Tatoueurs, tatoués
Aujourd’hui je vous invite à une exposition sur l’art du tatouage. Elle s’est tenue au Quai Branly pendant plusieurs mois, mais cet été elle a fait escale à Nice.
Elle présentait l’histoire du tatouage et ses différentes pratiques, ainsi que la création contemporaine au niveau mondial. C’était très intéressant (et puis elle était gratuite et c’était le prétexte idéal pour retourner à Nice) (on a toujours besoin de déguster une délicieuse glace à la noisette devant la Méditerranée).
Le tatouage est une pratique aussi vieille que l'humanité, puisque l'on sait qu'Ôtzi, l'homme des glaces, en portait plusieurs. Mais en Occident, elle est longtemps restée dans les marges, liée aux criminels, aux marins, aux barbares des contrées exotiques, etc.
L'exposition présentait quelques documents historiques.
À gauche, un livre de 1817 racontant l'histoire de Jean-Baptiste Cabri, dit Joseph Kabris, marin revenu entièrement tatoué d'un voyage dans les îles Marquises. Avec son portrait dans cette gravure sur bois.
À droite, une gravure italienne du 17e siècle (Amsterdam Tattoo Museum) montrant un tatoueur itinérant en train d'opérer sur un marin.
Il y avait plusieurs documents sur le tatouage comme phénomène de foire et sur les ateliers itinérants (la boutique du tatoueur étant une réalité assez récente). À gauche, photographie de Jacques Boyer, montrant un marin anglais (1899). À droite, deux malles de tatoueur itinérant, pour un sideshow américain (conservées au Amsterdam Tattoo Museum)
Photographie de Betty Broadbent qui exhibe ses 350 tatouages dans un sideshow. Et affiche réclame pour un sideshow américain : sur la toile de décor à l'arrière plan on voit des "sauvages" en train de tatouer un prisonnier blanc.
Des documents évoquaient évidemment l'utilisation du tatouage pour marquer les humains, de la Shoah à la Syrie d'aujourd'hui. L'usage religieux du tatouage était illustré par des photographies et surtout des vidéos, réalisées partout dans le monde. D'ailleurs ce tour du monde du tatouage était très intéressant, des Samoas aux gangs des États-Unis, rien ne semblait oublié.
Aux Marquises, avant l'arrivée des Occidentaux, les tatoueurs présentaient les motifs sur une étoffe d'écorce ou de bambou. L'engouement des européens pour les objets exotiques a suscité la fabrication de modèle de ce genre, en plâtre (ici 20e siècle, conservé au musée du quai Branly).
Aujourd'hui, on utilise le silicone ! L'exposition montrait plusieurs de ces modèles, qui servent aux tatoueurs à montrer leur savoir faire, sur un support respectant la forme et le relief du corps humain. Ici un motif de Filip Leu, daté de 2018 (conservé au musée du quai Branly).
Et puis il y avait diverses évocations, de tatoueurs et de tatouages.
Je n'y connais rien en tatouage. J'ai une cicatrice au milieu de la figure, mais je ne suis pas tatouée. Mais l'exposition était très intéressante et sans doute assez exhaustive. Et les photographies belles et impressionnantes. L’exposition Tatoueurs, tatoués est terminée, mais sa présentation sur le site internet de l’espace Lympia est très complète.
La semaine prochaine, début du tourisme en Île-de-France.
ADDENDUM DÉMÉNAGEMENT : Tous les livres sont encartonnés (34 cartons). Et pendant ce temps, le cuisiniste bosse.
Les cartons de livres : gare au dos! (c'est du vécu)
RépondreSupprimerSinon, belle expo , oui ce sont parfois des oeuvres d'art, mais je me demande comment ça vieillit tout ça, et que faire si on n'en veut plus? (je connais un homme qui a résolu le problème des initiales d'une ex en les choisissant comme initiales de ses deux enfants...)
Pour les cartons : je les laisse aux déménageurs et je ne soulève rien (embourgeoisement total).
SupprimerJe pense que le problème de vieillissement ne vient pas du tatouage, mais du support, si tu vois ce que je veux dire... Après il faut choisir des motifs intemporels, comme un dragon ou une sainte vierge.
un art tout à fait fascinant et qui longtemps s'est apparenté à la violence, et même parfois à la dépravation heureusement cela a évolué et aujourd'hui les tatoueurs sont vus comme des artistes dans le sens le plus plein des mots
RépondreSupprimerEn Occident oui. L'expo parlait aussi des tatouages religieux dans d'autres cultures que la nôtre et présentait le travail de plein de tatoueurs contemporains partout dans le monde, dans des styles très différents. C'était très riche.
Supprimeril y en a des très impressionnants!
RépondreSupprimerJe n'ai pas mis la photo mais dans l'expo on montrait un homme dont le corps était presque entièrement noir, avec les motifs laissés en blanc, c'était fou !
SupprimerJe n'aurais jamais pensé au tatouage comme sujet d'exposition, mais tout ça a l'air passionnant! Y compris ce que tu écris sur les techniques pour conserver. Moi, je crois que c'est l'aspect social qui m'intéresserait le plus, et le regard que porte une culture sur le rapport à la peau d'une autre culture.
RépondreSupprimer34 cartons! Ca doit sentir le vide chez toi, maintenant.
C'est un vrai sujet d'exposition, à la fois des siècles d'histoire et répandu sur tout le globe, avec des aspects religieux, sociaux, politiques, culturels, etc. Et esthétique bien sûr. C'était très intéressant.
SupprimerJ'admire le travail mais je ne peux pas m'empêcher de penser au mal que ça fait ! Il faudrait m'anesthésier pour me tatouer.
RépondreSupprimerSyl.
Cela fait partie du rituel !
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