La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



lundi 21 septembre 2015

Alors on entendit la porte de fer crier et s’ébranler par un puissant effort.

Aug. M., Les Souterrains de Limoges, parution originale dans la presse en 1845, édité en livre aux Ardents éditeurs.

Authentique roman feuilleton du XIXe siècle, avec ses charmes et ses défauts.

Nous sommes à Limoges, au XVIIe siècle, dans un couvent d’hommes. Le jeune Martial, épris de science et de connaissances occultes, est accusé d’être un loup garou et de dévorer les petits enfants de la région. C’est le début. Ensuite… Martial meurt, se réveille, s’échappe par un réseau de souterrains, retrouve son amie d’enfance, rencontre une sorcière, etc.
Ce roman manie avec brio les éléments d’un bon roman feuilleton : coïncidences qui se multiplient, intrigues de succession, loup garou et sorcière, amours contrariées, château et souterrains. Le XIXe siècle aime à se plonger dans le passé où tout semble mystérieux, comme s’il s’agissait de l’âge des merveilles. Les couvents sont notamment l’objet de fantasmes pour leur capacité à engloutir n’importe qui dans un silence éternel. Dans cet univers fantastique, c’est bien entendu la justice royale qui seule peut réinstaurer l’ordre. Il manque pourtant à ce récit de la longueur. Le roman a été conçu pour paraître de semaine en semaine dans la presse et non pour se déployer largement. 150 pages, c’est un peu court pour bien développer les très nombreux personnages et décors et l’ensemble apparaît un peu trop léger. De même, j’aurais bien ajouté un peu plus de passion et de troubles des sens pour en faire un bon roman gothique (le décor s’y prête), mais j’avoue avoir pris un grand plaisir à cette lecture originale.
Forbin, Intérieur d'église, 1838 détail, Musée des Beaux-arts de Marseille, M&M

Mention spéciale pour la fin, car l’auteur récupère un détail oublié pour dresser une scène… proprement terrifiante.

L’auteur d’ailleurs… La petite préface suggère que ce « Aug. M. » pourrait être Auguste Maquet, le nègre le plus célèbre d’Alexandre Dumas, qui avait été amené à se documenter sur le XVIIe siècle pour son travail.

En effet, de l’extrémité opposée du cloître et du côté de l’église, une ombre parut se glisser comme celle d’un trépassé revenant demander aux vivants des prières pour son âme en peine. Seulement, si l’ombre marchait sans bruit, elle avançait rapidement, et elle eut parcouru toute l’étendue qui la séparait des deux moines, en moitié moins de temps qu’il n’en eût fallu, à ce qu’il semblait, à un être que la vie terrestre eût animé.


4 commentaires:

miriam a dit…

Je ne connaissais pas du tout cet ouvrage, je le note ces souterrains sont faits pour moi!

nathalie a dit…

J'espère que cela te plaira.

ysa a dit…

Mais où trouves-tu tous ces incunables ?

nathalie a dit…

Sur le site internet des Ardents éditeurs bien sûr !