Aaron Smith, Les Atrocités des pirates, traduit de l’anglais par Laura Brignon
et Frantz Olivié, suivi d’une Enquête
par Frantz Olivié, édité par Anacharsis en 2014.
Lecture à ne pas louper pour tout
amateur de pirates et de romans policiers !
Le livre comprend deux parties.
Dans la première, Aaron Smith
raconte son histoire – son histoire vraie – dans un texte paru à Londres en
1824. Marin, il fut capturé par des pirates au large de Cuba, qui le
contraignirent à participer à leurs activités. Smith raconte toutes ces
aventures, puis comment il parvient à s’échapper et comment la justice anglaise
le poursuivit pour piraterie et comment il fut acquitté. En dépit du caractère
extrêmement embrouillé du récit, on en apprend pas mal sur le fonctionnement de
la piraterie dans cette zone avec tout le personnel et la logistique de ce
secteur d’activité.
Dans la seconde partie, Frantz
Olivié enquête. Il se penche sur la vie de Smith, sur le déroulement des
différents procès et fait des hypothèses pour savoir si oui ou non ce garçon
fut un pirate contraint ou parfaitement enthousiaste. C’est à ce moment que
nous basculons dans le policier historique. J’aime lire les enquêtes
historiques (comme celle du premier meurtre commis dans un train anglais) qui
valent bien les meilleurs romans policiers dans leur quête du petit détail.
Difficile en l’occurrence de ne pas penser à Hercule Poirot reprenant
l’ensemble des éléments connus à la fin d’un roman pour proposer un nouveau
récit et une autre interprétation, de façon à ce que le lecteur n’ait qu’une
envie : relire le texte de Smith ! Le livre refermé, on se trouve en
face de trois histoires : celle de Smith, celle de ses accusateurs et
celle d’Olivié – la plus tentante bien sûr.
S. Fosso, Le Pirate, 1997, Centre Pompidou, RMN. |
L’enquête d’Olivié n’est pas non
plus sans faire penser à certains textes de Borges ou le Cabinet d’amateur de
Perec dans sa faculté à s’insérer en travers des archives, de la presse et du
témoignage premier – mais il s’agit là de la base du travail de reconstitution
qui tisse le récit faisant le lien entre des archives souvent aride. L’histoire
et la littérature vont de concert.
Vous l’aurez compris, cette
lecture pleine de suspense est passionnante. En l’occurrence le terme
« jubilatoire » n’est pas usurpé.
Le récit qui va suivre est si
plein de détails exposés avec la plus grande minutie, les actes de barbarie
sans exemple dont M. Smith fut le témoin et dont il eut à souffrir au cours de
sa captivité chez les pirates de Cuba sont rapportés avec tant de clarté qu’il
pourrait paraître superflu de distraire le lecteur avec une préface.
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