Honoré de Balzac, Un début dans
la vie, 1842.
Les premiers mots de ce petit roman sont surprenants : « les
chemins de fer ». Balzac aurait-il changé d'époque ? Non, mais il commence
par nous parler de l'ère déjà lointaine des voitures à cheval. Entre Paris et
L'Île-Adam le service est assuré par un certain Pierrotin. Une bonne partie du
roman est constitué par le récit d'un de ces voyages où plusieurs personnes
choisissent l'incognito ou essaient de mystifier leurs compagnons. C'est très
plaisant pour le lecteur et le jeu des rebondissements est tout à fait réussi. Ce
tableau de la société contemporaine est cruel, satirique et assez drôle à lire.
Mais il s'agit d'un de nous raconter en réalité les débuts dans
la vie d'Oscar, l'un de ces voyageurs. Ces quelques heures seront décisives
pour lui et le reste de son existence restera marqué par ce voyage. À la fin du
roman, tout le monde remonte dans la voiture pour L'Île-Adam et on fait le
bilan des années écoulées.
Quelque fous que fussent ces jeunes gens, le grave homme d'État leur enviait leurs défauts, il aimait leur jactance, il admirait la vivacité de leurs plaisanteries.
Au-delà du début qui ressemble vraiment à une situation de théâtre,
le propos de Balzac est visiblement de réaliser une comédie de mœurs sur la
jeunesse. Il peint cruellement les conséquences des erreurs des jeunes gens qui
aspirent à une existence originale, aventureuse, poétique. Tous les aspirants
Rastignac n'ont décidément pas le talent nécessaire pour gravir les échelons de
l'échelle sociale.
Ce roman très ironique nous donne un tableau des trucs et coutumes
des voyages en voiture à cheval (une pensée pour Boule-de-Suif) et de cette
sociabilité provisoire particulière. Et nous croisons le
peintre Joseph Bridau jeune et l'argot des ateliers.
La fin est prodigieuse :
Oscar est un homme ordinaire, doux, sans prétention, modeste et se
tenant toujours, comme son gouvernement, dans un juste milieu. Il n'excite ni
l'envie ni le dédain. C'est enfin le bourgeois moderne.
La jeunesse romantique a pris cher !
Honoré de Balzac, Le Curé de Tours, 1832.
Cette nouvelle raconte
une minuscule histoire de rivalité
entre Birotteau, le curé de Tours (et frère de César Birotteau) plutôt bonhomme,
et l'un de ses collègues. Le prétexte est tout petit : la jouissance d'un
appartement, mais il s'agit là de ces crimes invisibles et légaux qui
trahissent les passions secrètes des hommes et des femmes du temps. Le tout est narré avec beaucoup d'ironie et de grandiloquence, Balzac mettant l'accent sur les
petits traits de personnalité de l'ensemble des personnages.
Bémol : Balzac
trouve quand même le moyen de dégommer les célibataires (nécessairement
égoïstes) et particulièrement les vieilles filles. Irrécupérable !
Pauvre homme ! il accomplissait précisément les vœux
secrets de sa terrible ennemie, dont les projets ne pouvaient être déjoués que
par une patience de moine ; mais, ne devinant rien, ne sachant point ses
propres affaires, il devait succomber comme un agneau, sous le premier coup du
boucher.
Bonjour Nathalie !
RépondreSupprimerJe crois bien n'avoir lu que deux livres de Balzac. Le lys et Les Chouans. Le lire ne me déplairait pas.
Biz
Tu en as lu deux qui sont très bons, c'est déjà une chance !
SupprimerBémols, oui, mais Balzac, on l'aime!!!
RépondreSupprimerC'est parce que je l'aime bien que je me permets de l'engueuler (surtout vu l'effet que ça produira...).
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