Éric Vuillard, L’Ordre du jour, 2017, Actes Sud.
Un petit livre pour raconter
l’Anschluss.
L’histoire est connue.
Qu’a voulu alors Vuillard ? Il met l’accent sur des individus, au moment
où ils sont amenés à effectuer des choix, et son attention porte sur des
civils : les grands industriels allemands qui ont financé le parti nazi et
qui ont été complices de l’Holocaustes, les dirigeants politiques de
l’Autriche, les populations civiles autrichiennes. Il met l’accent sur des
attitudes, une façon de monter l’escalier ou une phrase en apparence ordinaire.
Cette lecture m’a intéressée.
J’ai trouvé l’écriture à la fois habile et puissante. Toutefois, le récit,
puisqu’il ne s’agit pas d’un roman, m’a semblé peu motivé, peut-être parce
qu’il porte sur plusieurs lieux et sur une durée longue. 14 juillet me semble plus cohérent, plus fort, plus resserré.
J’avoue aussi l’avoir comparé à HHhH de Laurent Binet. À sa différence,
Vuillard ne s’excuse pas d’inventer visiblement telle réflexion ou telle pensée
d’un personnage historique – ça ne me gêne pas, mais raconte-t-il
l’histoire ? Écrit-il un roman ? J’ai eu l’impression que Vuillard
s’essayait à la recréation et à la mise en scène de moments bien documentés,
qu’il proposait des images à nos imaginations de lecteurs, en mettant sous nos
yeux les détails concrets d’un grand fait historique : des chars en panne
au bord de la route, un dîner protocolaire où il est question de tennis. Des
vignettes bien documentées et racontées d’une façon saisissante.
Tout de même, à la fin,
l’évocation terrible des suicidés de Vienne.
Nous pourrions ainsi nous
approcher tour à tour de chacun des vingt-quatre messieurs qui entrent dans le
palais, frôler l’évasement de leur col, le nœud coulant de leur cravate, nous
perdre un instant dans le grignotement de leurs moustaches, rêvasser entre les
rayures tigre de leur veston, plonger dans leurs yeux tristes, et là, tout au
fond de la fleur d’arnica jaune et piquante, nous trouverions la même petite
porte ; on tirerait sur le cordon de la sonnette, et l’on remonterait de
nouveau dans le temps où nous aurions droit à une même succession de manœuvres,
de beaux mariages, d’opérations douteuses – le récit monotone de leurs
exploits.
une leçon d'histoire magistrale, mais je suis restée sur ma faim. Très bien écrit mais cela n'apporte pas grand chose de nouveau
RépondreSupprimerOui je suis tout à fait d'accord.
Supprimerbonne idée cet Otto Dix!
RépondreSupprimerIl s'imposait !
SupprimerLes avis sont quand même assez partagés sur ce livre. Je l'ai réservé à la Médiathèque, moi qui lis peu de nouveautés.
RépondreSupprimerOui je pense que de nombreuses personnes sont déçues.
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