Jack London, Croc-blanc, 1906, traduit par Paul Gruyer et Louis Postif.
Une relecture d'un
classique.
C'est l'histoire d'un
louveteau qui grandit dans un camp indien et qui devient donc domestique. Nous
le suivons ensuite au gré de ses aventures successives et de sa découverte des
humains.
J'hésitais à relire ce
roman, car j'en avais un souvenir de tristesse. En effet. Le joyeux petit
louveteau qui croque à belles dents tout ce qui bouge fait l'apprentissage de
la violence et de l'autorité des hommes, des jeux cruels des enfants, de la
cohabitation avec les chiens... Ce n'est pas gai. De plus, que le maître soit
méchant ou bon, la domestication me laisse un goût amer. Qu'il est dommage
qu'une aussi belle bête soit ainsi transformée ! La fin en forme de conte ne
m'a vraiment pas plu.
Telle fut l'oraison funèbre d'un chien mort en cours de route sur une piste de la Terre du Nord. Combien d'autres chiens, combien d'hommes n'en ont pas même une semblable !
Mais je suis
impressionnée par le talent avec lequel London parvient à nous rendre la
psychologie du loup. J'ignore si ce qu'il écrit tient la route sur le plan
scientifique, mais en revanche les premières heures de vie, la découverte des
autres animaux, l'apprentissage de la chasse sont vraiment bien racontés.
H. Gaudier-Brzeska, A wolf, 1913, Tate collection, RMN. |
Pour moi, le roman vaut
aussi beaucoup par son début, qui n'a pas vraiment de rapport avec la suite,
mais qui campe avec puissance le monde sauvage du grand Nord, où les loups
rodent, où tout être vivant est avant tout de la viande. London parle du Wild
pour désigner ce qui devient dans un autre roman l'appel de la forêt. Le Wild,
c'est tout à la fois les grands espaces, la liberté, la vie sauvage, la force de
l'instinct. L'opposé absolu de l'être humain.
Il s'appuie sur sa
connaissance du mode de vie dans la forêt, dans les camps, dans les forts. Il
raconte un monde qui est dur pour tout le monde, sans idéalisation ni critique,
avec un ton très juste.
C'était
un fier petit louveteau, carnivore comme ses frères et sœurs. Ses ancêtres
étaient des tueurs et des mangeurs de viande ; de viande seule vivaient son
père et sa mère. Le lait même qu'il avait sucé à sa naissance n'était que de la
chair directement transformée.
Pour moi, le début est l'illustration d'une violence naturelle et légitime, voire nécessaire.
RépondreSupprimerTout ce que subit ce pauvre Croc-Blanc, auprès des hommes, est une violence cruelle et condamnable.
Ah oui, ça se tient comme interprétation. Le fait est qu'après un tel début, j'attends sans cesse le retour vers ce fameux Wild, même si ce n'est pas dans ce roman qu'il faut le chercher.
SupprimerOui, je suis d'accord, les débuts de vie de Croc Blanc sont scotchants, et même avant, la toute première poursuite. La nouvelle traduction est vraiment très bien, très dynamique.
RépondreSupprimerJ'avoue l'avoir lu en numérique, dans une vieille traduction.
SupprimerPas relu depuis bien longtemps. Mais ce que j'ai pu l'aimer, le lire et le relire quand j'étais gamine. C'est vrai que la vie dans le Grand Nord est dure pour les hommes comme pour les animaux.
RépondreSupprimerEt cette vie est magnifiquement décrite ici !
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