Mathias Enard, Parle-leur de batailles, de rois et d’éléphants, 2010, Actes Sud.
En 1506, le sultan invite Michel-Ange à Constantinople pour construire un pont. Le grand artiste, en bisbille avec Jules II, s’y rend volontiers. Le roman raconte ce séjour, sur lequel on ne sait pas grand-chose, hormis un dessin de pont et deux lettres.
Un court roman, avec un peu d’orientalisme tiède, mais pas trop, soigneusement dosé – Enard est habile – et surtout la personnalité de Michel-Ange, artiste ténébreux, en proie à toutes sortes de tourments intérieurs, cherchant la beauté, notant, notant des listes de noms, fasciné par le monde qu’il découvre. Un petit roman qui a l’accent vrai.
Je retiens la merveille de Sainte-Sophie, l’église qu’a fait bâtir Justinien, devenue grande mosquée, avec la coupole qui flotte dans l’air et ses proportions magiques.
Quatre arches courtes flanquent un arc central à la courbure si douce qu’elle en est presque imperceptible ; elles reposent sur de forts piliers dont les avancées en triangle fendent les eaux comme des bastions. Appuyée sur une forteresse invisible dépassant à peine des flots, une passerelle majestueuse relie les deux rives dans la douceur, acceptant leurs différences. Deux mains posées majestueusement sur l’onde, deux doigts graciles qui se touchent.
Ricci, Scène de bataille, Venise, Galleria dell accademia
Un petit roman ciselé que j’ai eu grand plaisir à relire.
De Mathias Enard, j'ai aussi lu Le Banquet annuel de la confrérie des fossoyeurs.
De lui je n'ai lu que boussole https://enlisantenvoyageant.blogspot.com/2015/11/boussole.html
RépondreSupprimeret je me demande pourquoi je n'ai pas lu un autre titre de l'auteur!
Ah ce que tu dis de Boussole fait assez envie, j'avoue qu'à sa sortie je n'avais pas bien vu de quoi il s'agissait. Si je le croise, pourquoi pas.
Supprimerun écrivain que j'aime assez As tu vu qu'il anime une émission littéraire sur France Culture
RépondreSupprimerOui cela fait un ou deux ans je crois, et ça a l'air pas mal du tout.
SupprimerJ'ai abandonné "Boussole" en raison du trop d'érudition volontairement absconse et d'orientalisme idem. Je ne suis jamais retournée vers l'auteur depuis.
RépondreSupprimerJe vois ce que tu veux dire. Dans Parle-leur l'orientalisme est présent, même si je trouve que la thématique est bien traitée (du point de vue d'un artiste qui ne connaît rien aux Ottomans) et Le Banquet montre ce côté "trop". Ça ne m'a pas dérangée, au contraire, mais je comprends que cela puisse ne pas être le cas.
SupprimerUn grand souvenir de lecture. C'est le titre par lequel j'ai découvert l'auteur. Et je me souviens que " la confrérie... " m'attend ( encore un :))
RépondreSupprimerC'est très différent, et pas seulement en taille.
SupprimerJe l'ai lu à un moment où j'essayais de rattraper mon retard en littérature francaise contemporaine. Je sais que je l'avais bien aimé, mais quant à me souvenir ce qu'il y avait dedans...
RépondreSupprimerJ'avais entendu Enard parler de Zone et de Boussole, ce qui m'avait donné l'envie de les lire tous les deux, mais bien entendu c'est resté au stade d'envie.
Ce n’est pas un grand livre, rien d’étonnant à ce qu’on l’oublie en dépit de son charme. Et je n’ai pas lu ces deux autres titres.
Supprimer