Frederik Peeters et Loo Hui
Phang, L’Odeur des garçons affamés,
2016.
Balade dans un Ouest américain
tout à fait fantastique.
Nous suivons un trio :
Oscar, photographe, fuyant diverses affaires et attiré par les garçons, Stingley,
homme d’affaires repérant la zone où implanter sa ville idéale et cherchant une
terre vierge (les Comanches ne comptent pas) et Milton, le garçon chargé des
chevaux et de la cantine. Ces trois-là ne sont pas exactement ce dont ils ont
l’air et cachent chacun un projet, une honte, un secret. Ils évoluent dans les
paysages superbes du grand Ouest américain, suivis par un homme étrange
(chasseur de primes ou zombie ?) et un guerrier comanche qui a l’air d’en
savoir bien long. Les événements bizarres, voire franchement anormaux, ne
tardent pas à se multiplier.
C’est un album surprenant. Il met
au contact d’une imagerie traditionnelle (western, Indiens, chevaux) les
clichés de la modernité (la photographie et la très grande ville), en montrant
comment les deux sont liés de façon très étroite. La photographie marche avec
le spiritisme et les Indiens semblent capables de maîtriser les deux et de
faire appel à la sorcellerie si besoin. Les personnages sont assez réussis et
inattendus. Les jeux de désirs entre les uns et les autres sont assez
complexes, symbolisés par ces cavalcades de mustangs qui envahissent
quelquefois la plaine et la page. L’atmosphère est pleine de sensualité (et
plus si affinités).
La narration est complexe, car le
lecteur doit être attentif à certains petits détails, tout en sachant plus ou
moins de chose que les personnages. C’est un jeu que j’apprécie.
J’ai apprécié la narration et la
composition des cases. Les dessins ne racontent pas exactement la même chose
que les textes, les deux sont complémentaires. Les découpages de certaines
actions offrent des points de vue singuliers. Cet art du cadrage est sans doute
ce qui m’a le plus plu. En revanche, j’ai trouvé que l’on nous montrait trop
souvent les personnages de biais, avec un petit regard en coin, façon
« j’ai quelque chose en tête », c’est une facilité pour moi. Et les
couleurs me laissent sceptique. J’apprécie le choix de certaines harmonies
colorées, qui campent des atmosphères, les scènes nocturnes étant
particulièrement réussies, mais je n’aime vraiment pas ces aplats synthétiques
qui manquent de vie.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
N’hésitez pas à me raconter vos galères de commentaire (enfin, si vous réussissez à les poster !).