur le récit principal, je trouve finalement que l'auteur ne s'en sort plutôt bien parce qu'il parvient à faire le lien entre le mythe et le Mexique contemporain.
Ce roman se lit d’un trait, on savoure les clins d’œil, tout en évoluant dans une atmosphère de mystère (que se passe-t-il dans cette cave ? quel est le rôle de ce chaman ? pourquoi ces deux familles se détestent-elles ? d’où sort le shérif ?) qui restera irrésolu. C'est un univers hors du temps et barré, une lecture où l'imaginaire est à l'honneur. À découvrir !
Il savait que, sur cette terre, à
cette époque, ce qui importait, c’était ce que les yeux disaient. Les mots ne
comptaient pas. Ils étaient mal utilisés. Ils étaient confus. Ils étaient
pervertis et profanés par des monstres qui ne savaient que faire du langage.
L’essentiel était dans la courbure du sourcil, dans la tension des muscles,
dans les rides qui se formaient sur le front.
Challenge Il était une fois dans l'Ouest.
Avis plus détaillé du
Suricate.
Il me tente bien ce bouquin depuis que je l'ai découvert ^^
RépondreSupprimerMais c'est le genre de livre dont on ne sait jamais si on va franchir le pas ou pas ^^
Je peux te l'envoyer tu sais !
SupprimerJe suis blasée, j'aurais dû recevoir ce livre via un échange avec une autre lectrice sur Babelio... et le livre n'est jamais arrivé jusqu'à moi. :( Il me tente beaucoup, j'espère que j'aurais l'occasion de le lire en 2016.
RépondreSupprimerC'est un très bon souvenir de lecture pour moi.
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