La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



vendredi 24 mai 2019

Le soir même, assez tard, sous les rayons glacés de la lune d’automne, leur voiture s’arrêtait devant la porte de la maison rouge.

Edith Wharton, L’Été, traduit de l’américain par Louis Gillet, parution originale 1917.

Dans un village paumé de Nouvelle-Angleterre, la belle Charity s’ennuie. Elle est née dans la Montagne, un lieu mystérieux et sauvage, a été recueillie par charité (on lui a donné un prénom qui ne lui permettra pas d’oublier) et vit avec son tuteur, Mr Royall, qu’elle déteste cordialement. Débarque un jour un jeune architecte et là… la suite ne vous étonnera pas.
Quoique.
L. Muntz-Lyall, Narcisse des bois, 1910, Ottawa.
Si le prétexte du récit, avec cet amour qui dure le temps d’un été, ne m’a pas vraiment intéressée (pas du tout même, j’ai joyeusement passé tout le milieu du livre), d’autres choses sont plus notables. Tout d’abord, le lien que Charity entretient avec son milieu d’origine. La Montagne n’a pas de nom propre et apparaît dans le lointain, avec une certaine beauté. Là-bas, les gens sont réputés y vivre dans la plus extrême misère sociale et humaine, seul le pasteur s’y rend de temps en temps. C’est un endroit que Charity ne connaît pas, qu’elle craint, méprise et fantasme tout à la fois. Est-ce de là qu’elle a hérité son tempérament qui, croit-elle, la rend différente des autres ? Et puis, il y a Mr Royall, un homme que l’on ne voit que par les yeux de la jeune fille, mais dont on ne saura finalement pas grand-chose, alors qu’il cache vraisemblablement des secrets. Son personnage évolue au fil du roman et le lecteur se rend compte que l’héroïne n’a peut-être pas été très clairvoyante à son sujet.
Le tout se passe dans un village très puritain. Il est sans cesse question, mais sans le dire, des jeunes filles tombées enceintes, qui cachent l’enfant, qui avortent, qui s’enfuient, qui sont contraintes à la prostitution, qui acceptent un mariage de convenance. Leurs prénoms viennent hanter régulièrement le roman, comme autant de points de comparaison pour Charity – mais il ne faut surtout pas le dire, bien sûr. Le récit d’une certaine nuit de noce est à cet égard particulièrement réussi. Le destin des jeunes femmes dans un tel monde semble être celui d’éternelles sacrifiées à la morale et aux désirs de la société et des hommes.
Donc, je n’ai pas vraiment aimé le roman, ce qui n’empêche pas qu’il présente de belles qualités. Je crois que l’écriture de Wharton a du mal à m’accrocher vraiment.

- Le fait est que ce n’est pas seulement… pas seulement à cause de votre éducation que je vous engage à aller à Nettleton. Il y a d’autres raisons… vous êtes trop jeune pour les comprendre… balbutia-t-elle.
- Oh, je les comprends très bien, interrompit Charity d’un ton brusque.
Miss Hatchard rougit ingénument jusque sous son bonnet de dentelle. Mais elle était visiblement soulagée de n’avoir pas à s’expliquer davantage.

Des autrices. Wharton sur le blog : Au temps de l'innocence et Ethan Frome.

4 commentaires:

Dominique a dit…

j'ai lu les romans et nouvelles de Wharton les plus connus mais il y en a encore quelques unes qui me restent à découvrir et l'été en fait partie
j'ai l'impression que tu n'accroches pas à l'écriture alors que moi je suis inconditionnelle ce petit roman devrait donc me plaire j'ai lu il y a quelques jours son tout premier roman assez mal ficelé mais il y a déjà les qualités de Wharton dedans : Libre et légère

nathalie a dit…

Elle a beaucoup écrit oui. Je regrette en effet d'avoir du mal à la lire, car je trouve ses sujets et son approche vraiment intéressants. Je vais tout de même persister, au moins pour mieux la connaître.

keisha a dit…

Il m'en reste à lire (et relire), on verra bien.

nathalie a dit…

Il me semble qu'elle te plaît plus qu'à moi, mais oui, il y a plein plein de titres !