Henrik Ibsen, Une Maison de poupée, pièce de théâtre traduite du
norvégien par Prozor, 1879.
Une pièce très étonnante !
Nous sommes la veille de Noël
dans une maison bourgeoise, chez Torvald un brave banquier sérieux et Nora, une
alouette qui virevolte (mais ne vous fiez pas aux apparences). Mais nous
apprenons bien vite que Nora a un petit secret de rien, que peut-être elle
ferait mieux de le dire, ou pas. Les révélations s’enchaînent au milieu de
l’arbre de Noël et d’un bal masqué. Ces deux époux s’aiment en dépit des
difficultés – c’est du moins ce qu’ils affirment.
- L’étourneau est gentil, mais il lui faut tant d’argent. C’est incroyable ce qu’il en coûte à un homme de posséder un étourneau !
- Allons, comment peux-tu dire cela ? J’épargne vraiment autant que je peux.
- Oh ! pour cela oui. Autant que tu peux, mais tu ne peux pas du tout.
Qu’il est difficile de parler de
cette pièce. Le texte en est d’une très grande simplicité, presque banalité, ce
qui laisse certainement sa place à de grands jeux d’acteurs. On a vraiment
l’impression de se trouver dans une banale histoire bourgeoise, où l’un est un
peu trop ceci, l’autre un peu trop cela, avec l’amie d’enfance, le soupirant
fidèle, les enfants, la bonne, mais tout se détraque petit à petit jusqu’à…
hum, ce que vous verrez.
Le vrai sujet de la pièce est
bien le puritanisme et la position des femmes dans la société. Les personnages,
avec leurs défauts et qualités, sont pétris de principes moraux rigides,
soucieux de la réputation publique, travaillés par leur conscience et
l’obsession de la faute et de la tâche. La question du travail des femmes est
diversement évoquée, mais enfin, il est préférable qu’elles restent innocentes
et soumises. Nora est une gentille alouette, s’agitant dans une jolie maison de
poupée, mais qui aimerait bien finalement qu’on la prenne au sérieux, sous
peine de faire voler en éclat ce petit monde bien arrangé.
Zorn, Magda Geber, 1891, Mora. |
C’est un texte tout à fait saisissant.
Le spectateur est invité à se méfier de la droiture morale. La fin, réellement
bouleversante, réaffirme la croyance en l’amour, l’espoir que les miracles
existent, à la possibilité d’une vie plus… réelle.
Mais tu ne penses pas, toi, et tu ne parles comme l'homme qu'il me serait possible de suivre. (...) Écoute, Torvald ; en ce moment-là, il m'est apparu que j'avais vécu huit années dans cette maison avec un étranger et que j'avais eu trois enfants... Ah ! je ne peux même pas y penser ! J'ai envie de me déchirer moi-même en mille morceaux.
Lecture commune organisée par
Margotte. Lire le monde pour la Norvège.
j'en ai vu des adaptations très différentes au théâtre, elle fait toujours réfléchir!
RépondreSupprimerJamais vu, mais maintenant j'aimerais bien ! Elle finira bien par être montée ici.
SupprimerCet aspect caricatural que tu évoques avait gêné ma lecture, mais tu as raison sur sa dimension surprenante : remis dans son contexte, le propos en est avant-gardiste. Savais-tu que cette pièce est inscrite au "Registre international Mémoire du monde de l'Unesco" ?
RépondreSupprimerOui le début est franchement pénible, car c'est d'un niais ! Heureusement (si l'on peut dire) que la mécanique se détraque peu à peu.
SupprimerEt oui, j'ai aussi fait un tour sur la page wikipedia !
Quelle pièce ! je suis tombée totalement sous le charme de la prose d'Ibsen qui, mine de rien, dévoile tant de travers sociaux. Une perle !!! Merci pour ta participation (tu n'as pas été trop en retard finalement, moins que moi...).
RépondreSupprimerOui c’est une réussite. Je crois que ton défi nordique me sera très profitable.
SupprimerDécouverte aussi grâce au challenge nordique, cette lecture m'a surprise par sa modernité ! Et comme toi, maintenant, j'aimerai beaucoup la voir sur scène.
RépondreSupprimerPourvu que les théâtres nous entendent !
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