Fruttero et Lucentini, Ce qu’a vu le vent d’ouest, traduit de
l’italien par Gérard Hug, 1991.
Polar en Toscane.
Au début du roman, un enfant
disparaît, avant d’être très vite retrouvé. Puis nous découvrons le lieu de
l’action : une vaste propriété privée, rassemblant des villas dans une
pinède, au bord de la mer, en Toscane. Mais on est en hiver, à Noël, et ce
n’est pas la même ambiance. Un duo de comiques en quête d’inspiration, un
couple avec une épouse dépressive, des femmes qui tirent les tarots, un comte
amenant une jeune femme, etc. Une
furieuse tempête. Et trois disparitions. Mais cette fois, personne ne
réapparaît. L’enquête avance lentement, mais heureusement la police est aidée
par… « un pessimiste », c’est-à-dire un dépressif en voie de
guérison. Et les investigations se mêlent à la petite vie quotidienne de la
pinède : le jardinier est cocu, il y a une invasion de rats, un musicien
joue de l’orgue à la messe de Noël…
Avec un effort qui lui coûte de moins en moins, M. Monforti fait, mais sans mentir, ce que doit faire un conteur de chansons de geste : colorer, ou plutôt « maintenir élevée » la méduse pâle et avachie de la réalité.
J’ai d’abord apprécié cette
ouverture assez longue et lente qui permet de s’imprégner de l’ambiance des
lieux (et m’a évité de trop me mélanger entre les personnages). L’enquêteur
pessimiste est également une originalité (même si sa maladie ne ressemble pas à
la vraie dépression, mais bref). Il faut reconnaître que son penchant à
toujours envisager le pire et à tirer toutes les conséquences catastrophiques
du moindre détail lui permet d’échafauder des hypothèses tout à fait honnêtes.
Les considérations sur les tarots m’ont un peu perdue, mais font pleinement
partie de l’atmosphère.
Ce roman fait preuve d’un discret
sens de l’humour et de l’ironie qui met à distance un certain nombre
d’évocations. Les personnages originaux se succèdent ainsi, notamment un ermite
féru des philosophes cyniques grecs. Et comme c’est l’hiver, tout le monde
regarde Perry Mason à la télé.
Ce 26 décembre, jour de la
Saint-Étienne (premier martyr chrétien, lapidé à Jérusalem), restera longtemps
dans l’imaginaire collectif des Gualdanais concernés par l’entretien courant de
leurs villas. Bien que la journée fût à demi fériée, voilà en effet que se
présentent de très bonne heure au poste de garde le plombier Grechi, couramment
surnommé le Phénix, Temperani, exemplaire rarissime de forgeron, et
l’électricien Ciacci, alias le
Parjure.
Ceux qui les ont vus glisser
entre leurs doigts pendant des semaines ou des mois n’en croient pas leurs
yeux. « Alors, je vous attends pour ce satané lavabo ? »,
« Vous passerez chez moi pour l’antenne ? ».
Merci Ysabel pour la lecture.
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